Photo : S. Zoheir Par Ali Boukhlef Lorsque la Jeunesse sportive de Kabylie remporte, en décembre 2002, sa troisième coupe d'Afrique successive, les fans du club, et probablement les dirigeants, ont compris que ce trophée était le dernier avant longtemps. Cela fait donc exactement six ans que ce club, le plus titré du pays, n'a pas remporté une compétition continentale. Pis, le club ne joue plus les premiers rôles qui ont fait de lui l'un des plus grands du continent. C'est avec ce tableau, pas totalement flamboyant, que la Jeunesse sportive de Kabylie reprend, dès le mois de mars prochain, le chemin des compétitions continentales, pour disputer, comme chaque année, la Champion's League africaine, aux côtés de l'autre représentant algérien, l'Entente sportive de Sétif. Mais, d'ores et déjà, ni les fans, ni les observateurs de la scène footballistique, ni les responsables du club ne semblent avoir d'enthousiasme quant à une performance particulière du vice-champion d'Algérie. Et ce n'est pas l'ambition qui manque chez les dirigeants du club. Ce sont plutôt les moyens qui font défaut. Ou ce sont plutôt, les moyens qu'il faut qui n'ont pas été mis en place. Difficile, pourtant, d'imaginer une coupe d'Afrique sans la JSK. Mais au lieu de jouer les premiers rôles, le club est réduit à jouer les figurants, au grand dam des supporters, de moins en moins nombreux à se rendre dans les stades ne serait-ce que pour voir leur équipe. Il est vrai que la Jeunesse sportive de Kabylie n'évolue pas dans une île isolée, mais dans un championnat qui ne fait plus recette. La JSK est une équipe représentant un pays qui s'appelle l'Algérie et dont le football se trouve dans une situation catastrophique, malgré les bons résultats de l'équipe nationale. La première raison du déclin du club phare de Kabylie est à chercher, donc, du côté du niveau du championnat national dont le déclic n'arrive toujours pas. Petite illustration : cela fait au moins une dizaine d'années que la JSK réclame un stade digne de sa stature. En vain. Il est vrai que les travaux de terrassement ont commencé il y a de cela quelques mois, mais le projet n'est pas près de voir le bout du tunnel. Ce n'est ni l'argent ni le terrain qui manquent, mais une main a écrit quelque part sur un olivier des montagnes de Kabylie que le projet va prendre encore du temps pour des raisons mystérieuses. Il n'y a qu'à voir le nombre de fois que le lancement du projet a été reporté pour s'en rendre compte. La deuxième raison, et c'est l'une des plus importantes, de ce recul du club kabyle est sans conteste le manque de financement. Il est vrai que ce problème touche aussi d'autres équipes. Mais par le passé, le club que préside Mohand-Cherif Hannachi depuis au moins seize ans ne connaissait jamais ce genre d'ennuis. Si l'actuel président met en avant le manque d'engouement des sponsors -la région compte pourtant de grands noms du monde des affaires- ses détracteurs, eux, mettent en avant l'hégémonie qu'exerce le boss sur les affaires du club. C'est d'ailleurs l'un des plus grands couacs qui opposent Hannachi à d'autres anciens joueurs ou dirigeants. Résultats des courses : l'équipe est dans une instabilité chronique au point que l'effectif a été renouvelé à des proportions qui ne donnent pas d'espoir. Pendant que d'autres dirigeants s'adjugent les grands noms du football national -même si c'est relatif- le président du club kabyle se contente de joueurs qui viennent de clubs inférieurs, quoique certains d'entre eux finissent par s'imposer avant de changer d'air. L'autre grand problème dans lequel patauge le club de Djurdjura est celui de l'instabilité, notamment du staff technique. Là aussi le problème touche effectivement d'autres clubs, mais les résultats néfastes sont connus de tous. Et l'histoire a démontré que la JSK a connu ses plus beaux jours lorsque le staff technique était stable : le duo Khalef-Ziwotko est resté une décade à la tête de la barre technique des Canaris. Mais, autres temps, autres mœurs, c'est l'inverse qui est en train de se passer. Rien que cette saison, le Français Lang est parti à la fin de la saison dernière avant de revenir au début de l'année en cours. Il a fini par être remercié en pleine saison, ce qui a conduit la JSK à rester sans entraîneur professionnel malgré le dévouement de deux enfants du club, Rezki Amrouche et Karouf. Cela dit, malgré tout, les Canaris continuent à jouer, au plan national, les premiers rôles. En attendant un autre titre local, les fans espèrent une nouvelle consécration continentale -le club en compte déjà six tout de même- pour se réconcilier avec un sigle (JSK) qui constitue autant une équipe de football qu'un emblème pour toute une région.