Par Kader Bakou La veille de la finale de la coupe d�Alg�rie, les t�l�spectateurs alg�riens ont vu un jeune supporter de l�Entente dire : �Nous allons boire l�eau de A�n El-Fouara dans cette coupe que nous allons remporter !� On ne peut imaginer la c�l�bration d�un �v�nement ou un reportage � S�tif, sans l�in�vitable fontaine de A�n El-Fouara. Appel� � l��poque �la Fontaine monumentale�, ce symbole de la ville a �t� inaugur� en 1899. A l�origine, c��tait une simple fontaine autour d�une source, b�tie par le g�nie lors de l�occupation de S�tif. Le conseiller municipal Bastide, durant la s�ance du conseil municipal du 4 juin 1894, souleva la question de sa reconstruction en faisant remarquer que la fontaine de la �Place nationale� menace de tomber. Le maire Aubry et la majorit� des membres du conseil sont d�accord mais optent pour l'attente de nouveaux fonds qui permettraient �de la d�molir et de la reconstruire compl�tement �. Ce projet tenait � c�ur au maire qui, lors d�un voyage � Paris en 1896, rencontra le directeur des Beaux-Arts et lui demanda de lui faire don d�une statue pour d�corer la future fontaine de la place nationale. La statue en marbre sera pr�te dans le courant du premier semestre de l�ann�e 1898, et le maire re�oit du directeur des Beaux-Arts de Paris une lettre (dat�e du 3 f�vrier 1898), dans laquelle est �crit : �M. de Saint-Vidal pense avoir termin� son �uvre pour le prochain Salon o� il d�sirerait qu�elle figur�t ; elle serait d�s la cl�ture du Salon (soit au commencement de juillet prochain) exp�di�e � S�tif.� Le socle et tout l�environnement architectural a �t� con�u par un architecte �local�, Eldin, qui construisait alors le Th��tre de S�tif. L�entrepreneur Francione �tait charg� des travaux du socle et de la mise en place de la statue. Selon une autre version, la statue sculpt�e par l�artiste fran�ais Francis de Saint Vidal �tait expos�e au mus�e du Louvre, quand le gouverneur militaire de S�tif tomba en extase devant elle et demanda au sculpteur de l�offrir � S�tif pour en faire une fontaine monumentale. La belle statue partit en juillet 1898 de Paris vers Marseille puis embarqua � bord d�un bateau vers Philippeville (Skikda). Elle fut re�ue au port, en grande pompe et fanfare, par de nombreux notables de S�tif. De Philippeville, elle fut transport�e jusqu�� S�tif. Une foule �tait l� pour l�attendre. La curiosit� se le disputait � l�admiration, elle venait de captiver le c�ur des S�tifiens toutes communaut�s confondues. Plusieurs artisans de renom seront sollicit�s pour parachever l��uvre de Saint Vidal et dresser la statue et son pi�destal sur une fontaine quadriforme, dont chaque bouche se trouve en face d�un point cardinal. Cette statue de marbre repr�sente une femme nue aux formes d�licates et harmonieuses, assise sur une pierre. Selon une l�gende, la jeune femme qui a servi de mod�le au sculpteur �tait une Fran�aise de S�tif. Par une journ�e glaciale de fin d�automne, les passants remarquent d��paisses volutes de vapeur monter de la fontaine, sous l�effet du froid intense. Les S�tifiens �autochtones� font remarquer : �Fouara, fouara !� (elle fait de la vapeur). Ce surnom s�imposera. En avril 1997, � moins d�une ann�e du centenaire de la statue, le centre de S�tif fut secou� par une forte d�flagration. A�n Fouara avait �t� dynamit�e. Les S�tifiens d�couvrirent avec douleur que cette f�e qui faisait partie de leur patrimoine avait �t� d�chiquet�e. Mais, gr�ce aux �l�ves de l�Ecole des beaux-arts, la statue fut restaur�e et c�est � peine si quelques l�g�res �cicatrices� sont visibles. A�n El- Fouara, chant�e par les artistes, fait de l�ombre aux autres fontaines de S�tif comme A�n Boua�roura, A�n M�zabi, A�n Mauro ou A�n El-Ghassoula fr�quent�e jadis par les lavandi�res. Certaines ont disparu. A�n El-Fouara aujourd�hui n�est concurrenc�e que par A�n Droudj dont on dit que l�eau est de meilleure qualit�, bien que ce pr�cieux liquide, dans les deux fontaines, provient d�anciens bains romains. Si Constantine est la ville des ponts, S�tif est certainement la ville des sources. K. B.