La JSK est singuli�re. Elle a un label sportif et elle symbolise de la meilleure fa�on une identit�. M�me sa cr�ation fut un acte de r�sistance. Ses succ�s ont �t� des moments de communion r�gionale et aussi nationale. Cette vocation � rendre heureux le peuple mais surtout � mobiliser les grandes foules suscite la convoitise mais assez souvent de la m�fiance. Le club phare de la Kabylie est dans l��il du cyclone. Qui peut l�aider � sortir de cette temp�te pouvant causer sa perte ? Des hommes qui l�aiment et qui auraient � lui assigner un objectif, �laborer un cahier des charges et lui consacrer des moyens en vue de la mettre en phase avec les normes qu�exige la constitution des grandes �quipes modernes. Tout est dit. Ecoutons tout de m�me certaines figures de proue parmi ses fans et ses amoureux, tr�s nombreux par ailleurs dans la wilaya de Boumerd�s. Ils ont tant de choses � dire et ils le disent avec conviction, sagesse et discernement. Et le pr�sident ? Il s�exprime constamment � travers des quotidiens qui lui sont acquis. UN MALAISE � MULTIPLES DIMENSIONS Tout le monde s�accorde � dire qu�au plan sportif, la Jeunesse sportive de Kabylie n�a plus cette rage de vaincre et a abandonn� depuis plus d�une d�cennie sa philosophie de la gagne par la force sportive puis�e du terroir. Elle ne se contente que d�un r�le subalterne dans un championnat juste moyen, estiment les sp�cialistes. Cet �tat d�esprit se lit dans les �crits de la presse qui fournissent quotidiennement une litt�rature pl�thorique et bon march� pour tenter de calmer les supporters. �Ils tentent de nous faire admettre que lutter pour le maintien de l��quipe en Ligue 1 est une prouesse sportive.� Les dizaines de milliers de fans ne sont pas dupes et les effets d�annonce r�currents n�arrangent pas les choses. Grand nombre d�entre eux pensent que cette situation peu reluisante dans laquelle s�enlise leur �quipe est le r�sultat des choix sportifs discutables du pr�sident, Mohand-Ch�rif Hannachi. Dans la r�gion de l�ex-Rocher Noir, le pr�sident a ses admirateurs mais �galement ses d�tracteurs, encore plus nombreux. Pourtant, les deux cat�gories d�inconditionnels des Canaris s�accordent � d�plorer unanimement la situation du club. D�autres fans, recens�s dans la classe moyenne, approfondissent leur r�flexion pour constater, � coups d�arguments rendus plausibles par la conjoncture locale, une volont� d�obstruer, dans cette r�gion, un canal social � forte capacit� de r�sonance. Pour eux, la JSK est singuli�re et elle suscite aussi bien des jalousies que des convoitises. Elle est donc cibl�e. �La JSK est synonyme de communion de toute la Kabylie. On veut faire perdre � notre club sa luminosit� de rep�re�, raisonne l�un d�eux. Pour preuve, des supporters nous ont fait part de la r�pression qu�ils subissent, � Tizi-Ouzou notamment, mais surtout � l�int�rieur du pays, d�s qu�ils exhibent un drapeau jaune et vert avec le sigle amazigh. Les uns et les autres ne peuvent n�anmoins dissocier l�actuel pr�sident des r�cents succ�s enregistr�s au niveau national ou continental. �L�amour et le d�vouement du pr�sident Hannachi pour la JSK sont une �vidence. Il se bat quotidiennement pour son �quipe�, estime le docteur Djema� de l�Hospa de Boumerd�s. Cependant, les faits sont t�tus ; la JSK qui faisait peur � ses adversaires, qui remplissait les stades du pays et ceux du continent, qui mettait en transe toute une r�gion et qui faisait chavirer tout le pays de bonheur n�est plus que l�ombre d�elle- m�me. La col�re et la d�ception se mesurent � l�aune de la protesta d�clench�e par les supporters qui ne viennent plus au stade. Ils �taient en effet des dizaines de milliers � accourir � chaque match jou� � domicile ou des milliers � la suivre en d�placement mais pour l�heure l��quipe de Haute-Kabylie, cr��e en 1946 dans le sillage de l�expansion du nationalisme alg�rien, ne joue d�sormais que devant les tribunes du stade de Tizi-Ouzou pratiquement vides. L�auto-privation d�entrer au stade est un choix suivi massivement par les supporters bien organis�s autour de leurs leaders. La venue de la JSK � Boumerd�s pour le stage hivernal �tait une occasion pour entendre les supporters de cette r�gion. A noter que la wilaya de Boumerd�s qui fait partie de la Basse-Kabylie est consid�r�e comme le territoire naturellement acquis � la JSK. Les localit�s de La�ziv, Cha�bet El- Ameur, Afir, Timezrit, Ammal et A�t Amrane en sont les fiefs. CE SONT LES PAUVRES QUI GAGNENT DES TITRES �L�argent seul ne fait pas les grandes �quipes. Dites � monsieur Hannachi que ce sont les pauvres qui jouent au football et ce sont eux qui gagnent les titres. Les joueurs actuels de la JSK ne d�fendent pas les couleurs de la Kabylie mais leurs fiches de paie�, ass�ne de la lointaine petite ville d�Afir Mohand Meddah. Tous ceux que nous avons questionn�s s�inqui�tent en effet de cette am�re r�alit� : seul Belkalem, titulaire indiscutable du team, coach� depuis peu par Sandjak avant son �viction, est un enfant de la r�gion. �La r�gion n�enfante plus de grands joueurs alors que la JSK nous a habitu�s au top�, regrette le docteur Djema�. D�autres disent que les petites cat�gories sont marginalis�es. �Douze jeunes joueurs talentueux sont partis ailleurs pour �chapper � la marginalisation�, atteste, quant � lui, Amine de La�ziv. Habitu�s � la voir aux cimes du championnat, tous regrettent am�rement la situation de leur �quipe mais ne focalisent pas tous leurs attaques exclusivement contre le num�ro 1 de la JSK. �Qu�on se le dise une fois pour toutes, la JSK est une �quipe qui repr�sente une r�gion. Elle a une identit� et elle symbolise une identit�. Tenter de lui enlever cette vocation, c�est vouloir sa disparition�, ass�ne Mohamed Cheref, fan des Canaris et pr�sident de l�association Assirem (l�espoir) de Ammal. Repla�ant ses critiques dans le cadre sportif, de Cha�bet El Ameur, Boualem, 50 ans, pense que la mauvaise passe que traverse la JSK est la cons�quence de l�instabilit� et des changements intempestives des entra�neurs. Pour rem�dier � cette instabilit�, il pr�conise un changement radical. �La direction actuelle a �chou� � 100%. La JSK est une �quipe d�une r�gion et elle d�fend les couleurs de cette r�gion. Elle est devenue une �quipe quelconque.� Certains pensent que ce n�est pas seulement le boycott qui a fait fuir les supporters du stade �Le comportement des jeunes m�a choqu�. Je ne vais plus au stade�, pr�cisera Boualem. Pour le docteur Djema�, les supporters mettent trop de pression sur les joueurs qui sont jeunes et donc sensibles aux critiques virulentes. Mohamed Hassaine, 33 ans, formateur � A�t Amrane, tire sa l�gitimit� pour parler de la JSK, de son amour et de son d�vouement pour le club mais aussi de son leadership au niveau des supporters. Au moment du s�jour de l��quipe � Boumerd�s, il �tait partisan actif du boycott. Notre interlocuteur �vite le terrain min� de la politique pour situer les responsabilit�s strictement sportives sur ce qui arrive � son �quipe pr�f�r�e. �Moh-Cherif Hannachi et son entourage portent l�enti�re responsabilit� de la situation de la JSK. Je ne suis manipul� par aucune tendance politique. C�est pour la quatri�me ann�e cons�cutive que Hannachi nous promet de redresser la situation. Mais notre ch�re �quipe continue � s�enliser dans le bas du championnat. � LA D�SILLUSION Mohamed nous avait rendu visite pour la seconde fois, au moment de la venue de la JSK � Boumerd�s mais accompagn� cette fois par Touil Sid-Ali, dit Parego, de Terrad M�hand, deux supporters de A�t-Amrane, et surtout de Amrani Djamel, dit Djamel la Glaci�re connu sur la place d�Alger comme l�un des meneurs de la galerie des Canaris. Nos invit�s ont pass� plusieurs heures dans le bureau � parler de leur �quipe favorite. Le quatuor sait sur le bout des doigts tout ce qui se passe au sein de la famille de la JSK. Rien n��chappe � leur sens de l�observation et � leur capacit� de discernement. Pour eux, la JSK est digne de tous les d�vouements et celui qui veut les arnaquer par quelques mensonges ou manipulations, n�est pas encore n�. Il est �vident par ailleurs qu�ils avaient gros sur le c�ur et que personne ne pouvait les faire taire. �On nous accuse d��tre manipul�s par des politiciens. Rien n�est moins faux. C�est une vaine tentative de nous discr�diter aux yeux des supporters. De plus, nous disons aux supporters que nous ne cherchons aucun poste�, encha�nait Djamel avant de poursuivre : �Hannachi a certes donn� beaucoup � la JSK laquelle a arrach� contre vents et mar�es des titres. Nous lui disons ainsi qu�� sa famille, nous ne sommes pas contre sa personne ni contre sa famille d�ailleurs mais qu�il est temps qu�il parte. La JSK survivra � son d�part et elle se portera encore mieux. Elle a besoin d�hommes porteurs d�une nouvelle vision.� Nous faisions remarquer � notre auditoire le bilan positif r�alis� par leur �quipe favorite depuis la pr�sidence de Hannachi. �Je vous rappelle que c�est la JSK qui a eu les titres, pas les personnes. De plus, notre �quipe a-t-elle ses propres infrastructures, comme un h�tel, un centre de formation ou m�me un cercle ?� En clair, pour Sid-Ali, les titres quelle que soit leur valeur ne suffisent pas � eux seuls pour b�tir un grand club. N�est-ce pas la d�linquance qui a fait fuir les supporters du stade du 1er-Novembre ? Pour nos invit�s, il n�y a aucun doute sur le fait que �des voyous sont manipul�s et mobilis�s pour empoisonner le climat du stade et de la ville de Tizi-Ouzou qui sera ainsi montr�e du doigt devant le reste du pays�. A ce propos, Djamel nous relate une anecdote sur la d�couverte dans les tribunes du stade et avant l�entame d�une importante rencontre, des pierres et des bouteilles de bi�re vides. �Qui a int�r�t � jeter ces pierres et bouteilles dans les tribunes ?�, s�interrogeait-il. Des griefs contre le pr�sident ne manquaient pas. Certains recrutements et la marginalisation des petites cat�gories qui n�assureront plus de rel�ve hantent le quotidien des supporters. �Trois joueurs, Bouchouk, Bela�li et Belamri en l�occurrence, avaient �t� demand�s par Ighil. Ils ne valaient � l��poque � eux trois que 1,5 milliard. Hannachi avait dit �non� pour d�montrer simplement que c�est lui qui commande. Ce dernier a fini par faire venir Belamri pour 1,8 milliard. Nous ne savons pas combien a co�t� Bentchouk qui a vu son niveau baisser et qui n�a pratiquement pas jou� depuis son retour au CAB�, affirme Mohamed. A rappeler que cet entretien s�est d�roul� durant la tr�ve hivernale 2013. Par ailleurs, la venue de ce groupe � notre bureau est survenue bien avant la divulgation de la grossi�re tentative d�arnaque de ce joueur ivoirien et son manager. N�emp�che qu�ils nous avaient fait part de leur scepticisme concernant cette op�ration. �Voil� un joueur qui se dit form� � Barcelone, mais qui est totalement inconnu sur la sc�ne footballistique et veut se faire recruter par la JSK. Etrange non ?� C�est notamment l�avenir de la JSK qui stresse nos visiteurs. �R�cemment, les espoirs de la JSK ont jou� � Bordj-Bou-Arr�ridj avec la tenue des juniors encore mouill�e. C�est r�v�lateur sur l�importance accord�e aux petites cat�gories. D�ailleurs, des juniors et des espoirs talentueux quittent le club parce qu�ils sont certains de ne jamais jouer en �quipe premi�re. A la JSK, on ne pense plus, depuis quelques ann�es, ni � la continuit� ni � la rel�ve. Pour preuve, il suffit d�examiner la composante de l��quipe. Seul Belkalem est un enfant de la r�gion. Ce dernier n�a �t� retenu cette saison que gr�ce � l�intervention des supporters qui le lui avaient demand�.� Par ailleurs, les contestataires de la ligne du pr�sident Hannachi ne se font aucune illusion sur des opposants comme certains membres de la commission de r�flexion qui a �t� mise en place, selon eux, pour contrer leur action. �Nous d�fendrons notre �quipe seuls et nous ne ferons plus confiance aux manipulateurs.� C�est Djamel qui conclura par cette d�claration : �La JSK a hiss� haut les couleurs alg�riennes � travers le continent africain. Elle a repr�sent� dignement le pays et la Kabylie. Nous sommes conscients qu�elle suscite aussi bien des convoitises que des jalousies. Nous nous battons pour que notre �quipe reprenne la place qui est la sienne. �