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QATAR
Projets communs, �amiti� ind�fectible� et ing�rence (5e partie)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 10 - 2012


Par Ali El Hadj Tahar
Pour faciliter l�apport de capitaux �trangers sur son sol, le Qatar a assoupli sa r�glementation. Depuis f�vrier 2011, les investisseurs �trangers peuvent d�tenir 100% du capital d�une soci�t� de droit qatari, sauf dans le secteur des banques, des assurances, de l�immobilier et de l�importation de produits de consommation.
La strat�gie nationale de d�veloppement 2011-2016 et la vision nationale 2030 du Qatar ne sont pas fig�es mais am�lior�es ou corrig�es au fur et � mesure, contrairement � un fumeux et archa�que �programme du pr�sident� repris deux fois par Belkhadem et Ouyahia et maintenant reconduit par Sellal. Les Qataris ne disent pas �programme de l��mir�� D�autres secteurs sont concern�s dans le cadre d�une strat�gie de diversification �conomique : Doha importe 95% de ses denr�es alimentaires mais compte arriver � l�autosuffisance � hauteur de 70% en 2023. En 2008, le fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA) a cr�� un programme visant � s�curiser les sources d�approvisionnement par l�achat de terres arables � l��tranger. En 2008, il a sign� avec le Kenya un accord pour le fermage de 40 000 hectares. Au Soudan et en Ukraine, il aurait aussi sign� des accords mais on ignore si les acquisitions ont �t� r�alis�es car ce pays signe �norm�ment de protocoles d�accord qui n�aboutissent pas, sa priorit� �tant de fructifier son argent surtout en Occident. Les promesses faites � des Africains cr�dules ne sont parfois que ruse pour soutirer quelque faveur politique. Simple � v�rifier : sa strat�gie d�investissement appara�t dans les avoirs r�els du QIA qui se situent essentiellement dans le monde occidental, pas ailleurs. Gr�ce � une cha�ne TV (Al Jazeera) et bourse d�li�e, le Qatar est devenu, dans ce monde sans principes, l��picentre du cirque, le clou du march�, le nombril d�un monde dirig� par le client�lisme, le monde unipolaire de l�Oncle Sam. O� l�argent est le dieu unique et la ruse, sa loi. Au nom de ces principes, l��mir du Qatar et ses agents sillonnent le monde, � la recherche de partenaires, d�opportunit�s, de soldes, de liquidations, de failles, de faillites� Toutes les visites de l��mir du Qatar donnent lieu � des m�morandums d�entente. Sur une dizaine de projets inscrits dont celui sign� en ao�t 2007 entre Alg�rie et le Qatar, citons les projets relatifs � �la r�alisation d'h�tels, de centres commerciaux et de zones r�sidentielles sur une superficie globale de 8,5 ha � Sidi Fredj, un projet dans l'�levage de bovins et dans la production laiti�re et d�riv�s sur une superficie de 10 000 ha, un projet d'ol�iculture sur 10 000 ha, un projet de culture d'oignons et de pommes de terre sur 1 000 ha, un projet d'agrumes et de viticulture sur 1 000 ha�. Les projets du m�morandum de 2007 atteignaient l�incroyable somme de 28 milliards de dollars et concernaient la gestion portuaire, l�agriculture, le tourisme, l'industrie, l'urbanisme� Mais aucun de ces projets ne s�est r�alis�. Rebelote en janvier 2010 : la quatri�me session du comit� mixte alg�ro-qatari signera dix accords et m�morandums d�entente dans diff�rents domaines dont la cr�ation d'une r�serve naturelle dans la r�gion d'El-Bayadh, la cr�ation d'une soci�t� mixte d'investissement et la cr�ation d'une soci�t� mixte de commercialisation des d�riv�s du p�trole et autres services y aff�rents ! Aucun de ces m�morandums ne s�est concr�tis� mais d�autres promesses ont suivi en juillet 2012.
Ing�rence dans le pr�-carr� alg�rien
Survient l�affaire du �printemps libyen� qu�Alger a trait� conform�ment � ses principes de non-ing�rence, d�autant qu�elle avait toutes les donn�es sur les vis�es islamistes des insurg�s men�es par des ex-ministres libyens (Abdel Jalil, Mahmoud Jibril, Abdel Fatah Youn�s) soutenus par des chefs terroristes notoires. Alger a interpr�t� le financement et les op�rations d�envoi de 5 000 commandos et mercenaires par le Qatar comme une intrusion dans sa zone g�ographique et une vell�it� de d�stabilisation car ce qui touche les voisins ne peut que toucher notre pays et remettre en question non seulement notre s�curit� mais aussi nos int�r�ts, notamment les contrats avec la Jamahiriya dans le domaine des hydrocarbures. L�Alg�rie a v�cu une d�cennie de terrorisme et sait ce que le mot instabilit� signifie. Renverser des chefs d�Etat ne fait pas partie de ses pratiques, d�autant que l�Unit� africaine et le Venezuela avaient propos� un r�glement pacifique que Kadhafi avait accept� ainsi que l�aile d�mocratique de l�opposition libyenne, mais qui fut rejet� par les islamistes arm�s comme le montreront les �changes violents avec l�arm�e r�guli�re. Les manifestations pacifiques avaient cess� bien avant le 17 f�vrier, les forces d�mocratiques (nass�riens, ba�thistes et lib�raux) ayant accept� la proposition de Kadhafi de lancer un processus de d�mocratisation avec une nouvelle Constitution mais les ex-ministres putschistes (Abdel Jalil, Mahmoud Jibril et d�autres officiels) soutenus par les terroristes (Abdelhakim Belhadj, Isma�l Al-Salabi et Abou Sofiane Qoumou et 400 djihadistes lib�r�s par Kadhafi en 2010) avaient d�cid� de prendre le pouvoir par les armes et ils ont r�ussi. Au sol, les 5 000 soldats qataris ont fait le vrai m�nage sans oublier l�aide d�Al Jazeera, qui a concoct� de faux massacres imput�s � Kadhafi, vid�o qui fut d�cisive pour le vote de la r�solution 1973 de l�ONU du 17 mars 2011 qui imposera un blocus a�rien aux avions libyens. C�est en fomentant des troubles au Maghreb que Doha remerciait Alger pour la campagne men�e en sa faveur pour l�accueil de la Coupe du monde de football 2022 ! Puis, en guise de repr�sailles contre l�opposition d�Alger au �printemps libyen�, Doha d�cidera carr�ment, en ao�t 2011, de suspendre la d�livrance des visas qataris aux Alg�riens ! Cette mesure de r�torsion sanctionnait l�Alg�rie pour son h�sitation � reconna�tre les nouvelles autorit�s libyennes et surtout pour avoir accueilli sur son sol des membres de la famille de Kadhafi ! Les pressions du Qatar concerneraient-elles �galement le dossier Al Jazeera, dont le bureau alg�rois est toujours ferm� ? Le premier ministre qatari vient donc � Alger le 29 septembre 2011. Mais au lieu de boycotter le sommet du gaz de Doha (14 novembre 2011), Bouteflika y fut la seule personnalit� de rang de chef d�Etat � y avoir pris part, sauvant ainsi l��v�nement d�un v�ritable �chec. Sur la photo souvenir, on voit Bouteflika � c�t� de Abdel Jalil et de Hamad. Pour remercier l�Alg�rie, le cheikh qatari envoie son ministre de l�Economie � Alger avec une brochette de projets sans avenir pour obtenir un autre fromage du corbeau sur un arbre perch�. Le fromage cette fois-ci est une sanction contre la Syrie, nouvelle victime dans le viseur de l��mir chasseur de t�tes, les outardes et les gazelles ne lui suffisant pas. La Syrie devient vite la pr�occupation fondamentale de Hamad, certainement plus prioritaire que la pr�paration de la Coupe du monde de handball 2015 et celle de la Coupe de football de 2022 ; et l�-dessus il ne faut �galement pas le contredire !
Libye, Syrie et autres chantages
Selon le journal saoudien El Watan, le ministre qatari des Affaires �trang�res aurait menac� son homologue alg�rien, Mourad Medelci, hostile � des sanctions contre la Syrie, lors de la rencontre des ministres des Affaires �trang�res de la Ligue arabe au Caire, et ce, le samedi 12 novembre 2011 : �Ne d�fendez pas trop la Syrie car quand votre tour arrivera, vous aurez certainement besoin de nous�, aurait lanc� Hamad Bin Jassim Bin Jabor Al-Thani � l�endroit de Medelci, qui d�mentira l�information. Fi�rement, Medelci nous apprendra que, bien au contraire, l�Alg�rie �tait coauteur avec le Qatar de la d�cision de la Ligue arabe de suspendre temporairement la Syrie et a particip� � l��laboration des mesures de sanctions arr�t�es, notamment celle se rapportant au projet de saisine du Conseil de s�curit� de l�ONU si le gouvernement syrien n�acceptait pas la mission des observateurs arabes. 18 des 22 pays membres (dont l�Alg�rie) ont vot� les sanctions alors que le Liban et le Y�men ont vot� contre et que l�Irak s�est abstenu. Plus tard, l�Alg�rie ne votera pas pour l�exclusion de la Syrie de la Ligue arabe car Damas avait accept� de recevoir le g�n�ral Al-Dhiabi et sa d�l�gation d�observateurs, mais pas aux conditions humiliantes de la Ligue arabe. L�attitude double de l�Alg�rie ne lui permet pas d�acheter l�amiti� d�un Qatar qui n�accepte pas les demi-mesures. Contrairement � son attitude honorable sur la question libyenne, l�Alg�rie tergiverse sur le drame syrien sans pour autant vouloir autoriser l�intervention internationale dans ce pays qui se bat contre des terroristes islamistes f�roces affubl�s du sigle d�Arm�e syrienne libre alors que leurs barbes et leurs embl�mes noirs indiquent clairement leur appartenance � Al-Qa�da et d�autres hordes barbares. Puis le 20 mai 2012, il y eut la visite �clair � Alger du chef de l�Etat du Qatar, Hamad Bin Khalifa Al-Thani, sans brochette de m�morandums, cette fois-ci pour la question syrienne et probablement aussi pour un autre probl�me, le probl�me malien, surgi comme par hasard du chapeau d�un magicien dont on ne peut citer le nom sans �tre accus� de vouloir diaboliser un �mir qui ne cesse pourtant de comploter depuis le putsch contre son propre p�re. Malgr� la rencontre entre Bouteflika et Abdel Jalil � Doha et � Tunis, les Libyens ont continu� � bouder Alger, qui accorde toujours l�asile � la veuve de Kadhafi et ses trois enfants, et ce, pour des questions humanitaires �videntes. Le CNT ne pardonnera donc � Alger ni cet asile ni son soutien au guide de la Jamahiriya. Le probl�me malien est-il issu de ce diff�rend ou bien pr�par� depuis une date ant�rieure ? En tout cas, avec des agitateurs qataris dans la r�gion, la situation devenait difficile d�autant que les hordes de �r�volutionnaires� libyens, les Belhadj et consorts, �taient en possession d�immenses stocks d�armes, dont 10 000 missiles sol-air allaient dispara�tre dans la nature, comme l�a r�v�l� un haut responsable militaire de l'OTAN, cit� dimanche le 2 octobre 2011 par le site internet de Der Spiegel. La mission de l�OTAN n�a tout simplement pas pu les r�cup�rer. Pr�sid�e par le Qatar, cette mission �tait �galement charg�e de distribuer les armes aux rebelles anti-Kadhafi ! Il avait privil�gi� les groupes d�Al-Qa�da dont ceux d�Abou Abdallah Al Salek, dit Abdelhakim Belhadj qui poss�dait au moins deux camps d�entra�nement secrets en Afghanistan. Fondateur du Groupe islamique combattant, il a �t� un proche d�Abou Moussab Al-Zarkaoui, un chef terroriste responsable de la mort de plusieurs milliers d�Irakiens. Arr�t� en Tha�lande en 2003, Belhadj a �t� remis � la Grande- Bretagne, qui l�a � son tour remis en 2004 � la Libye o� il fut emprisonn� puis lib�r� en mars 2010. Apr�s la chute de Kadhafi, il est devenu le commandant militaire de la ville de Tripoli, puis au mois de f�vrier 2012, il a conduit un commando de 700 djihadistes vers la Syrie o� il est le chef r�el de l�Arm�e syrienne libre. En avril 2012, il a m�me os� attaquer en justice l'ancien ministre britannique des Affaires �trang�res, Jack Straw, pour l�avoir remis � Kadhafi ! Deux autres terroristes notoires, Isma�l Al-Salabi et Abu Sofiane Qoumou, ont �t� d�sign�s comme commandants militaires des villes Benghazi et de Derna. Tous ces djihadistes �taient en prison et c�est le ministre de la justice, Abdel Jalil, qui a convaincu Kadhafi de les lib�rer en vue de pr�parer son coup avec ces complices et des centaines d�autres islamistes qui avaient pourtant jur� de ne plus jamais reprendre les armes. Ainsi donc, occup�s � planifier et � soutenir les �printemps arabes�, les Qataris ne remettent plus les pieds en Alg�rie, except� la br�ve visite de Hamad � Alger o� il est venu sans m�morandums, tandis que le Maroc et la Jordanie se voyaient avec �tonnement inscrits comme membres du Conseil de coop�ration du Golfe. Le CGC aurait m�me au pr�alable �tudi� un plan quinquennal pour venir en aide � ces deux pays. Mais, apparemment, les manifestations qui ont lieu chez Mohammed VI et chez le roi hach�mite montrent que Doha n�a pas sign� les ch�ques promis� Un jour, Hamad a fait irruption dans une r�union du CGC en compagnie d�Ahmadinejad sans que les cinq autres membres fussent au courant !
A. E. T.


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