Les députés de l'opposition ne sont guère convaincus par les réponses du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, livrées à l'Assemblée nationale populaire (APN), car il a échoué dans sa politique économique. C'est ce qui ressort des différentes déclarations des députés de l'opposition issus du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et les dissidents de ce parti. Les députés de l'opposition parlent d'absence de stratégie et de plan de développement de l'économie nationale chez Ouyahia. Ils remettent en cause la démarche du gouvernement dans sa lutte contre la corruption et l'absence de transparence sur ce volet où ils lient ce fléau aux affaires de Djezzy en instance d'achat par l'Etat algérien, du métro d'Alger qui devrait être opérationnel en 2011, de l'autoroute Est-Ouest dont l'aménagement en station service Natftal aura lieu en 2012, et autres marchés publics sans les citer. Ils déplorent la dépendance de l'économie nationale des hydrocarbures. A ce propos, ils considèrent que le gouvernement actuel et ceux qui l'ont précédé n'ont aucune stratégie pour réduire cette dépendance du pétrole pour s'investir dans d'autres créneaux et secteurs porteurs et à fortes potentialités, tels que le tourisme, l'agriculture et les énergies renouvelables. Pas de réponse sur la stratégie de développement d'Ouyahia Ali Brahimi, député dissident du RCD, déclare que «sur le programme de politique générale du gouvernement, il existe d'abord un problème de méthodologie dans les réponses du Premier ministre. Il y a des questions d'ordre macroéconomique et des questions nationales et à l'opposé des questions de microéconomiques et locales. Globalement, ce qu'on peut recueillir de la réponse de M. Ouyahia, c'est qu'il préfère répondre à des questions microéconomiques et à caractère local. Il s'est défaussé sur les questions nationales et macroéconomique, car elles sont éminemment politiques». Il relèvera qu'«il n'a pas répondu à une question centrale qui est celle de la stratégie économique de développement. Cette question se pose en des termes relativement simples» puisque «nous sommes une économie qui dépend du pétrole à 99% et qui souffre d'une dépendance alimentaire très grave». Ce député s'interroge : «Comment mettre fin à la dépendance vis-à-vis du pétrole ? Comment assurer l'indépendance alimentaire du pays ? Par quoi remplacer le pétrole ?» Et répondra : «Le tourisme est le secteur qui devra remplacer cette ressource. Ce secteur est exposé à deux problématiques : l'absence de la culture du tourisme et le sécuritaire. Cette dernière est très élastique puisque le ministre de l'Intérieur appelle à réarmer les populations contre le terrorisme, alors qu'il était résiduel. Ce qui veut dire que l'Algérie est dans l'incapacité de développer le seul secteur potentiellement apte à remplacer le pétrole.» L'autre secteur est celui de l'agriculture, même si notre pays n'est pas tout à fait agricole, on peut tout de même espérer que l'argent du pétrole permettra d'amorcer de grandes fermes agricoles hautement mécanisées avec une hydraulique», propose-t-il pour démontrer «l'incapacité» du gouvernement. RCD : Les aveux d'Ouyahia Maître Hakim Saheb, député RCD pense «qu'il n'y a aucun Algérien satisfait ou convaincu des réponses de M. Ouyahia. Pour l'essentiel, il a fait preuve d'une arrogance et d'un cynisme à toute épreuve jamais vu jusqu'ici dans la gouvernance nationale. Il veut se convaincre qu'il a un plan de développement, alors qu'il n'a aucun programme». Pour ce député, «il (Ouyahia) a joué sur des chiffres en éludant des questions qui appelaient à des réponses politiques, notamment en matière de lutte contre la corruption et l'absence d'une vision stratégique claire. Les chiffres avancés dans sa déclaration sont contradictoires et approximatifs» reprenant la contradiction sur l'inflation, entre le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque d'Algérie dont la réponse ne convainc personne, selon lui, tout en expliquant comment. Le gouvernement gouverne mal, de son avis. Il argumente par un indicateur révélateur qui est le surcoût des projets qu'il voit comme étant un aveu d'échec, car «sa (Ouyahia) réponse, à ce sujet, a surpris tout le monde. Elle a été d'une platitude et révèle à elle seule l'incapacité du gouvernement actuel. Elle renseigne sur l'absence de visibilité, de transparence et de rigueur dans la gestion des affaires publics». Pour lui, en citant le cas de Bouygues, Ouyahia fait son aveu d'échec. La question des surcoûts en raison des retards d'exécution de nombreux projets «encourage la corruption». Pour ce député, du parti d'opposition, «gouverner c'est prévoir» et «tant qu'il y a la rente les clans, au sein du régime, continueront à s'unir mais malheureusement contre l'Algérie de demain».Enfin, les autres partis de l'Alliance (RND, parti d'Ouyahia, le FLN et le HMS) ou soutenant la politique générale économique du Premier ministre comme le Parti des travailleurs (PT), certains députés relèvent des insuffisances dans le programme du gouvernement, mais rejoignent en partie l'opposition sur les dossiers de corruption.