Second séjour officiel du président de la République en France pour raisons de santé. Comme en 2005, Abdelaziz Bouteflika séjourne dans un hôpital militaire, celui du Val-de-Grâce. Son hospitalisation dans ce même établissement en 2005 avait donné lieu à des spéculations, des fuites organisées et des polémiques. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Son état de santé ayant nécessité un transfert à l'étranger, c'est tout naturellement que le président de la République a été évacué en France pour plusieurs considérations. D'abord parce que l'Etat algérien est par convention avec l'hôpital Valde- Grâce. La proximité géographique, les relations bilatérales et le fait que le dossier médical de Abdelaziz Bouteflika soit déjà entre les mains des médecins français ont certainement dicté ce choix également. Tout comme en 2005, c'est dans un hôpital militaire que le président de la République est hospitalisé. Tout militaire qu'il soit, cet établissement ne s'est pas avéré être une citadelle inviolable puisqu'avant même qu'aucune information officielle ne soit divulguée sur ce déplacement du président de la République, les médias français avaient grillé la politesse aux circuits officiels pour annoncer l'hospitalisation de Bouteflika. Jean-Marie Le Pen, à l'époque encore à la tête du Front National, avait été le premier à annoncer sur les ondes d'une radio française la présence du chef de l'Etat algérien sur le sol français. Fidèle à sa réputation, le numéro un du Front National s'était attaqué en règle à Bouteflika, déclarant : «Je trouve scandaleux que M. Bouteflika se permette de dire ça publiquement et, le lendemain, être chez nous pour se faire soigner, car il est chez nous aujourd'hui pour se faire soigner. Je ne comprends pas très bien que ce monsieur vienne se faire soigner chez les abominables colonialistes que nous sommes.» Les Algériens étaient alors réduits à apprendre par la bouche de Le Pen, relayé par les médias français, que l'état de santé de leur président s'était dégradé. Face aux rumeurs les plus folles, la télévision nationale a, sur instructions, dû retransmettre des images de la sortie du président de l'hôpital, le 17 décembre 2005. Bouteflika avait alors lui-même déclaré face aux caméras : «Le peuple n'a pas du tout à être inquiet. Nous n'avons rien à cacher. Nous avons tout dit, en totale clarté et en toute transparence. » Des propos qui faisaient suite à une autre polémique, celle lancée par le professeur Bernard Debré, chef du service d'urologie de l'hôpital Cochin, qui avait sérieusement remis en cause la version officielle. Dans un entretien accordé au Parisien en décembre 2005, il affirmait que «quand on a un ulcère simple à l'estomac, cela se traite en quelques jours. Quand on a un ulcère hémorragique, cela peut se traiter soit médicalement avec une fibroscopie, soit exceptionnellement en chirurgie, mais dans cette hypothèse- là, le postopératoire ne dure pas plus de six jours. Il est donc disproportionné qu'il soit encore à l'hôpital. » Ajoutant que «l'illustre patient souffrirait d'un cancer de l'estomac avec des complications, c'est-à-dire qu'il a des ganglions, des métastases » et concluant que «la seule chose qu'on sache : ce qu'on nous dit sur sa santé ne peut pas être vrai». Des propos qui avaient fait réagir le médecin traitant de Bouteflika qui soutenait alors qu'il s'agissait bel et bien d'un ulcère hémorragique. «Cela a nécessité une intervention chirurgicale assez bénigne puisqu'elle n'a pas duré plus d'une heure et une période de suivi postopératoire de 30 jours et, de ce fait, nous sommes tout à fait dans les normes.» En anticipant et en communiquant dès les premières heures de son transfert, le cercle présidentiel tente d'éviter un remake de l'épisode de 2005.