Les retrait�s, percevant une pension de retraite, sont pr�s de 3 millions en Alg�rie, toutes cat�gories et toutes caisses de retraite confondues. Pr�s de 85% d'entre eux sont issus des milieux populaires (anciens ouvriers, employ�s, petits commer�ants, artisans, etc.). Ces 85% des retrait�s repr�sentent une cat�gorie oubli�e dont la situation g�ographique, sociale et culturelle est identique � celle de l'ensemble des milieux populaires. Comme leurs cadets des classes populaires, ces retrait�s vivent dans une relative �fragilit� sociale�. Cela se traduit d'abord en termes de pouvoir d'achat. En effet, pour l'essentiel, ces m�nages disposent de revenus modestes, voire tr�s faibles : la retraite m�diane se situe aux environs de 8 000 � 12 000 DA par mois. En raison d'une expertise peu valoris�e et d'un march� potentiel tr�s limit�, ils sont aussi ceux qui peuvent le moins cumuler une activit� r�mun�r�e avec leur retraite. Plus grave encore, l'importance de ce ph�nom�ne social va continuer de cro�tre. Par ailleurs, comme l'ensemble des classes populaires actives, les retrait�s populaires ont endur� une baisse relative de leur niveau de vie. Ils supportent, notamment, une augmentation des d�penses de sant� non rembours�es et des charges diverses de la vie quotidienne, toujours en croissance. Les retrait�s populaires supportent ainsi le destin des classes populaires au temps de la mondialisation : une forme de rel�gation sociale et culturelle. A cela s'ajoutent une inqui�tude sp�cifique et une fragilit� singuli�re. Une inqui�tude li�e � la peur de la solitude et de la d�pendance. Peur de ne pouvoir financer les besoins essentiels de la vie de tous les jours, mais peur aussi de ne pouvoir trouver, en �tant loin des centres urbains, les soins n�cessaires, les services publics et les institutions de proximit�. On rappellera que l'esp�rance de vie � et plus encore l'esp�rance de vie sans incapacit� � est bien moins �lev�e chez les retrait�s populaires ayant connu des conditions de travail difficiles que chez ceux ayant eu des parcours plus pr�serv�s. Enfin, ces seniors sont aussi entour�s par des enfants et petits-enfants qui subissent la pr�carisation et le pessimisme social. Avec leurs revenus modestes, les retrait�s populaires se retrouvent souvent � soutenir leurs cadets. Parfois, sur trois g�n�rations, ils sont les seuls � avoir un revenu r�gulier. Si le gouvernement ne lance pas de v�ritables r�formes et actions en faveur de la solidarit� interg�n�rationnelle et du soutien aux populations fragilis�es par la mondialisation, c'est aussi la digue de la solidarit� et du sentiment de partager un avenir commun qui peut se rompre.