Le sc�nario semble se r�p�ter � l�infini : la r�volution puis l�impasse. L��gypte ne fait pas exception. Le pays �c�l�bre� la deuxi�me ann�e de la chute de Moubarak avec une maigre et d�cevante r�colte du �printemps� arabe : une situation �conomique d�sastreuse, une impasse au plan politique et une inqui�tante mont�e des islamistes. Tout comme il y a deux ann�es, les �gyptiens �taient hier dans la rue, place Tahrir. Tout comme en 2011, le slogan �Pain, libert�, justice sociale� a �t� scand� dans les rues du Caire. En ligne de mire, le pr�sident Morsi, issu des Fr�res musulmans. En deux ans, il aura r�ussi � mettre d�accord une opposition lamin�e, r�duite � occuper r�guli�rement la rue sans avoir de r�elle emprise sur le cours des �v�nements en �gypte o� la crise est multidimensionnelle. Issu de la mouvance islamiste, Morsi peine � installer l��gypte dans un apr�s-Moubarak serein. Au contraire, les crises se sont multipli�es depuis son arriv�e � la pr�sidence. Ses d�tracteurs n�h�sitent pas � le surnommer le nouveau pharaon d��gypte, notamment apr�s l��pisode du renforcement de ses pr�rogatives puis de l�adoption de la Constitution. En novembre 2012, le dirigeant �gyptien publiait un d�cret interdisant � la justice de dissoudre l�Assembl�e constituante. Il renfor�ait ainsi ses pr�rogatives et entamait un bras de fer avec l�appareil judiciaire avant de provoquer une v�ritable crise autour de l�adoption de la Constitution. Hier encore, les �gyptiens �taient dans la rue. Pas moins de onze organisations ont appel� � manifester contre Morsi et sa politique. Des centaines d��gyptiens ont investi la mythique place Tahrir. Certains y ont pass� la nuit scandant des slogans hostiles au pr�sident Morsi. Quatre personnes ont �t� bless�es lors de heurts entre manifestants et forces de l'ordre. L��gypte refait face � ses vieux d�mons. Le d�part de Moubarak n�aura pas seulement pr�cipit� le pays dans une crise politique sans fin. L��gypte fait face � une situation �conomique de quasi faillite. La livre �gyptienne a atteint son plus bas niveau depuis 8 ans. Le pays n�a d�autres choix que de relancer une n�gociation avec le Fonds mon�taire international pour l�obtention d�un pr�t crucial. L��gypte a en effet un besoin urgent de capitaux sans lesquels le pays risque de ne pouvoir faire face � ses d�penses courantes. Depuis la r�volution, l��gypte a vendu pour plus de la moiti� de ses r�serves de change, qui ont chut� de 36 � 15 milliards de dollars. Si bien que la Banque centrale a reconnu, il y a quelques semaines, que les r�serves avaient atteint un seuil critique. Une situation aggrav�e par la d�sertion des touristes et des investisseurs, creusement du d�ficit budg�taire, inflation, ch�mage des jeunes. Le pr�sident Morsi est contraint de prendre des d�cisions bien loin des id�aux de justice sociale pr�n�s par la r�volution. Le gouvernement envisage d'acc�l�rer les r�formes structurelles en r�duisant les subventions � l'�nergie tout en maintenant un appui pour les groupes sociaux les plus vuln�rables, am�liorant les recettes fiscales notamment en augmentant la progressivit� de l'imp�t sur le revenu et en �largissant la taxe g�n�rale sur les ventes pour devenir une valeur ajout�e � part enti�re. C�est dans ce contexte que le pays entame l�an III apr�s Moubarak avec des perspectives pas tr�s reluisantes, voire inqui�tantes.