Des sites d'institutions de l'Etat algérien comme la présidence de la République, le secrétariat général du gouvernement ou encore la télévision gouvernementale (ENTV) ont été déjà attaqués dans le sillage des évènements ayant marqué les premiers mois de l'année 2011 après «les émeutes de l'huile et du sucre». Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Le faible taux de pénétration d'Internet en Algérie (14 %) ne l'a pas prémunie contre les cyber-attaques qui ont touché y compris les sites de ses institutions de souveraineté. Des attaques qui ont été menées à travers des terminaux domiciliés sur les cinq continents. Un classement récent a même placé l'Algérie comme le dixième pays le moins sécurisé au monde. Cette vulnérabilité n'est néanmoins pas le propre des pays sous-développés car, ce sont plutôt les Etats-Unis d'Amérique – objet d'intrusions qui ont eu à faire face, entre autres, à une paralysie de leurs plus importantes banques (Bank of America, JP Morgan...) pour ne citer que celles-là –, qui «militent» pour revoir le droit international et qualifier les cyber-attaques comme un acte de guerre. Si les spécialistes en cryptologie sont d'accord qu'il n'existe pas un risque zéro, qu'il est très difficile voire impossible d'identifier l'agresseur, des mesures doivent être prises pour au moins réduire les risques inhérents à l'utilisation de la Toile. «50% des intrusions sont dues à des erreurs internes que commettent des employés ne respectant pas les règles d'utilisation des réseaux», a estimé M. Abdelaziz Derdouri, patron de SSRI, une Eurl spécialisée dans la sécurisation des réseaux informatiques. Hack-activisme M. Derdouri, qui a présenté hier, à l'hôtel Hilton d'Alger son «CyberSec 1», qui se déroule aujourd'hui dans ce même hôtel, un séminaire dédié à la sensibilisation quant à l'importance de la sécurité informatique, a insisté sur la prévention. L'exposé de M. Derdouri, se basant sur des statistiques produites par différents centres de recherches occidentaux est éloquent. Les virus enregistrent une croissance exponentielle – à raison de 100 000 maliciels (virus, ndlr) par jour en 2012 – face à laquelle, le développement d'antivirus ne suit pas. La bataille contre les cybercriminels s'avère perdue d'avance. 100 millions de virus circulent sur Internet, 60% sont des «chevaux de Troie» destinés à voler de l'information, près de 40% des terminaux sont affectés, on parle plutôt d'armes d'interruption massive... œuvres de terroristes, d'activistes et même des Etats, les cyber-attaques sont ainsi en mesure de déstabiliser des Etats. Les dégâts recensés un peu partout dans le monde sont incommensurables. Le temps perdu à cause des cyber-attaques a ainsi engendré des pertes de l'ordre de 274 milliards de dollars américains en 2012. S'attaquant à des points névralgiques comme des infrastructures gérées par l'outil informatique, les réseaux de téléphonie mobile, les agresseurs visent à bloquer des services, à voler des informations ou à créer des problèmes tout simplement. Le piratage du réseau d'un opérateur de téléphonie mobile en Inde et l'envoi massif de SMS à ses abonnés propageant une rumeur selon laquelle les populations du nord-est du pays font l'objet de massacres, ont provoqué une panique générale dans le pays qui s'est soldée par 90 morts, des centaines de blessés et 400 000 déplacés. Les exemples ne manquent pas : l'attaque du système de commande d'un générateur électrique en Russie avait fait accélérer ses turbines et causé une terrible explosion. Un marché florissant La Toile constitue aussi un terrain propice pour les activistes de toutes les causes de profiter de l'anonymat et porter leurs revendications sociopolitiques à l'image du mouvement Anonymous qui fait le buzz actuellement. Les risques se calculent suivant les menaces, les vulnérabilités et les conséquences mais les cybercriminels comptent l'argent, les terroristes y voient un moyen de propagande, de recrutement, d'attaquer et de se faire entendre. Une multitude de sites qui proposent des services de vente de cyber-armes (virus) a vu ainsi le jour et il suffit de disposer d'une carte de paiement électronique pour y accéder. La cybercriminalité rapporte gros et, exit les pertes, ce sont 114 milliards de dollars qui ont bénéficié aux cybercriminels en 2012 (411 milliards USD pour la drogue.