La bataille à la succession de Abdelaziz Belkhadem à la tête du Front de libération nationale a commencé. Premier client à se signaler : Amar Saïdani. L'ancien président de l'APN engage, en coulisses, une lourde campagne où, lui et ses soutiens, ne se privent d'aucun moyen. Si bien que cela tend déjà à produire l'exact contraire de l'effet escompté. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Dans sa précampagne acharnée, Saïdani aura commis deux erreurs qui peuvent lui être fatales à l'arrivée. D'abord, en multipliant les appels et quelques rencontres avec des membres du comité central auxquels il signifiera clairement avoir «obtenu le feu vert» pour s'emparer du poste de secrétaire général du parti. Cela, insistera- t-il auprès de ses interlocuteurs, avec l'aval du plus proche entourage de Abdelaziz Bouteflika, entendre le frère conseiller. Or, dans un parti comme le FLN, où quasiment tout le monde a ses propres attaches «en haut lieu», rares ceux qui ont pris cela pour de l'argent comptant. Un membre influent du comité central est même affirmatif : «Négatif ! C'est lui-même qui est allé voir Saïd Bouteflika auprès duquel il se prévaudra du soutien de 80% des membres du comité central.» Avec sa finesse et son ironie habituelle, Abderrahmane Belayat, qui coordonne le bureau politique depuis le 2 février dernier, aura cette réaction. «Ce feu vert, c'est comme l'encre sympathique : elle n'est visible que pour celui qui l'a utilisée.» Aussi, tourne-t-il en dérision les rumeurs de ces derniers jours. «Feu vert ? Eh bien nous l'avons tous au comité central ! Chaque membre a le droit de se présenter sans aucun feu vert.» Avant d'ajouter «Or, pour le moment, la commission des candidatures que préside Mahmoud Guemama n'a enregistré aucune candidature depuis la dernière session du comité central.» Pour preuve supplémentaire que les choses demeurent en l'état, en d'autres termes qu'aucun candidat n'est encore sponsorisé par les cercles du pouvoir, Belayat nous ajoutera : «Pour le moment, le bureau politique gère les affaires courantes du parti, sans plus. Nous sommes en consultations permanentes pour, d'abord, réunir le bureau politique et voir, si les choses se calment, quand nous allons convoquer le comité central. On n'en est pas encore là.» Autrement dit, rien n'est encore joué. Ni pour Saïdani, ni pour personne. Beaucoup plus explicite, Abdelhamid Si Affif, membre du bureau politique, se veut, lui, catégorique. «Il est hors de question de laisser le parti entre les mains des corrompus ! Ce sont les hommes d'affaires qui lui (Amar Saïdani, Ndlr) font campagne. Samedi dernier, il lui ont même organisé une réception à l'hôtel Sheraton et, maintenant, ils lui lancent une pétition au nom des députés et des membres du comité central. Ils ont même payé des spots publicitaires. Malgré cela, et même parmi les 25 noms annoncés, beaucoup sont des faux !» Si Affif ne s'arrêtera pas là. «Il n'a obtenu aucun feu vert d'aucune part et je suis bien placé pour le dire. Et même si c'est le cas, nous refuserons toute candidature par consensus. Nous exigerons l'urne. Aussi, si jamais il se présente, je me présenterai contre lui.» Pas seulement. Si Affif n'omettra pas de rappeler les présomptions qui pèsent sur l'ancien président de l'Assemblée dans le fameux scandale du Fonds national de l'agriculture. «Son dossier est au niveau de la Cour suprême» ! En fait, il s'agit là de la deuxième erreur de Saïdani : s'entourer, pour sa campagne, d'hommes d'affaires que sont les députés Mohamed Djemai et Baha Eddine Tliba. Au FLN, ce genre de compagnonnage est très mal perçu depuis quelque temps. A plus forte raison en ce moment où le scandale de Sonatrach refait brutalement surface, obligeant même Bouteflika à s'exprimer sur la question, pour la première fois. Il ne faut, du reste, jamais oublier que c'était ce même Bouteflika qui avait empêché ce même Saïdani de se présenter aux législatives de 2007, à la suite d'autres présomptions liées, celles-là, à la campagne présidentielle de 2004 où l'ancien président de l'APN était chargé de la collecte d'argent...