Considérés comme «héros» à un moment donné, ils se sentent aujourd'hui comme des «mercenaires». Ils avaient déjà accompli le service national quand le ministère de la Défense nationale les avait rappelés pour combattre le terrorisme. Ils sont 123 000 à avoir répondu à cet appel entre 1995 et 1999. Cela fait plus de dix ans qu'ils se battent pour décrocher une «reconnaissance ». Ni la loi sur la concorde civile ni celle portant réconciliation nationale, ont-ils souligné, ne leur ont rendu justice. «Nous ne savons pas à qui reviendra le pouvoir dans 20 ou 30 ans. Qui nous garantit que nous ne serons pas les harkis de demain ? ! Nous avions choisi, volontiers, le camp de la République. Nous ne sommes pas des mercenaires ! Nous ne demandons pas de l'argent, mais une reconnaissance », ont-ils asséné hier, lors de l'assemblée constitutive de la désormais Coordination nationale des mobilisés. Réunis hier au siège de la Ligue algérienne des droits de l'homme, sis au 12, rue Dr Saâdane, à Alger, des délégués de 33 wilayas des différentes régions du pays ont créé une coordination provisoire qui devrait porter leurs revendications. Ils l'ont dotée d'un bureau exécutif de quatre membres, à savoir Lounès Ouaked, Abdelkader Bentitou, Chérif Takourabi et Ali Chaâlal. De même qu'ils ont désigné un chargé de communication en la personne d'Ali Babassi. Le bureau de la Coordination a été mandaté d'abord pour la structurer et ensuite pour organiser les actions à entreprendre en vue de négocier avec les autorités du pays. Et il n'est pas exclu qu'ils fassent une grande marche à Alger dans les prochains jours. Il a été, en effet, convenu, que le bureau se réunisse sous peu et décide du jour de la marche. «Ils savent bien ce que nous revendiquons. Il ne sert à rien de le leur rappeler. Il est temps pour Gaïd Salah (chef d'état-major de l'ANP, ndlr), qui sillonnait le pays dans un hélicoptère pour convaincre les jeunes à combattre aux côtés de l'armée, de tenir ses promesses. Il nous avait alors promis monts et merveilles et fait maintenant la sourde oreille à nos revendications», s'offusque-t-on. Ces rappelés, qui exigent une «reconnaissance pour ce qu'ils ont donné à la République», ont inclu aussi des revendications sociales : un statut, des indemnisations, la prise en charge des invalides, des crédits sans intérêts, des exonérations fiscales, des licences d'exploitation de taxi et de café, des quotas de logements, des priorités dans le recrutement.