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Le coup de bill'art du Soir
Question d'éducation
Publié dans Le Soir d'Algérie le 26 - 02 - 2013


Par Kader Bakou
Jeudi, près de la place du 1er Mai à Alger, nous avons vu une femme jeter le contenu d'une bassine pleine d'eau directement dans la rue. Cette femme d'âge adulte avait tout l'air d'une traditionnelle bent familia» (fille de bonne famille). Nous pensons que cette mère de famille, aujourd'hui, a été, un jour, choisie pour devenir l'épouse d'un «oulid familia», sur la base de critères communs aux deux familles et à la société en général. Ses parents à elle ont dû faire monter les enchères avant d'accepter la demande des parents du futur fiancé. Le jour de la nuit de noces, la fête a duré jusqu'à l'aube et coûté plusieurs millions de centimes. La fiancée a eu droit a un traitement digne d'une princesse, juste parce qu'elle est conforme à certains critères tacitement reconnus par la société, comme étant les meilleurs. Après le mariage, cette fille et ce fils de bonne famille ont eu des enfants, qui encore tout petits, ont commencé à faire le mal autour d'eux. Les premières victimes sont les voisins, surtout ceux qui habitent dans l'appartement de l'étage en dessous, qui ne pouvaient plus faire la sieste à cause du bruit de cette marmaille courant et sautant sans arrêt dans l'appartement. Ces enfants ont très vite perdu cet air d'innocence et ce regard enfantin que nous ne voyons maintenant que dans les films américains et européens. Plus ils grandissent, plus leur mal croît. A qui la faute ? Aux parents, bien sûr, parce que leur unique «éducation» consiste à donner à bouffer à leurs rejetons. Si par hasard, quelqu'un avait eu «l'audace » de réagir en voyant cette «bent familia» jeter l'eau par-dessus le beau balcon du bel immeuble colonial, les hommes» du quartier lui seraient sans doute tombés dessus, tous ensemble, comme un seul homme. Ils lui auraient fait remarquer qu'il vient de «violer la hourma » (l'intimité) de ce foyer et de l'immeuble tout entier en osant lever les yeux pour regarder les fenêtres et les balcons. Le mari et les enfants de la jeteuse d'eau auraient accouru, des couteaux à la main, prêts à laver «l'affront». Ils auraient fait remarquer aux passants que ce qu'a fait la jeteuse d'eau par la fenêtre n'est rien comparé au regard du passant qui, lui, a osé toucher à l'honneur de la famille et de la tribu. Nous vivons dans une société où l'hypocrisie règne dans une société qui juge tout sur une base «sexuelle». Tous sont offensés et indignés quand quelqu'un jette par hasard) un regard vers l'immeuble du quartier. Quelques mètres plus loin, aucune fille qui passe n'échappe à leurs regards lubriques et à leurs harcèlements, et ce, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
K. B.


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