[email protected] �Que diriez-vous de d�couvrir les montagnes du massif du Djurdjura, de bivouaquer dans la prairie d�Aswel et surtout de fuir la chaleur de la ville ?� C�est ainsi que s�est adress� Kheulfa, un f�ru de la montagne, � ses amis. Une proposition all�chante que le groupe n�a pas h�sit� une seconde � accepter. Sac � dos, tentes, sac de couchage, chaussures de randonn�e, tout a �t� embarqu� dans les voitures direction les murailles rocheuses du Djurdjura. Alors qu�ils avaient quitt� Alger o� la temp�rature avoisinait les 35 degr�s, la nature les a accueillis avec beaucoup de fra�cheur, le mercure affichait 6 degr�s en soir�e. Apr�s une marche � travers une longue et �troite prairie d�altitude o� un brouillard les a envelopp�s, c�est sur un terrain accident�, des roches coupantes, des crevasses et un relief calcaire que nos randonneurs, guid�s par le chef de troupe, continuent leur p�riple. Il est alors 11h, pourtant, la veille, un bulletin m�t�o sp�cial a �t� �mis par M�t�o Alg�rie, annon�ant des orages et une baisse de la temp�rature, mais cela n�a pas dissuad� notre �sp�cialiste� de la montagne qui a vite fait de rassurer ses amis : - Ne craignez rien, la montagne je la connais comme ma poche, suivez-moi. C��tait sans compter sur l�immensit� de la majestueuse. La nuit commence � tomber, mais Kheulfa s�obstine � continuer sa travers�e en passant par des sentiers dangereux (barres rocheuses) qu�il n�a jamais foul�es, d�marrant de la face sud, voulant effectuer une boucle pour aboutir � la face nord. Il avait tout faux. La nuit tomb�e, Il avait perdu tous ses rep�res, �voluant � l�aveuglette. Il a compris alors que la montagne ne lui avait pas livr� tous ses secrets, mais il ne pouvait ni le montrer, encore moins l�avouer � ses cinq compairs, dont une fille, �blouis par leur d�couverte. Faisant bonne figure face aux visages apeur�s de ses compagnons, il les rassura en leur proposant d�interrompre leur marche et de dormir, car la fatigue se faisait ressentir, en attendant que le soleil se l�ve et reprendre leur chemin. Ils se sont assis � m�me le sol, recroquevill�s, sans couverture en s�abritant entre les rochers. Le froid glacial de la nuit, � 1700 m d�altitude, ne les laissera pas fermer l��il. Kheurfa n�a pas pris les couvertures de survie. Il s�en mordra les doigts : �Et dire que je les ai �t�es de mon sac, me disant que l�on n�en aura pas besoin.� Deuxi�me imprudence : ne jamais sous-estimer la montagne. C�est comme la mer ; l�on se rend compte qu�on est un petit grain de poussi�re face � sa force. Constatant que leur retour avait trop tard�, leurs amis alert�rent la Protection civile de Tikijda. Contact�, Kheulfa indiquera sa position, mais il prouvera une fois de plus qu�il ne connaissait pas la montagne. Il orientera les secours vers une montagne situ�e � l�oppos� du lieu o� ils se trouvaient. En fait, c�est tout une montagne qui les s�parait de leur abri. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Parlant de son t�l�phone portable, il dira : �Je vois les lumi�res de la ville de Tizi-Ouzou en face de moi, et la montagne me donne le dos.� Une phrase qui deviendra l�gendaire et fera sourire les plus exp�riment�s. Les secouristes feront appel � leur tour aux hommes de terrain : randonneurs, escaladeurs et sp�l�ologues qui connaissent la r�gion et qu�ils tireront de leur sommeil � 4h du matin alors qu�ils campaient dans une prairie de la r�gion, pour les accompagner dans leurs recherches. Rod�s pour ce genre d�op�ration, ils se scinderont vite en deux groupes, et ceintureront la montagne. Malheureusement, leurs recherches s�av�reront vaines car l�indication de Kheurfa �tait fausse. Quant � notre groupe, apr�s une nuit blanche froide et plut�t angoissante, il retrouvera son chemin au petit matin. Kheurfa, lui, ne reconna�tra pas son erreur et continuera � bomber le torse devant ses novices, ne r�alisant pas que son erreur aurait pu leur �tre fatale. Moralit� : ne jamais sous-estimer la nature.