Ambitionner la publication d�une �tude historique, voire une monographie d�taill�e de la ville de Bordj-Mena�el et sa r�gion... L�id�e est g�n�reuse. A condition toutefois de construire son ouvrage selon les normes et techniques propres au chercheur. A la base, ce genre de travail n�cessite une fructueuse collecte des donn�es qu�il faudrait ensuite soumettre � un traitement le plus objectif possible. Cela veut dire une exploitation intelligente de ses sources d�information, notamment pour ce qui concerne le volet lexical et la toponymie, ou encore la production monographique coloniale qui, bien souvent, est sujette � manipulation. Malheureusement, Kouider Djouab a p�ch� par amateurisme et n�a pas su �viter le pi�ge. Pourtant, au d�part d�j�, il reconna�t dans son liminaire qu�il n�a eu � disposition que le �peu d�archives �parpill�es�. Premier handicap (et de taille) donc. A la lecture du livre, on se rend compte que les archives en question sont, en grande partie, du domaine de l�histoire de la localit� telle qu��crite par le colonialisme. Le r�sultat : un ouvrage confus aussi bien dans la forme que dans le contenu. L�histoire d�une ville depuis la lointaine Antiquit� se r�v�le une compilation de documents et archives de la p�riode coloniale, dont des rapports monographiques et autres correspondances officielles. Quant � Armand Vir�, un arch�ologue qui avait s�journ� dans la r�gion en 1894, ses notes et �crits sont int�gralement repris par l�auteur. Pareille concoction reste, de ce fait, �loign�e de tout esprit critique. A la d�charge de Kouider Djouab, il n�est pas un historien de m�tier ni un chercheur rompu � ce genre d�exercice. Cela se r�percute d�ailleurs dans la mise en forme du livre et dans l�absence de visibilit�. Il n�y a l� aucune structuration (agencement par chapitres et d�riv�s, table des mati�res, bibliographie...). Les redondances, coquilles, fautes de frappe � la saisie sont �galement l�gion. Pour dire que le travail d�accompagnement �ditorial a �t� compl�tement n�glig� (on s�en rend compte d�s la premi�re page de couverture). Le manque de rigueur, de m�thode et de p�dagogie est d�autant plus regrettable que l�initiative de l�auteur reste louable � plus d�un titre. Ceci d�autant plus que l�on d�couvre, malgr� toutes ces lacunes, le riche pass� de Bordj-Mena�el et de sa r�gion habit�e depuis la Pr�histoire (cf les travaux d�Arnand Vir�). Ainsi, �durant l��poque romaine, la ville portait le nom Vasara en reconnaissance � l�ancien Hippodium romain. La colonisation fran�aise a agrandi la ville en 1863, qui fut d�truite pendant l�insurrection de 1871 puis fut reconstruite la m�me ann�e et �largie en 1872...�. Le lecteur est invit� � d�couvrir �galement l�histoire des Issers Laroch, une grande famille de la r�gion. Bordj-Mena�el, porte d�entr�e vers la Grande-Kabylie, ��tait r�put� pour avoir �t� un centre artisanal pour l�activit� des mar�chaux-ferrants et d�un relais routier�. Quant � la toponymie du lieu, ce fort que les Turcs avaient am�nag� et dont les vestiges existent toujours, l�auteur semble privil�gier le sens �tymologique de �fort bleut� au d�triment de �fort de la vierge Na�l� ou de �tour des cavaliers� (iminayen en berb�re). Aujourd�hui, regrette Kouider Djouab, �le visiteur est incapable d�imaginer en voyant le dispensaire actuel, que celui-ci ait �t� un centre de garnison turque. Aucun vestige ne subsiste si ce n�est dans la m�moire des anciens de la ville�. Dans le Bordj- Mena�el d�aujourd�hui, �la vue est d�solante, accentu�e par le s�isme du 21 mai 2003�. Un constat � combien triste pour les nostalgiques de la vivante et belle cit� d�antan. Kouider Djouab nous donne, en tout cas, une multitude d�informations. Certes, elles sont parfois livr�es en vrac et � l��tat brut, mais elles regorgent de pr�cieuses indications pour mieux conna�tre l�histoire de la ville. Car, et il le dit si bien, �sans le pass�, le pr�sent n�est qu�une coquille vide et sans avenir�. Le mieux qui lui reste � faire, s�il a le temps et les moyens, c�est de �retravailler � ce livre avec plus de professionnalisme, l�enrichir tout en l��laguant de ce qui est superflu. Le sujet m�rite cet effort, il fera assur�ment des �mules. Au grand bonheur des lecteurs qui aiment la belle ouvrage. Hocine T. Kouider Djouab, Bordj- Mena�el, une ville, une histoire, �ditions Dar El-Awtane, Alger 2011, 322 pages.