Les commissions rogatoires instituées dans le cadre de l'instruction de l'affaire Sonatrach 2 ont touché un très grand nombre de pays. C'est le premier responsable du département de la justice qui a fait état de cette information, hier, lors d'un point de presse animé en marge de sa tournée algéroise. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - L'instruction engagée par le pôle judiciaire spécialisé du Centre dans le cadre de l'affaire Sonatrach n'est pas limitée dans le temps. Selon le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Mohamed Charfi, «l'instruction se poursuit toujours et par voie de conséquence, on ne peut pas fixer un temps précis pour se fixer dans cette affaire». Pour le ministre de la Justice, «la complexité de cette affaire recommande à notre justice plus de rigueur et de temps». «Ce n'est pas une affaire simple qui se limite à notre pays. Il y a des commissions rogatoires qui sont parties un peu partout, dont en France, en Italie et dans d'autres pays», a indiqué le ministre de la Justice, garde des Sceaux. Il fera savoir, également, «que tous ceux qui seront reconnus coupables dans cette affaire rendront compte de leurs actes devant la justice. Il ne faut pas se précipiter. L'instruction se poursuit toujours à un rythme soutenu. Je vous promets qu'un compte rendu détaillé vous sera communiqué en toute transparence prochainement». Le ministre de la Justice a ajouté à ce propos que «tous les justiciables sont égaux devant la loi, et il n'y a pas une affaire de corruption plus importante qu'une autre. Il n'y a ni grande et ni petite affaire. Devant la loi, tout le monde est égal». En effet, en octobre 2012, une nouvelle information judiciaire avait été ouverte au niveau du pôle pénal spécialisé près le tribunal de Sidi M'hamed, à la suite des révélations contenues dans les réponses des commissions rogatoires délivrées par le parquet d'Alger dans le cadre de la première affaire Sonatrach. La commission rogatoire a mis en relief de nouvelles révélations sur des personnalités liées à Sonatrach. Parmi elles, Chakib Khelil, Rédha Hamch (son homme de confiance et ex-directeur de cabinet Mohamed Méziane (P-dg de Sonatrach), ainsi que Chawki Rahal (ancien vice-président chargé de la commercialisation). Ainsi et face à cette nouvelle donne, un nouveau juge a été chargé de mener l'instruction. Il est à rappeler que le parquet d'Alger avait ordonné, le 10 février dernier, l'ouverture d'une enquête sur une «éventuelle affaire de corruption liée à des contrats entre le géant énergétique italien Eni et la compagnie pétrolière nationale Sonatrach, après l'ouverture d'une enquête sur la même affaire par le parquet de Milan». L'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil ainsi que Farid Bedjaoui seraient au cœur de cette grosse affaire d'une grande «machine à commission». Tullio Orsi, ex-P-dg de Saipem Algérie, avait avoué une commission de 197,9 millions d'euros versée pour obtenir des marchés, expliquent des sources citées par la presse, qui ajoutent que «les commissions et les rétro-commissions ont été touchées par Farid Bedjaoui, le conseiller financier de Chakib Khelil». La même source ajoute que le montant exact versé sur le compte de la société Pearl Partners LTD de Farid Bedjaoui, domiciliée à Dubaï, est de 198 134 798 euros, soit 257 575 137 de dollars. Il faut savoir que Farid Bedjaoui est associé à Khaldoun Khelil, le fils de l'ex-ministre (dont l'épouse est également associée dans plusieurs sociétés domiciliées en Syrie, au Liban, Jordanie et en Egypte). On indique, également, que ce scandale pourrait avoir des prolongements au Canada, touchant également le géant de l'ingénierie SNC Lavalin. Le procureur général près la cour d'Alger, Belkacem M. Zeghmati, avait indiqué que les informations sur la base desquelles l'action publique a été mise en mouvement provenaient des diverses commissions rogatoires internationales parvenues aux autorités judiciaires algériennes de la part de leurs homologues étrangères. «Le juge d'instruction en charge du dossier devait, en premier lieu, s'assurer du bien-fondé de ces informations, de leur exactitude et de leur crédibilité », a-t-il précisé. «Si l'identité des personnalités algériennes, ministre ou cadres de la Sonatrach, visées dans cette affaire, a été clairement portée à la connaissance de l'opinion publique par les organes d'information nationaux et étrangers, la loi algérienne n'autorise pas l'autorité judiciaire à le faire avant leur inculpation officielle», a encore soutenu M. Zeghmati. Ce sont toutes ces nouvelles donnes qui poussent, aujourd'hui, le ministre de la Justice à dire que «l'instruction de cette affaire ne peut être limitée dans le temps ».