Le mandat présidentiel en cours de Bouteflika, le troisième consécutif, apparaît en tous points comme le mandat de trop. Conséquence d'une santé de plus en plus déclinante, l'initiative politique du chef de l'Etat est devenue, au fil des derniers mois, molle, voire ténue. C'est, en effet, un président affaibli politiquement qui clôt, poussif, quatorze années de règne. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Son malaise, un mini- AVC, selon la source médicale officielle, survient à un moment trouble de son long magistère. Il attise du coup la supputation politique autour, d'abord, de sa capacité à finir son mandat actuel et autour, ensuite, de la question du 4e mandat relativement auquel il n'est toujours pas parvenu à se déterminer. Une indécision qui s'assimile à une contrariété, conséquence du souffle de vents contraires de plus en plus forts. Après un premier mandat et l'entame du second plutôt sereins, Bouteflika, après une première hospitalisation au même Val-de-Grâce, pour un ulcère hémorragique, a dû se ménager physiquement. La longue convalescence médicale à laquelle il a été alors astreint, puisque prescrite absolue par ses médecins, a entraîné une convalescence politique, plus visible et, donc, aisément constatable. Lâché par sa santé, Bouteflika a dû commencer par s'abstenir d'effectuer les longs voyages à l'étranger, rompant ainsi avec un activisme débordant qui l'avait auparavant mené dans tous les forums et conférences, aux quatre coins du monde. A l'intérieur, ses activités devaient aussi décliner, passant d'excessives à modérées. Sorti de sa convalescence médicale, le chef de l'Etat n'a pas retrouvé pour autant son entrain politique, même s'il postule et s'adjuge, en 2009, un troisième mandat supplémentaire. Une baisse de rythme de plus en plus marquée au fil des années, frisant l'incapacité ces derniers mois. L'engourdissement politique, chez lui, depuis sa reconduction pour la troisième fois de suite au Palais d'El-Mouradia, a été patent. L'approche de la présidentielle de 2014 le trouve quasiment omnipotent, du moins absent, se réservant aux seules obligations protocolaires, déléguant tantôt Bensalah, tantôt Belaïz pour le représenter à l'étranger et chargeant le Premier ministre Sellal d'aller à la rencontre des populations locales. Rapport de force défavorable N'apparaissant que pour satisfaire aux obligations protocolaires auxquelles il ne pouvait se soustraire et ayant réduit de façon significative son expression publique, Bouteflika a cédé, malgré lui, du terrain à ses adversaires politiques. Ces derniers, l'ayant senti incapable de parade, se sont mis à la manœuvre, avec panache et méthode. Les révélations sur la corruption ont fini, de proche en proche, par atteindre et éclabousser son cercle immédiat. Les soupçons de corruption qui pèsent sur l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, un proche, et sur son secrétaire particulier, M. Rougab, concerné par une enquête autour de l'accaparement illicite de 400 unités AADL et d'autres affaires encore, en sont l'illustration parfaite. Face aux enquêtes des services de sécurité, ciblant des personnes de son entourage, et les déballages médiatiques qui leur donnent suite, Bouteflika s'est montré impuissant, confirmant son affaiblissement politique, déjà notoire avec les handicaps organiques auxquels sont soumis les deux partis de l'Alliance présidentielle, le FLN et le RND. Deux partis en rade, depuis plusieurs semaines, sans chefs alors que le moment politique est crucial. L'affaiblissement politique de Bouteflika a fini, par ailleurs, par apparaître aux prétendants à son soutien pour un 4e mandat. Ce qui ressort du revirement éloquent dans les positions du président du TAJ, Amar Ghoul, et du secrétaire général du MPA, Amara Benyounès, qui, après avoir appelé Bouteflika à se représenter pour un 4e mandat, se sont ravisés et déclaré qu'ils soutiendraient Bouteflika s'il se représentait.