Par Mohamed-Rachid Yahiaoui (*) Les n�o-colonialistes ont trouv� en nous un moyen idoine pour mettre les pieds d�finitivement chez nous (enfin chez certains pays arabes dont le nombre commence dangereusement � grossir). Tout compte fait, le n�tre n�est pas loin du remous expansionniste du tandem isra�lo-am�ricain qui profite pour cela de notre susceptibilit�, de notre incr�dulit� (ou de notre cr�dulit�), de notre �fiert� arabe� et nous la joue � �qui perd paye�. Chez nous, preuve en est qu�apr�s les mots-cl�s discoureurs r�p�t�s trois fois, l��il torve point� vers Isra�l tout en martelant le pupitre � la Boumedi�ne, nonobstant ce fait, nous avons quand m�me assist� l�air ahuri � la malheureuse et pitoyable main alg�rienne tendue � Ehud Barak lors des fun�railles du roi Hassan II. Si nous n�avons rien contre les Juifs dont certains sont tomb�s en martyrs pour l�ind�pendance de leur pays l�Alg�rie, nous en avons beaucoup contre les sionistes et la main d�un sioniste est toujours sale. Le proprio de la main tendue nous l�a jou� ensuite en sortant de son sac magique le hadith qui dit de r�pondre imp�rativement par le �salam� souhait� par l�autre. Il est tout � fait clair que l�interpr�tation de ce hadith se fait au go�t du jour (pas n�cessairement celui qui vient apr�s) et selon les circonstances de l�heure. C�est donc un geste qui est l�illustration frappante de notre �fiert� qui, � force d��tre ressass�e et martel�e � tout bout de champ, est devenue un mot creux, un ballon de baudruche. Alors que les �koufars� font � leurs engins t�l�command�s des milliards de kilom�tres pour chercher le pourquoi et le comment de l�espace sid�ral, nous on est toujours � mesurer la hauteur de �Hadjr El Assoued� par rapport au sol, qui est, d�apr�s les �minents sp�cialistes �s toise, � 1,10 m plus exactement (dixit un pr�che dans une mosqu�e de Khemis Miliana). Le machin contre la corruption ? Hein !!! Cette foutue langue de bois qui nous fait p�rorer � longueur de discours officiels �l�Algerie de l�honneur, de la dignit� et de l�hospitalit� (El Djaza�r el �ze ouel karama)�, alors qu�on nous mart�le l�esprit sur les bienfaits des pr�ceptes de l�Islam devant lesquels nous sommes tout ou�e en bons musulmans que nous sommes et c'est d�ailleurs tant mieux pour nous. Mais, faudrait-il le souligner, on nous les refile en concomitance avec le fait que �la religion de l�Etat est l�Islam�, ceci pour mettre savamment sous nos yeux le relief de la tra�abilit� normale de l�existence des d�bits de boisson, les lieux de d�bauche (qui r�veillent en nous le douloureux souvenir de ce que fut la for�t de Bouchaoui en mati�re de m�urs l�g�res), la corruption corruption �cosm�tis�e� et mise � la mode du jour en l�appelant par euph�misme �kahoua�, �tchipa �, �melh el yed� et d'autres �neries, le vol, le bena�misme, le client�lisme et autre wilayisme. O� est-elle cette dignit� quand l�affaire de corruption de l�autoroute Est-Ouest d�fraye la chronique judiciaire, quand on fait l�impasse � la Banque mondiale qui a class� sur la liste noire l�entreprise chinoise CSCEC, accus�e de corruption donc infr�quentable et � qui on a confi� la construction de� tenez-vous bien� la Grande Mosqu�e d�Alger moyennant roupie de sansonnet. La construction d�un lieu de culte qui fait bon m�nage avec la �tchipa�. D�cid�ment, on en voit de toutes les couleurs. Vous allez me dire qu�il faut de tout pour faire un monde, mais l� une question se pose : et la lutte contre la corruption chez nous ? Le machin contre la corruption ? Hein !!! Nos chouhada doivent se retourner dans leur tombe. Mais �a, c�est une autre paire de manches historique. Ceci �tant, je dois dire que cette r�alit�, qui n�est pas une v�rit�, n�est que le segment des retomb�es de cette histoire du film l�Innocence des musulmans qu�on vient de nous balancer, relatif � l�injure faite � notre Proph�te Mohamed (QLSSSL) et qui a d�clench� l�ire de certains �nergum�nes � travers certains pays et en Alg�rie particuli�rement � Belouizdad. Le bon sens et la sagesse sont venus des Pakistanais, � travers leur gouvernement et le Parti national Awami (ANP), membre de la coalition au pouvoir, qui ont appel� au calme la population, condamnant ainsi la violence dans ce cas pr�cis. Manipulation scientifique Faisons un pas en arri�re dans l�histoire du 11 Septembre, de l�Afghanistan (dixit Thierry Meyssan � L�effroyable imposture), et de l�invasion de l�Irak nous enseignent la le�on qui veut que pour occuper un pays le moyen acad�mique est tomb� en d�su�tude et n�est plus � la mode, c'est-�-dire suivant le trigone : comptoirs commerciaux � action de s�cularisation dirig�e par les pr�tres � invasion arm�e sous pr�texte d�un fallacieux coup d��ventail, ou une princesse enlev�e par un prince (histoire de Troie), ou au motif du �p�ril rouge� combattu au Chili, �le de Grenade, Afghanistan et ou (et) surtout le �p�ril islamique�, comme il leur sied de le d�finir, qui les emp�che de dormir. Non, Isra�l et les USA agissent intelligemment en provoquant une action, pour qu�en face, une r�action �motive, m�canique et irr�fl�chie se fasse jour, caract�ris�e par des manifestations qui tournent aux �meutes o� tout passe � la moulinette : d�gradations de biens, assassinat de personnes (comme c�est le cas de l�ambassadeur am�ricain en Libye). Pour la simple raison qu�un film-documentaire sur le Proph�te Mohamed (QLSSSL) a �t� tourn� en salle pour une raison bien �vidente d�o� : je te pique � tu agis � je r�agis et bonjour les bruits de bottes � nos fronti�res (�) Cette histoire de film n�est en fait qu�une trouvaille qui fait que nos d�tracteurs profitent du contexte de l�heure en n�h�sitant pas de pointer le doigt sur nous, sur les musulmans que l�opinion internationale, pr�fabriqu�e et chauff�e � blanc par Isra�l, pointe le doigt sur nous autres �terroristes� que nous sommes cens�s �tre. Il est d�autant plus regrettable de constater encore une fois que de l�Hexagone, c�est Charlie- Hebdo qui prend le relais dans une manifestation idiote, ubuesque et r�currente r�pondant comme d�habitude � l�ex�quatur des commanditaires de ce magazine et duquel nous parvient le crissement du crayon � mine du b�d�iste qui gratte rageusement le papier � dessin pour nous mettre sous le nez une d�bile mais n�anmoins une op�ration commerciale appel�e �caricature du Proph�te� (QSSSL) et ceci non seulement pour nous chauffer � blanc mais aussi � la veille de la visite de Monsieur Hollande en Alg�rie. Mais � Bon Dieu� Y-a-t-il une ambivalence entre ce film et ces caricatures, sc�l�rats au demeurant, qui ont fait l�objet d�un soul�vement populaire dans les pays arabes ? Pourquoi ce z�le inexplicable quand on sait que tous les t�l�spectateurs arabes et les plus z�l�s et aussi islamistes qu�ils sont, ont tous tap� des mains en accueillant favorablement les films sur Sidna Youcef (� travers ce dernier film beaucoup de contrev�rit�s et des zone d�ombre ont �t� constat�es), Omar Ibn Khatab, Sidna Ibrahim El Khalil, dont les acteurs avaient tous le visage � d�couvert. Motus et bouche cousue et pas un son de cloche. Silence dans la salle on est en train de d�couvrir enfin les visages des Proph�tes ! Hein, messieurs les z�l�s !!! Cachezmoi ces visages que je ne saurais voir !!! A heure fixe, nous nous sommes tous empress�s de nous caler entre deux oreillers face � notre tube cathodique en attendant Nessma et le visionnage de ces films. Et alors pourquoi cet exc�s de z�le et cette mauvaise foi, ce voyeurisme et ces vocif�rations que j�interpr�te comme �tant un cri d�orfraie d�une vierge effarouch�e parce qu�un jeune homme lui a fait un clin d��il ? La foutue intelligence des Arabes �enkamiss�s� ! O� est-elle cette foutue intelligence des Arabes �enkamiss�s� ? Cette pl�iade de �douktours� qui p�rorent cathodiquement tous les jours que Dieu fait sur la sempiternelle fiert� arabe et sur les pr�ceptes de l�Islam. Remarque, c�est tant mieux pour nous, mais c�est tant pis pour les peuples arabes opprim�s dont la litt�rature d�gobill�e par les �crans ne peut pas les faire vivre. Jusqu�� quand se laissera- t-on dirig�s comme un troupeau de vulgaires moutons, ob�issant au doigt et � l��il ? Jusqu�� quand cette sensibilit� toujours soudaine et trop voyante pour �tre vraie, caract�ris�e par un atavisme �enfard� et brutal ? Cependant, il n�est pas bizarre, car c�est un secret de Petrouchka, que de voir les arcanes des Etats arabes qui se retrouvent dans le m�me camp qu�un Etat-voyou qui occupe un pays et opprime son peuple, moyennant monnaie sonnante et tr�buchante (qui a dit que c�est de l�Egypte, de l�Arabie saoudite et du Qatar dont je parle ?). Le peuple palestinien subit les affres du colonialisme criminel isra�lien, meurtri dans sa chair et crevant de faim, alors qu�un pays comme l�Arabie saoudite, pour ne citer que lui, dispose d�un matelas financier de 2 000 milliards de dollars entrepos�s dans des banques am�ricaines. J�ai ou�e-dire que la seule fois o� les pays arabes ont d�cid� de soutenir un pays musulman, ils ont crev� le plafond en faisant une qu�te de� 80 millions de dollars. Au su d�un nabab juif am�ricain, ce dernier sortit son carnet bancaire devant le journaliste qui l�interviewait et libella un ch�que de 100 millions de dollars au profit du tr�sor isra�lien. Je vous laisse le soin de m�diter sur le geste lourd de sens. Question � deux sous : quelle a �t� la position de la Ligue arabe apr�s la tuerie barbare de Sabra et Chatila, le massacre au phosphore � Ghaza, l�invasion isra�lienne au Liban, l�invasion de l�Irak si ce n�est qu�elle s�est pli�e honteusement aux injonctions de ses ma�tres ? Et maintenant, avec la crise syrienne, elle vient de d�couvrir en elle ce Zorro redresseur de torts qui se lance �perdument sur �le dictateur�, prenant position des plus fermes en condamnant ce qui se passe en Syrie. Fiert� arabe ? Laissez-moi rire un bon coup. Nous r�agissons comme des mules alors que nos produits made in certains pays arabes se vendent en Isra�l. Certains �enkamiss�s� vont dire que ce sont des op�rations qui r�pondent � des lois commerciales, de l�offre et de la demande et tutti-quanti. Je vous dirais que pour certains, le �shekel� n�a pas d�odeur, il suffit seulement de le nettoyer du sang des Palestiniens et hop ! Il devient fiduciairement propre, nickel. En retour, Isra�l nous balance par r�seaux sociaux interpos�s, entre autres exemples, qu�une grande boisson gazeuse nationale est canc�rig�ne. Une publicit� mensong�re pour laisser place libre aux boissons imp�rialistes, sur lesquelles nous nous sommes tous ru�s durant le mois de Ramadan. Les USA et, immanquablement, Isra�l n�ont pas d�amis dans le monde arabe, ils n�ont que des int�r�ts. Leurs int�r�ts passent toujours sans aucun scrupule, sur les corps d�innocentes victimes palestiniennes, afghanes et, hier, vi�tnamiennes et japonaises. En 1945, le monde l�a appris � ses d�pens apr�s les bombardements atomiques d�Hiroshima et de Nagasaki que les Am�ricains se sont empress�s de pilonner, rasant de la carte deux grandes villes faisant cent mille victimes, autant de bless�s et de handicap�s � vie, alors que l�ambassadeur japonais � Moscou, pendant ce m�me temps, �tait sur le point de demander la m�diation russe pour la reddition du Japon. Et toc sur la t�te de l�URSS qui s�est r�veill�e avec la gueule de bois en constatant la supr�matie nucl�aire am�ricaine au prix de milliers de morts. Faisons front contre le n�o-colonialisme ! Actuellement, qu�est-ce � dire dans tout �a ? Manifestons contre la provocation, la discrimination raciale et religieuse, l�oppression des peuples, restons sto�ques et vigilants tout en traitant la haine, la d�raison et la canaillerie par l�indiff�rence car le temps de notre si�cle gronde sous les conflits id�ologiques, faisons autant contre le g�nocide pratiqu� par Isra�l : c�est bien. La question de l�heure �tant ce fond qui manque le plus : prendre position en faisant front contre le n�o-colonialisme sous toutes ses formes, c�est encore mieux. M�me si les avis sont partag�s, nous avons quand m�me tant fond� nos espoirs suite au vent �salvateur� du �printemps arabe� durant lequel nous avons cru en un changement dans les l�gislations. Un vent pr�fabriqu� ailleurs et test� chez nous, cr�dules que nous sommes, ajout� au pouvoir de l�argent qui nous a kidnapp�s. Nous constatons avec amertume que ce �printemps� s�enlise d�j� dans un �automne� gris et inqui�tant perdant ses belles feuilles qui vont sombrer, dans une hibernation prolong�e. Les anciens responsables ayant �t� vomis par leur peuple est une chose. C�en est une autre quand on pense que ces pays �ventil�s� vont plonger, Dieu les en pr�serve, dans un avenir encore plus qu�incertain. Isra�l se frotte les mains et la 6e Flotte est d�j� au large de Benghazi. Si nos richesses du sous-sol ont fait de nous ce que nous sommes �conomiquement, elles ont, pour notre malheur, aiguis� l�app�tit toujours grandissant du Grand Sam� Heu pardon de� Satan et de son �Satannet�.