S'étant découvert sur le tard une ambition politique, le fondateur et ancien secrétaire général de Reporters Sans Frontières (RSF), Robert Menard, enlève son masque et montre son vrai visage. C'est sur le soutien du Front National (FN) de Marine Le Pen, parti d'extrême droite, ouvertement raciste, qu'il fait reposer ses espoirs d'être élu à Béziers, lors des municipales de 2014. Anti-algérien jusqu'à la moelle, Menard a consacré, durant les années 1990, le gros de ses activités à médire de la presse et de l'armée algériennes. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) On ne peut pas dire que Robert Menard a dérivé vers la droite extrême. Il a toujours été de ce bord, même s'il cultivait un profil faussement de gauche. Une affinité politique avec le Front National ne se découvre pas par inadvertance. Elle ne peut qu'être cultivée de longue date. Il y a deux ans, il a publié un opuscule qu'il a intitulé «Vive Le Pen», pour, s'est-il éreinté à expliquer sans trop convaincre, dénoncer la censure médiatique, qui, selon lui, frappait systématiquement le Front National. Par là, Robert Menard déclare sa flamme au parti des Le Pen, père et fille, dont il épouse toute l'idéologie xénophobe. Et le voilà, deux ans plus tard, entièrement fondu dans le moule de l'extrême droite, au point de se voir, en retour, gratifier du soutien électoral du FN dans une circonscription où le parti est bien implanté. «Aujourd'hui, le FN a choisi de soutenir mon initiative. Tant mieux. D'autres s'apprêtent à le faire. Je mènerai une liste qui rassemblera au-delà des étiquettes», a-t-il annoncé sur son site de campagne pour les municipales de 2014. Ce soutien est le fruit de «discussions de longue date», a confirmé à Reuters France Jamet, conseillère régionale du bureau politique du Front National. L'implication de Robert Menard avec le Front National a fait réagir SOS Racisme. Dans un communiqué rendu public, l'organisation «appelle les électeurs à ne pas s'y tromper, accepter le soutien du Front National, c'est accepter son idéologie et le passé nauséabond de ce parti». SOS Racisme a bien raison de délivrer l'alerte. Robert Menard ne fréquente pas le Front National juste pour faire parler de lui en cette période de campagne électorale. L'ancien journaliste croit en l'idéologie du Front National. En 2012, dans un ouvrage cosigné avec Thierry Rolando et publié aux éditions Mordicus, il fait sien le slogan des ultras de l'Algérie française. Provocateur mais néanmoins convaincu, il a intitulé son pamphlet «Vive l'Algérie française». Et c'est avec ce même «vive» qu'il chapitre son autre pamphlet dédié au Front National. Né en 1953 à Oran, Menard, qui a fondé RSF en 1985 et qu'il a présidé jusqu'en 2008, s'était auparavant distingué par ses attaques répétées contre la presse algérienne qu'il accusait, à tort, d'être à la solde des généraux et qu'elle pratiquait l'autocensure pour passer sous silence les atteintes aux droits de l'Homme. Menard prenait ainsi fait et cause pour les islamistes du FIS dissous. Un des hérauts du «qui-tue-qui ?» en Algérie faisait la tournée des plateaux télé pour accabler la presse algérienne déjà fortement ensanglantée par le terrorisme islamiste. La presse algérienne n'a à aucun moment trouvé grâce dans les rapports qu'établissait son organisation. Aussi, quand il a eu l'idée de venir en Algérie en juin 2000, c'est avec des Unes barrées de «Repartez chez vous, M. Menard» que cette presse qu'il n'avait de cesse de vilipender lui a signifié qu'il était indésirable. Elle ne s'est pas trompée sur son compte : il a toujours été raciste et xénophobe. Il vient d'en donner, si besoin est, la preuve.