Son tout dernier discours comme président du Mouvement Bouguerra Soltani l'a voulu celui du bilan de son action à la tête du MSP durant une décennie. Un bilan qu'il a pris soin de «positiver» dans la perspective de sa plus que probable candidature à la présidentielle d'avril prochain. Mohamed Kebci - Alger Le Soir) - Une ambition qu'il ne cache nullement, lui qui déclarait, lundi dernier, lors d'une conférence de presse de présentation du congrès ordinaire du parti qui a démarré ce jeudi et qui doit s'achever cet après-midi, qu'il était loin d'être fini politiquement et qu'il avait encore un rôle à jouer sur la scène politique nationale. Pour ce faire, Soltani a défendu bec et ongles son règne décennal à la tête du MSP avec les deux facettes l'ayant principalement caractérisé, le compagnonnage du pouvoir avant de claquer la porte de l'Alliance présidentielle et de faire l'expérience de l'opposition dans le cadre de l'Alliance verte qu'il a mise sur pied de concert avec les deux autres mouvements de la mouvance islamiste. Dans son discours inaugural de ce congrès, le 5e de rang, intervenu en milieu d'après-midi de jeudi, le président sortant du MSP a considéré la participation du MSP à l'Alliance présidentielle comme une occasion qui a permis au mouvement de faire partie de la «cour des grands». Ceci en sus du fait que cette politique de l'entrisme comme plus d'un qualifie cette démarche, a permis la sauvegarde de «la stabilité de l'Etat et l'union de la nation». Et d'évoquer, dans ce sillage, «le projet de concorde civile élargi et approfondi, pour donner naissance à la réconciliation nationale», s'enorgueillira- t-il ou presque. Soltani soutiendra dans son effort de justification de son soutien au pouvoir de 1994 à 2011 que cette option était dictée par le devoir national et la conjoncture de l'époque. Et par ricochet, le désormais ex-patron du MSP ne pouvait pas se permettre de remettre en cause le bilan du président de la République puisqu'il ne le considère pas tout entièrement «noir», comme le présentent certaines parties. Soltani avancera comme arguments à son appréciation, «le rétablissement de la paix et de la sécurité, et le paiement de la dette extérieure». Ceci, bien entendu, la nouvelle stature que l'on veut imprimer au mouvement celle de l'opposition, oblige, sans omettre de relever la manque manifeste chez le pouvoir de toute volonté de réel changement, lui qui a, depuis son divorce d'avec l'Alliance présidentielle et son retrait du gouvernement, jamais raté une occasion pour considérer les réformes politiques engagées par le président de la République comme ayant été «dévoyées», lui qui n'a jamais «avalé» le fait que le printemps algérien ait, à ses yeux, un «goût d'inachevé». Mais ces justificatifs de Soltani quant à sa participation au gouvernement puis son retrait du cercle proche du pouvoir pour s'engager aussitôt dans une autre alliance avec deux mouvements frères certes mais squelettiques la voulait comme, s'écrouleront comme un château de cartes quand il avouera un peu plus tard «assumer la responsabilité morale des erreurs commises, ces dix dernières années». Des erreurs qui ne pouvaient être autre justement que cette stratégie de l'entrisme depuis plus d'une décennie après son abandon qui ont valu au mouvement, une hémorragie dans ses rangs avec le départ de nombre de cadres qui ont opté pour d'autres «aventures partisanes» en solo. A l'image de Belmehdi, Ghoul et Menasra qui ont entraîné dans leurs sillages beaucoup de militants, chose dont Soltani s'est toujours défendu. Preuve on ne peut plus tangible du divorce consommé entre le MSP et ses dissidents, les deux premiers n'ont même pas honoré l'invitation qui leur a été faite pour assister à l'ouverture des travaux du congrès. Un congrès qui s'est poursuivi hier, à huis clos, avec des tractations menées en groupes de deux à trois personnes en vue de faire élire le successeur de Soltani qui sera, à ne point douter, Abderrahmane Saidi ou Abderrezak Mokri. Le duo sera départagé ce samedi en milieu d'après-midi, à moins d'un retard, encore un, comme celui observé au premier jour, avant-hier.