C�est un Ahmed Ouyahia tr�s d�tendu qui a anim�, hier samedi, au si�ge de son parti, le Rassemblement national d�mocratique, � Ben Aknoun (Alger), une conf�rence de presse o� il s�exprimera davantage comme Premier ministre que comme secr�taire g�n�ral du parti. Le ton du discours ne comportait pas, en tout cas, le moindre signe d�une proche fin de mission. Kamel Amarni Alger (Le soir) - Pourquoi n�a-t-il pas d�pos� sa d�mission au lendemain des �lections l�gislatives du 10 mai ? �Il y a un ordre r�publicain dans le pays. La Constitution est claire : c�est le pr�sident de la R�publique qui d�cide.� Autrement dit, Bouteflika n�a pas demand� � Ouyahia de d�poser sa d�mission. En attendant, �tous les secteurs (de l�ex�cutif ndlr) travaillent normalement�. Plusieurs fois chef du gouvernement, Ouyahia fera m�me cette remarque : �Je vous rappelle juste que cela �tait d�j� arriv� de changer d��quipe gouvernementale sans pour autant pr�senter de programme devant le Parlement.� Les questions autour de l�avenir du gouvernement et celui de son premier responsable sont revenues r�guli�rement au cours de la longue conf�rence de presse. Imperturbable, Ouyahia s�en sort � chaque fois avec une formule ou une autre. �Si vous pensez que le Premier minist�re est un paradis, je vous invite � lire L�enfer de Matignon(un remarquable ouvrage qui recueille les t�moignages de douze premiers ministres fran�ais ndlr). A une autre question de savoir si Ouyahia ne court pas le risque d��tre victime, lors de la constitution du gouvernement de cette r�gle non �crite des �quilibres r�gionaux, il aura cette r�plique : �Vous savez, moi qui aime le football, je me souviens que dans ma jeunesse, 80% des joueurs de l��quipe nationale venaient d�une seule �quipe qui n�est pas loin de mon quartier, le CRB ! Cela n�a pas emp�ch� l�EN de nous procurer tant de joie !� L�homme, qui ne parle jamais �spontan�ment�, aura certainement �t� rassur� quant � son avenir au Palais du gouvernement. Pour preuve, cette autre r�ponse � la question consistant � savoir quel commentaire fait-il sur une d�claration de Belkhadem, pas tr�s amicale � son encontre du reste. �De gr�ce, ne me faites pas engager dans un match qui n�est tout simplement pas programm�.� En d�autres circonstances, le patron du RND n�aurait certainement pas �pargn� son homologue du FLN� �Je sais que Ouyahia d�range, mais c�est comme cela !� L�actuel patron de l�Ex�cutif assume et confirme m�me sa r�putation : �Oui, je sais que Ouyahia d�range, mais c�est comme cela !� De nombreuses questions fusent aussit�t. Il d�rangerait qui ? A quel niveau ? Quel clan ou segment du pouvoir, etc. �Je d�range tous ceux qui savent que, dans ma gestion, je ne suis pas un homme de compromis ou un homme d�image.� Pas de r�ponses pr�cises mais bien des indications, par contre. Longuement, Ouyahia se d�solera du monopole de �l��conomie des conteneurs�. �Ce qui me laisse dubitatif, c�est cette guerre que certains ne cessent de d�clarer, je ne sais pour quelle raison, contre la r�gle des 51% 49% que nous avons institu�e pour prot�ger notre �conomie nationale (�) En passant � c�t� du port d�Alger, on se rend compte de l�ampleur de l�invasion du container ! Des containers non pas d�stin�s pour l�exportation, mais toujours pour l�importation ! Nous avons fini par avoir un Douba� � Alger, un Douba� � El Eulma et des Douba� � travers tout le pays.� Ouyahia tire la sonnette d�alarme : �Si, aujourd�hui, nous b�n�ficions d�une certaine aisance financi�re, c�est gr�ce � Hassi Messaoud, Hassi R�mel et Hassi Berkine. Mais si nous n�y prenons pas garde, m�me l�argent de notre p�trole finira par �tre transf�r� par ces lobbies des containers vers Paris, Shanghai et autres. J�ai cit� Douba�. Eux ( les �miratis ) au moins ils ont su utiliser l�argent de leur p�trole pour investir dans le secteur des services.� En d�autres termes, et quand c�est Ouyahia qui le dit, il y a lieu de s�attendre � une prochaine rigueur en la mati�re. Probablement, d�s la nouvelle loi de finances pour 2013. Il faut rappeler, en effet, que le pouvoir avait subitement recul�, sur ce terrain-l�, sous la pression du d�luge qui s�abattait sur le monde arabe, au tout d�but de l�ann�e 2011. Pour faire face � l�urgence du moment, Bouteflika avait gel� toutes les mesures pr�conisant plus de rigueur dans la gestion de l��conomie nationale que contenait la loi de finances pour 2011. En plus du lancement d�un programme gigantesque et g�n�reux, d�s mars 2011 pour �contenter� toutes les contestations sociales ou du monde du travail. �La paix sociale n�a pas de prix�, expliquait d�ailleurs Ouyahia. Mais, depuis, les pressions, internationales notamment, se sont consid�rablement att�nu�es sur le pouvoir alg�rien. Le p�ril islamiste qui menace la Tunisie et l�Egypte, la situation de la Libye et du Mali sont autant de facteurs qui ont sensiblement chang� la donne�