Par Ali El Hadj Tahar Froiss�s par le soutien alg�rien � la Libye, le refus de soutenir les rebelles en Tunisie, en �gypte et surtout en Syrie, les Qataris boudent notre pays entre l��t� 2011 et l�hiver 2012. En tout cas ils ne s�y manifestent plus. Fid�le � sa politique de non-ing�rence dans les affaires internes des Etats et des pays, l�Alg�rie s�est oppos�e � l�exclusion de la Syrie de l�Unesco et de la Ligue arabe. Ce refus de s�aligner sur Doha aurait suscit� l�ire du Premier ministre et ministre des AE qatari qui, selon le journal saoudien Al Watan, aurait m�me menac� son homologue alg�rien que le tour de notre pays n�allait pas tarder. D�ailleurs, l�ing�rence �trang�re �tait le th�me essentiel des discours du FLN et du RND lors de la campagne �lectorale pendant les derni�res l�gislatives alg�riennes. Ensuite survient, comme par hasard, le probl�me malien ! Une partie des stocks restant des armes allou�es par l�OTAN au libyen Belhadj et ses terroristes d�ferlent vers l�Azawad. Le Mali est alors coup� en deux, sept diplomates alg�riens sont kidnapp�s, des ambulances qataries sont aper�ues dans le d�sert � on sait que le sigle du Croissant- Rouge sur un v�hicule qatari signifie qu�il s�agit de ses services de renseignements � et la menace qui p�se sur l�Alg�rie devient de plus en plus pr�cise. D�une pierre, le Qatar fait plusieurs coups. Il abat Kadhafi, puis vise le Mali tout en ciblant l�Alg�rie et la Mauritanie, ses deux pires ennemis. L�Alg�rie, pour l�ant�c�dent libyen, pour son refus � une op�ration arm�e contre la Syrie, son exclusion de la Ligue arabe et le maintien de l�ambassadeur syrien � Alger. Le grief contre la Mauritanie est plus personnel, car en janvier 2012, le pr�sident Mohamed Oueld Abd Al Aziz avait carr�ment humili� Hamad en lui disant de ne pas s�ing�rer dans les affaires de son pays, contraignant l��mir ind�licat � quitter le pays sans m�me �tre accompagn� ne serait-ce que par un sous-secr�taire de la pr�sidence du pays h�te. Pourtant, au lieu de sortir ses griffes, Alger a pr�f�r� offrir l�autre joue, en cherchant � amadouer un pays qui monte davantage sur ses ergots lorsqu�il remarque une faiblesse chez sa proie. Pour l�Alg�rie, les changements des pouvoirs politiques en Syrie ou ailleurs ne doivent pas �tre dict�s de l�ext�rieur mais �maner du peuple en toute souverainet�. D�o� son appel constant au dialogue et � la r�conciliation nationale en Syrie, ce que les autorit�s syriennes demandent d�ailleurs depuis le d�but de la crise alors que les Etats-Unis et leurs alli�s arabes, surtout qataris, veulent faire �chouer en demandant � �l�opposition� compos�e majoritairement de djihadistes de ne pas d�poser les armes et en leur en fournissant ! D�ailleurs, le Conseil national syrien est essentiellement compos� d�islamistes et son premier pr�sident �tait Burhan Ghalioun, le conseiller politique d�Abassi Madani ! La nouvelle situation au Mali complique la donne maghr�bine, surtout avec des terros r�dant dans le d�sert. Le 3 avril 2012, le g�n�ral-major qatari, Hamad Bin Ali Attiya, d�barque � Alger. L�Alg�rie n�est pas au bout de ses peines, car des 4x4 qataris frapp�s du Croissant- Rouge qatari ont �t� vus au Mali, r�v�lera plus tard le Canard Encha�n�du 6 juin 2012, pr�cisant que Doha finan�ait les groupes arm�s qui ont pris le contr�le du nord du Mali, en se basant sur une information de la Direction du renseignement militaire (DRM) fran�aise indiquant que �les insurg�s du MNLA (ind�pendantistes et la�cs), les mouvements Ansar Dine, Aqmi (Al-Qa�da au Maghreb islamique) et Mujao (djihad en Afrique de l�Ouest) ont re�u une aide en dollars du Qatar�. Parmi les groupes ayant re�u l�aide qatarie figure donc le Mujao qui a kidnapp� sept diplomates alg�riens le 5 avril dernier. Cette information conforte une autre, pr�alablement donn�e par le m�me hebdomadaire dans son �dition du 26 mars dernier o� il est pr�cis� que les responsables fran�ais, au premier rang desquels le ministre de la D�fense, n'ignorent rien de l�affaire et que la Direction g�n�rale de la s�curit� ext�rieure (DGSE) aurait transmis, quant � elle, plusieurs notes � ce sujet � la pr�sidence de la R�publique fran�aise, apparemment donc bien avant la prise du nord du Mali. Cette information s�ajoute � celle donn�e par l�ancien ambassadeur tunisien � l�Unesco, Mezri Haddad, qui a r�v�l� au journal arabophone alg�rien El Khabar que le Qatar �uvrerait � la d�stabilisation de l�Alg�rie. Mezri Haddad, auteur d�un livre intitul� La face cach�e de la r�volution tunisienne : islamisme et Occident, une alliance � haut risque ajoute qu�il d�tiendrait des informations selon lesquelles le Qatar �concentre ses efforts de d�stabilisation actuellement sur l�Alg�rie�, notamment pour sa position sur la question syrienne. Complots et projets communs En outre, selon le quotidien alg�rien, des partis islamistes alg�riens auraient per�u de l�argent du Qatar et de la Turquie, selon une source au Qatar. Ce genre d�informations atteste d�une vell�it� d�ing�rence clairement affich�e par le trublion. La d�stabilisation comme action et les brochettes de m�morandums comme leurres� Selon Eric Den�c�, docteur �s sciences politiques et directeur du Centre fran�ais de recherches sur le renseignement (CF2R), le Qatar tient � placer les salafistes extr�mistes au pouvoir en Alg�rie et dans les autres pays arabes, tandis que l'Arabie Saoudite est d�termin�e � placer les wahhabites � la t�te de ces Etats. �Ils veulent imposer � l'Alg�rie le sort r�serv� � la Libye, l'�gypte et la Tunisie. Pour eux, le pays est coupable de ne pas avoir accept� de sombrer dans le �printemps arabe� qui vise � remettre le pouvoir aux islamistes�, a-t-il dit au quotidien alg�rien Le Temps d'Alg�riedu 13 juin 2012, ajoutant : �J'ai �t� frapp� par des propos tenus par des diplomates du Golfe et des Etats-Unis. Ces diplomates que j'ai rencontr�s m'ont exprim� leur d�ception du fait que l'Alg�rie n'ait pas chut� lors des �lections l�gislatives du 10 mai 2012 et au cours des �meutes du 5 janvier 2011. C'est tr�s curieux et terrible. Ils sont d��us et ils me l'ont dit le plus normalement du monde. Tout ce monde veut faire parvenir co�te que co�te les islamistes au pouvoir dans les pays arabes. On constate �a dans la presse anglo-saxonne et wahhabite.� Puis revoil� les Qataris � Alger en juillet 2012. Apparemment, il y a urgence pour Doha : cette fois-ci, c�est le ministre de l�Economie et des Finances, Youcef Husse�n Kamel, qui nous vient avec une autre brochette de projets, inscrits dans un nouveau m�morandum d�accords comprenant la cr�ation d�une usine de sid�rurgie � Bellara (Jijel) et celle d�une usine automobile de l�allemand Volkswagen ! Il a ajout� que l�Alg�rie et le Qatar projetaient de cr�er �un fonds mixte pour r�aliser ensemble des investissements � l��tranger�, oubliant de mentionner que ce �projet� �tait d�j� inscrit dans le poussi�reux m�morandum de janvier 2010 ! Il a ajout� : �En raison de notre exp�rience en mati�re d�investissements � l��tranger, nos fr�res alg�riens ont exprim� l�envie de cr�er avec nous un fonds mixte pour r�aliser ensemble des projets d�investissements en dehors du Qatar et de l�Alg�rie� ! Des mirages en gage d�amiti� S�agissant de l�usine sid�rurgique, le ministre qatari a dit que �la soci�t� sera op�rationnelle d�ici 24 mois ou au maximum 30 mois� tandis que notre ministre de l�Industrie, de la PME et de la Promotion de l�investissement, Mohamed Benmeradi, a indiqu� que le �futur complexe� de Bellara permettra la cr�ation de quelque 2 000 emplois directs. D�abord pourquoi l�Alg�rie ne cr�e pas seule cette usine publique au lieu d�une mosqu�e publique ? Ensuite pourquoi le projet similaire d�un op�rateur alg�rien est-il bloqu� alors que l'Alg�rie importe annuellement pour pr�s de 10 milliards de dollars de produits sid�rurgiques, soit pr�s de 20% de sa facture d'importation globale ? L�Alg�rie a vendu El Hadjar � ArcelorMittal, et aujourd�hui, elle cherche un associ� dans un secteur o� elle est pionni�re et o� elle se devrait d�imposer sa politique, notamment en mati�re de recrutement des cadres nationaux ! Sinon � quoi cela sert-il de cr�er des usines en Alg�rie ? On a cr�� une autoroute est-ouest pour 11 milliards de dollars et on ne s�est pas souci� d�y employer une main d��uvre alg�rienne cons�quente, ni m�me d�imposer nos ing�nieurs pour capter la technologie chinoise ou japonaise. On construit un million de logements r�partis entre soci�t�s chinoises et turques auxquelles on n�a m�me pas impos� de prendre un seul cadre alg�rien pour lui permettre d�acqu�rir le savoir-faire ! Pour cette �prouesse�, Ghoul est r�compens� par une dizaine de postes de d�put�s et l�autorisation de cr�er son parti politique !! Entre l�Alg�rie et le Qatar, la coop�ration et les investissements se r�sument en v�rit� � l�acquisition, en 2007, par Qatar Telecom de 80% de Wataniya Telecom Alg�rie, devenu Nedjma. Les �changes commerciaux avec ce pays sont quasiment nuls, car le Qatar compte parmi onze autres pays arabes qui ne d�tiennent que 6,1% des �changes alg�ro-arabes. Mais les m�morandums qataris sont devenus une sempiternelle promesse pour les peuples d�Afrique et d�ailleurs. Connaissant l�incapacit� du gouvernement alg�rien, notamment en mati�re d�emploi en faisant miroiter la promesse d�une usine Renault, les Qataris lui offrent un nouveau mirage, � condition qu�il adh�re au point de vue contre la Syrie et probablement d�autres coups fourr�s de ce genre. Chaque fois que Qatar a besoin d�un pays, il lui concocte une brochette de projets mirobolants. Et voil� que l�Alg�rie se met � vendre ses principes pour du vent, en votant pour l�exclusion de la Syrie de l�Organisation de la coop�ration islamique (OCI), une d�cision, nous rassure notre ministre des Affaires �trang�res, qui n�a pas de cons�quences contre le peuple syrien ! Interdire � des milliers de Syriens de faire leur hadj 2012 � La Mecque, ce n�est pas grave ! La fermeture du signal de trois cha�nes syriennes sur Nilesat et Arabsat d�cid�e r�cemment par la Ligue arabe n�est �galement pas grave, ni l�embargo qui frappe le peuple syrien ! L�Alg�rie a vot� pour exclure, ou plut�t excommunier 22 millions de Syriens de l�Organisation musulmane. Demain fermera-t-on les yeux sur les terroristes qui seraient tent�s de rejoindre les mercenaires en Syrie, comme le font la Libye, la Jordanie, la France, la Hollande ou la Grande- Bretagne qui, � elle seule, compte plus de 100 citoyens britanniques dans les rangs des islamistes qui se battent en Syrie ? L�Alg�rie a-t-elle adh�r� � la diplomatie takfiriste excommunicatrice de Qatar et de l�Arabie Saoudite ? Alger a-t-elle �t� mise au pas ? Ce qui est s�r c�est que les autorit�s syriennes n�ont jamais soutenu les hordes islamistes du GIA ou de l�AIS lorsqu�ils massacraient et d�truisaient dans notre pays. Au sein de la Ligue arabe qu�il pr�side comme s�il s�agissait de son royaume, le Qatar ne tol�re que l�attitude de la serpill�re. Dans le m�morandum d�entente de juillet, �le Qatar pr�voit de r�aliser plusieurs projets en Alg�rie notamment dans la construction automobile�, selon le ministre qatari qui a pr�cis� que son pays est en train d�encourager le constructeur allemand Volkswagen � s�installer � Alger. Pendant qu�ils bloquaient l�octroi de visas pour les Alg�riens r�sidents au Qatar, les Qataris se battaient donc pour une usine Volkswagen dans notre pays ! Le Qatar qui ne d�tient que 17% du capital de l�entreprise allemande peut-il la convaincre d�investir dans notre pays ? Que ne le fait-il pour l�un des pays qui viennent d��tre int�gr�s au Conseil de Coop�ration des Etats arabes du Golfe (Maroc, Jordanie) ou encore pour ceux dont il a foment� les �r�volutions� ? A. E. T.