La radicalisation de la campagne électorale de la droite française, qui empiète sur les plates-bandes de l'extrême droite, a-t-elle fini par réveiller les démons antisémites dans l'Hexagone ? Une troisième fusillade en trois jours en France, touchant cette fois-ci la communauté juive à travers l'assassinat d'un adulte et trois enfants dans un collège juif de Toulouse, pousse les deux favoris de l'élection présidentielle à s'impliquer pour exploiter l'événement à bon escient. La thèse du crime raciste n'est pas à écarter, d'autant plus que l'hypothèse d'un “loup solitaire” ayant frappé devant l'école de Toulouse, après avoir déjà tué trois soldats d'origine maghrébine se précise. Ceci étant, un professeur de religion de 30 ans, ses enfants de 3 et 6 ans, et la fille de 10 ans du directeur de l'établissement ont été tués par un tireur arrivé à moto ou à scooter, qui a ensuite pris la fuite. Outre les morts, la fusillade a fait un blessé grave, un adolescent de 17 ans, selon le procureur de la République de Toulouse, Michel Valet qui a affirmé que le tueur de Toulouse “a tiré sur tout ce qu'il y avait en face de lui, enfants et adultes, et des enfants ont été poursuivis à l'intérieur de l'école”. Il y a lieu de signaler que c'est la première fois depuis l'attentat de la rue des Rosiers à Paris, qui avait fait 6 morts en 1982 dans un restaurant bien connu du quartier juif de la capitale, que la France connaît ce genre d'attentats. Il va sans dire que cet événement dramatique a eu des effets sur la campagne électorale de la présidentielle française, qui a été interrompue par les deux principaux favoris. Candidat à sa propre succession, Nicolas Sarkozy et son principal adversaire, le socialiste François Hollande, se sont rendus tous les deux sur les lieux du drame. Selon les témoignages et les rapprochements effectués par les enquêteurs, cette attaque serait le troisième crime d'un homme opérant à scooter, après deux attaques visant des militaires à Toulouse et dans la ville voisine de Montauban, qui ont fait trois morts, trois soldats d'origine maghrébine, et un blessé grave qui est un Noir. Le tueur de Toulouse était muni de 2 armes, dont une de même calibre (11,43) que celle qui a servi à abattre les militaires, selon des sources policières. Le président Sarkozy et le ministre de l'Intérieur Claude Guéant ont évoqué des “similitudes” entre ces affaires. L'homme arrivé en moto, a utilisé une arme, sans doute du 9 mm, à l'extérieur du collège. Il a tiré sur un homme, puis son arme s'est enrayée. Il est alors entré dans l'établissement, où il a eu recours à une autre arme, de calibre 11,43 cette fois, et a tiré sur des enfants, ont affirmé des sources policière et judiciaire. C'est en tout début de matinée que le drame s'est produit à proximité du collège Ozar Hatorah. Depuis la fin de la semaine dernière, la police redoutait une nouvelle attaque du mystérieux tireur, devenu l'homme le plus recherché de France, qui opère à scooter et n'hésite pas à tirer en plein jour dans des lieux très fréquentés. Les trois militaires avaient été abattus par le tueur au scooter, à Toulouse, dimanche 11 mars (un mort), puis à Montauban jeudi (deux morts). Un quatrième parachutiste, du 7e régiment de génie parachutiste, est toujours hospitalisé, entre la vie et la mort. Le ministère de l'Intérieur a immédiatement ordonné un “renforcement de la surveillance” autour des écoles juives du pays, puis autour de tous les lieux confessionnels. Et c'est désormais le parquet antiterroriste de Paris qui dirige les enquêtes ouvertes, après les fusillades contre l'école juive et contre des militaires à Toulouse et Montauban. à noter que la communauté juive de France est la première en Europe, avec plus de 500 000 membres. M T. / Agences