«La terre est mon village» est l'intitulé de l'exposition de l'artiste peintre Boubeker Hamsi, organisée depuis dimanche au hall du Théâtre de Béjaïa. Après Bruxelles, Paris et Alger, l'artiste peintre a déménagé son exposition «La terre est mon village », dans laquelle il déroule et sublime ses réminiscences d'enfant en faisant la part belle aux réjouissances de sa région natale et leurs couleurs prenantes et mirifiques. Composée de 25 toiles, dont 3 nouvelles, l'exposition révèle la plénitude du talent de l'artiste qui s'affirme maître dans l'art graphique et pictural, peignant de façon naïve, enjôleuse et n'obéissant à aucun mode de création préétabli, sinon celui que lui commande son imagination et son inspiration. «Je ne travaille pas sur des perspectives. C'est mon crayon, ma plume et mon pinceau qui me guident », relate-t-il, en disant : «Je trace les silhouettes et les contours au crayon, puis je les repasse à l'encre de Chine, et j'applique ensuite la peinture pour imprimer les couleurs avant de revenir à l'encre de Chine.» Beaucoup de travail, en somme, rendu encore plus méritoire par le nombre de schémas, reproduits à l'infini. C'est le cas de Une journée dans le village, Le grand repas ou encore Le grand potager, autant de toiles, truffées de figurines expressives dont la reproduction «remplit le regard mais ne le déborde jamais», car subtilement miniaturisées et répétées. En fait, toute la subtilité et la force des œuvres tiennent dans la dichotomie entretenue, entre la peinture naïve et réaliste, la simplicité et la géométrie des décors, la minutie des détails et la globalité des scènes, dont le mélange renseigne si besoin est, sur leur maîtrise technique. Hamsi, en les noyant dans une apparence simpliste, en a fait des peintures académiques. «A l'évidence, son inspiration et son âme de poète ont magnifié le travail rendu, et la simplicité de son travail nous éveille à des scènes de vie tellement évidentes qu'elle élève la naïveté au rang du sublime», a commenté en préface du catalogue de l'exposition, le romancier Yasmina Khadra. Hamsi, en abordant des sujets divers, comme la fête au village, les repas et les réjouissances collectives, la beauté féminine, les bijoux, les costumes traditionnels, balaie large pour faire revivre des plaisirs d'enfance, dont il s'est coupé, après avoir élu domicile à Bruxelles, et plaider son attachement à l'authenticité sans pour autant brider l'ouverture à l'autre et à l'universalité. «Je veux jeter des ponts de compréhension et de tolérance entre les cultures et les civilisations», a-t-il confié. Tel est son message subliminal. Et ses toiles en portent la résonance. Elles sont atemporelles et universelles.