Dans un article de diffamation intitulé «Le printemps arabe : une révolution contestée, Des collabos aux vieux caciques vendus», rédigé par Ali El Hadj Tahar, et publié dans votre journal le 14-5- 2013, pour donner du Printemps arabe l'image d'un complot international, l'auteur a dévié de la voie de l'objectivité et a diffusé des informations mensongères, voire des contre-vérités. Parlant de moi, il a écrit que : «Le premier président du CNS était Burhan Ghalioun, le conseiller politique d'Abassi Madani, qui a vécu presque toute sa vie en France, en tant qu'enseignant de sociologie mais n'a jamais été considéré comme opposant au pouvoir syrien jusqu'au jour où il fallait lancer le "printemps" syrien : un réseau dormant, ça sert un jour ou l'autre !». Il est étonnant qu'un journaliste osant écrire sur le Printemps arabe ignore la carrière intellectuelle et politique de Burhan Ghalioun qui a été depuis un demi-siècle, par ses écrits et son action, à l'avant-garde du combat pour la liberté et la démocratie du monde arabe, qui a vécu en Algérie entre 1975 et 1978, enseignant à l'Institut des sciences sociales, et dont certains de ses livres y ont été édités, dont notamment Manifeste pour la démocratie. Plus grave encore, la volonté de semer la confusion au sein de l'opinion algérienne sur ses idées politiques, en faisant de B. Ghalioun le conseiller de Abassi Madani, dont l'histoire personnelle et politique est totalement étrangère à celle de Monsieur Ghalioun. Dénigrer le printemps arabe et ses initiateurs, par peur d'affronter les conséquences d'une gouvernance extrêmement exclusive et répressive des régimes politiques archaïques et mafieux, n'arrange ni la vérité ni la démocratie. Il ne servira en rien la cause de la laïcité, de la liberté et de la modernité ni celle de ceux qui prétendent les défendre. Le mépris de la vérité fait partie du mépris du peuple, et ne fait qu'affaiblir encore plus la crédibilité de ceux qui l'éprouvent, risquant de pousser nos sociétés encore plus dans la contestation, l'explosion et la violence. B. G. La réponse de Ali El Hadj Tahar Oui, j'ai lu le livre de Burhan Ghalioun, Islam et politique et son Manifeste, où il plaide pour une démocratie arabe... Mais en tant que premier président du Conseil national syrien, Monsieur Ghalioun a été poussé à démissionner à cause de son incapacité à transformer le CNS en institution démocratique. C'est en tout cas ce que lui a reproché Yassef Tabara, un membre du CNS. En outre, «Burhan Ghalioun est accusé par un grand nombre de membres du CNS de n'être qu'une façade des Frères musulmans, malgré ses affinités de gauche et nationalistes arabes. Enfin, les Kurdes le soupçonnent de passivité face à l'influence grandissante de la Turquie au sein du CNS», écrit Radio France Internationale. Oui, les livres de Burhan Ghalioun sont un appel à «la liberté et la démocratie du monde arabe» mais il y a des décalages flagrants entre ces textes et les faits du personnage politique. Nous, en tant qu'Algériens, considérons que l'engagement démocratique ne se départit pas de l'engagement humaniste surtout s'agissant de la Palestine. Or, M. Ghalioun a déclaré dans une interview au Wall Street Journalque si le CNS arrivait au pouvoir il romprait les liens militaires avec l'Iran et cesserait d'approvisionner le Hezbollah et le Hamas. Cette orientation, dit-il, vise à inscrire la Syrie dans la coalition avec de «grandes forces arabes» dans la région, entendant par là le Qatar et l'Arabie saoudite... au détriment de la Palestine. Evidemment, cela cadre avec le plan sioniste que le Qatar est chargé d'appliquer et qui ferait de la Syrie un supplétif de Doha et d'Istanbul. C'est ça la «cause arabe, démocratique et moderniste» dont se targue M. Ghalioun ! En outre, M. Ghalioun a aussi annoncé la volonté du CNS d'abandonner la voie militaire pour récupérer le Golan occupé par Israël depuis 1967 et d'opter uniquement pour les négociations. «Le chef de l'opposition syrienne présente ainsi ses lettres de créances aux Etats-Unis et à Israël et satisfait les principales exigences de ces deux pays sans contrepartie», écrit Pierre Khalaf sur le démocrate qui prend des décisions qui engagent 20 millions de Syriens sans consulter son peuple. D'ailleurs nous n'avons pas entendu M. Ghalioun dénoncer les raids israéliens contre la Syrie malgré les nombreux morts qu'ils ont faits parmi les soldats syriens. Monsieur Ghalioun n'est pas à une contradiction près : d'abord il s'est opposé à la militarisation de la révolte, puis il s'est déclaré favorable à l'armement de l'Armée syrienne libre ensuite il a carrément exhorté la «communauté internationale» à recourir à l'ingérence militaire. Pourtant, il n'ignore pas que pareille «ingérence humanitaire» a fait deux millions de morts en Irak et plus de 50 000 décès en Libye.