Beaucoup d'encre a �t� vers�e, d'acerbes critiques sont faites � propos du syst�me �ducatif. Cette composante de la nation vou�e � la d�faite outrepasse le seuil du silence, atteint l'apog�e de la dangerosit�. Sans coup f�rir, ce domaine dont le r�le est multidimensionnel demeure un projet qui n'inqui�te personne, ni la tutelle cens�e �tre fournisseuse de savoir ni le citoyen qui consomme en toute niaiserie les coups combien implacables. Ce qui a provoqu� cette corrosion c�r�brale au sein de nos �tudiants, cet �clatant h�b�tement dans les rangs des �coliers. Des attestations d'agr�gation, des certificats de licence sont fautivement distribu�s sans r�f�rence aucune, mettant nos jeunes au fourvoiement le plus atroce pour devenir la proie d'un dogme qui a affect� tous les autres secteurs. La soci�t� assiste � son autodestruction tout en applaudissant � une r�volution scolaire qui s'approprie l'empreinte d'une continuit�. L'actuel syst�me �ducatif est appel� � �tre reconsid�r� apr�s l'�chec organis� de l'�cole que l'ab�tissement a d�cim�e et la sottise a envahie. Les programmes inocul�s ne sont en fait qu'une cha�ne de connaissances dont les anneaux sont entrecoup�s de messages de violence, des appels � la dissidence sous forme de textes de lecture �maill�s de valeurs religieuses au service d'une secte dont les adeptes s'entretuent pr�chant l'intol�rance. En leur abolissant les concepts r�els de la civilisation, nos enfants vivent intellectuellement dans un monde m�di�val avec tous les attributs de la r�trogression. Une vacance spirituelle v�hicule affreusement des conduites biscornues qui tendent � colporter toute forme de trivialit�. Une �trange haine pour les �tudes accompagne ces �l�ves durant leur parcours scolaire, avec l'absence incessante de la p�dagogie, cette science de l'�ducation tr�s n�cessaire pour l'accomplissement de la pointilleuse besogne de l'enseignement. Des projets fanatiques La question �ducative de notre pays reste l'otage d'un obscurantisme sous l'effet destructeur de la religion. Le recours de notre Etat aux m�thodes machiav�liques pour se pourvoir d'une longue p�rennit� dans le r�gne interpr�te cette infernale d�marche � fructifier la b�tise sans la moindre r�action qui pourrait l'an�antir. La morbide conception des programmes scolaires alg�riens dissimule un danger en mati�re d'orientation spirituelle, chose qui rend les concepts de la civilisation prisonniers d'une combinaison dont les buts ne servent que les r�gimes en place. Le cas de l'�cole alg�rienne demeure un parangon fulgurant de la d�rive multidimensionnelle de la nation, une �cole que la doctrine arabo-ba�thiste a n�cros�e de par son ob�dience immobiliste qui vise le noyau g�n�siaque de ce peuple. La teneur maladive des programmes de l'�ducation islamique ainsi que son volume horaire qui outrepasse les limites de la raison �lucident clairement cette volont� de circonvenir les masses estudiantines aux confins de l'extr�misme et qui reste le chantier patronn� par nos d�cideurs �chafaudant une menace certaine pour les g�n�rations innocentes de ce pays. L'�cole fait partie de ces moyens de r�alisation des projets fanatiques pour juguler tout mouvement d'innovation, emp�cher l'�volution culturelle du pays. Disserter sur l'�cole me para�t �tre un th�me dont les maux r�clament une urgence th�rapeutique. La gravit� qui menace notre �ducation d�passe la solution de la r�forme r�cemment entreprise par le pr�sident de la R�publique. Le contenu culturel de ces programmes d�note nettement la conformit� de la fabrication didactique des le�ons avec les fins politiques du r�gime. Loin d'�tre optimiste, le cadre enseignant est pouss� par les contraintes de la vie � devenir un fonctionnaire sous les auspices de tous les gouvernements infinis depuis la naissance intercept�e de la d�mocratie. Une sorte de contradiction se manifeste entre la volont� de r�former l'�cole pour arr�ter cette d�rive massive de la nation et l'omission pr�m�dit�e de l'Etat � assister l'instituteur sur les plans financier et p�dagogique, tout en l'incitant � la cr�ation. Un besoin mat�riel manque �norm�ment � cet enseignant, ce messager de toute l'humanit�. Cette d�cision de r�forme �claircit parfaitement la faillite longtemps soutenue du fondamental comme seul proc�d� de bricolage qui a succ�d� � l'ancien syst�me d'enseignement g�n�ral adopt� d�s l'ind�pendance. Les cadres, produits de ces �tablissements, du premier palier � l'universit�, sont irr�parablement r�duits � des foules de handicap�s orn�s de dipl�mes de baccalaur�at, de certificats de licence dont le niveau intellectuel laisse � d�sirer, des carences en mati�re de savoir r�sument bien l'incompatibilit� de la connaissance impos�e avec les exigences des temps modernes. La parfaite ma�trise des langues prescrites, � savoir l'arabe et le fran�ais, qui est certainement indispensable pour acc�der � l'�volutif monde de la communication, est macul�e de d�ficience, peinte de platitude, chose qui d�montre incontestablement la grave panne tram�e du m�canisme scolaire alg�rien. L'usage dominant de la langue arabe dont le volume horaire exc�de ses buts linguistiques soumet le pays au cataclysme p�rilleux de l'int�grisme, outre le caract�re archa�que de cette langue qui oblige paradoxalement nos �l�ves � s'adapter avec les mentalit�s tribales, antiquement transmises par le canal t�n�breux de l'ignorance. Notre vision des choses, maintenue par l'effusion profuse de l'erreur, rend impossible notre int�gration � l'in�luctable projet de la mondialisation. Un foss� de chim�re nous s�pare �minemment d'autres nations scientifiquement pr�tes � affronter toute fortuite m�tamorphose de la vie. La sensible gestion des �coles assign�e aux directeurs d�g�n�re en une t�che de plaisance. Des injonctions arbitraires sont intim�es aux enseignants diligents de se mettre au diapason des paresseux. Un malaise autrefois localis� ne cesse de ronger nos laboratoires d'esprits. Une d�ficience perceptible en mati�re de la d�ontologie Les proc�dures d'inspection telles que remarqu�es dans quelques circonscriptions divulguent la partialit� de quelques inspecteurs qui �tablissent une discrimination entre les enseignants en ex�cutant un certain n�potisme en fonction des relations. Les visites d'inspection qu'ils effectuent dans le but de contr�ler, orienter et promouvoir les instituteurs de tr�s grandes facult�s � �lever un citoyen positif deviennent le privil�ge de quelques-uns dont ceux qui usent de moyens douteux pour corrompre la personne de l'inspecteur par des formules de s�duction afin d'obtenir des faveurs au d�triment de la vraie productivit� scolaire qui mettent toutes les g�n�rations en p�ril. Les points d'inspections, devenus le souci supr�me des uns et l'intention unique des autres, octroient aux inspecteurs le droit de doter ses amis dans la tribu des enseignants en mati�re de points en troquant la noblesse de ce m�tier contre les services qui lui seront rendus par les fossoyeurs de l'enseignement national. Des �loges hypocrites ornent les rapports de nos chefs comportement qui rend l'�nerie une vertu influente consolid�e par l'imp�ritie ovationn�e de nos directeurs. D'anciennes proc�dures d'inspection sont, � ce jour, maintenues, celles bas�es sur un contr�le sommairement �labor� qui divulguent une d�ficience perceptible en mati�re de la d�ontologie o� la majeure partie de nos inspecteurs recourent � l'instrument r�pressif comme seul moyen de s'affirmer au foyer sublime de la bienveillance. Ce digne titre � qui on a scandaleusement allou� la particularit� du bricolage a contribu� dans l'expansion s�gr�gative du favoritisme. Les enseignants soumis � l'examen de ces responsables sont s�v�rement somm�s d'embellir leurs documents, enjoliver leurs r�partitions � la limite de la perfection, tout en d�daignant la v�ritable �valuation de l'instituteur � travers ses �l�ves qui sont r�ellement un rep�re infaillible afin d'estimer le rendement scientifique et p�dagogique de cet enseignant. Une libert� de ruiner dans les �coles est tol�r�e par les circulaires tant�t minist�rielles, qui pr�nent une insouciance ex�cut�e par le truchement de nos responsables dont l'opportunisme sert fertilement le pouvoir en place, et tant�t int�rieures qui pullulent quotidiennement � l'encontre d'excellents �ducateurs qui p�tissent des tourments ineffables de la jalousie. Une guerre sans nom est livr�e contre le g�nie des uns et le d�vouement des autres, ce qui permet aux m�diocres d'�merger et aux d�biles de g�rer les administrations les plus d�licates. Une singuli�re lutte pour le triomphe de la b�tise suit cette ex�crable intronisation de la m�diocrit�. Le radotage remarqu� dans la charge instructive des le�ons d�c�le les retomb�es d�sastreuses de l'id�ologie opin�e perfidement afin d'�lever un citoyen priv� de raisonnement, d�pouill� de sapience et dot� de f�rocit� en l'absence de vraies bases p�dagogiques. L'aspect surann� du savoir inculqu� rallie concurremment le manque remarqu� en formation. Les compositions de chaque trimestre op�r�es comme formalit� d'�valuation perdent de leur efficacit� et deviennent un stratag�me imparable qui immunise une dense couche d'enseignants contre toute �ventuelle accusation �manant de la soci�t�. Le ph�nom�ne du gonflement de notes s'est mu� en un acte �trangement prim� par la tutelle, ce qui d�montre ind�niablement la nuisance voulue du syst�me �ducatif alg�rien. L'annulation de l'examen de la 6e a permis � l'engourdissement d'hypoth�quer l'avenir de ces milliers d'�coliers. Des cellules dites de r�flexion sont alors compos�es d'�l�ments dont le r�le est de courtiser leurs sup�rieurs en recourant solennellement � tous genres de louanges pour sauvegarder leurs int�r�ts mutuels. Des encouragements d'obligeance sont d'ailleurs fautivement distribu�s par nos inspecteurs � l'adresse d'instituteurs dont la relation d�passe celle de la confraternit� en d�fiant m�me l'ordre de m�rite. Or, des enseignants de tr�s grande valeur demeurent d�pr�ci�s en vertu de leur refus de plier devant les tentatives de corruption de la famille r�gnante sur le tr�ne de chaque circonscription. Des promotions incompr�hensibles s'accomplissent dans le corps de l'�ducation en haussant les plus faibles au plus culminant sommet de la hi�rarchie. Le plaisir d'�liminer notre cr�me se manifeste chez nos directeurs, leur qualit� de p�dagogue d�g�n�re en celle de pers�cuteur au service absolu de l'ignorance. Rendre hommage � tous les enseignants victimes de l'oppression inique de l'administration est un imp�ratif qui m'accule � d�noncer les manigances sataniques de certains responsables, pouss�s par l'obsession de r�gner sur les �coles publiques aux confins de l'indicible. C. R. (A suivre) *Enseignant-�crivain, �cole Sidi Ali, Akbou.