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Alsat2
Satellites algériens et composants israéliens
Publié dans Le Soir d'Algérie le 05 - 06 - 2013

Découvrir par hasard au dos d'une plaquette publicitaire qu'un des fournisseurs du programme spatial algérien est une entreprise de défense israélienne a de quoi étonner et pourtant, l'affichette publicitaire du géant européen EADS présente bien IAI Tamam comme faisant partie du groupe d'entreprises qui ont conçu la gamme de satellites ALSAT2.
IAI (Israël Aerospace Industries), à travers sa filiale Tamam, a fourni, selon les informations disponibles sur internet, des composants critiques de la suite électro optique des satellites algériens. Plus précisément, les équipements permettent à ALSAT2 de déterminer son orbite et son altitude. S'ils sont contrôlés à distance, ils sont en mesure de transmettre des informations erronées aux systèmes de guidage ou de prise de vue. Pour mieux comprendre les raisons de cette situation, il faut revenir à l'histoire du programme spatial algérien. Depuis la fin des années 1980, l'Algérie a connu deux programmes spatiaux et deux agences spatiales, correspondant en gros à l'avant Bouteflika pour le programme ALSAT1 et au Centre national des études spatiales (CNTS), puis à la décennie de règne de l'actuel Président à travers l'Agence spatiale algérienne (ASAL), créée en 2002, et le programme ALSAT2. Malgré le manque de financement et les troubles qu'a connus le pays, le CNTS avait réussi le pari de former en Grande-Bretagne une génération d'ingénieurs spatiaux, qui devaient, après avoir procédé au lancement d'un premier satellite ALSAT1 construit par SSTL à l'étranger, concevoir localement un certain nombre d'engins spatiaux. D'ailleurs, le fruit de leur labeur gît au niveau du siège de l'actuelle ASAL et n'a jamais été lancé. Pis encore, d'autres projets de micro et nano-satellites ont été proposés par ce groupe de 11 ingénieurs formés en Angleterre, mais n'ont pu voir le jour à cause d'entraves administratives. En somme, le CNTS aura réussi à envoyer un satellite dans l'espace, en concevoir un deuxième par ses propres ingénieurs et en assurer l'exploitation pour à peine 15 millions de dollars. Viendra ensuite l'ère de l'ASAL qui aura immédiatement fait appel au consortium EADS Astrium pour la réalisation de deux satellites dont seul un a été lancé sur orbite et pour une facture dont le montant ne sera jamais divulgué, mais qui, selon les experts, avoisinerait les 110 millions d'euros. Lancé en Inde en juillet 2010, Alsat2A diffuse des données satellites vers ses deux stations au sol à Oran et Ouargla et a beaucoup contribué ces dernières années aux efforts de cartographie et d'aménagement du territoire, alors que le sort de son jumeau Alsat2B est toujours inconnu. Il est à rappeler que ce n'est pas la première fois que le consortium EADS propose des équipements israéliens dans les marchés à destination de l'Algérie. En 2004, le consortium européen réussit l'exploit de vendre deux hélicoptères Super Puma présidentiels aux forces aériennes algériennes. Exploit, car EADS a réussi à vendre à l'Algérie un hélicoptère de conception ancienne au prix des hélicos modernes, pis encore, s'il a été modernisé, il l'a été en partie grâce à l'adjonction de composants israéliens. Résultat des courses, le Président Bouteflika n'utilisera jamais ces deux appareils, qui auront coûté au contribuable plusieurs dizaines de millions d'euros. Pied-de-nez israélien Pour en revenir à ALSAT2A, à peine 2 jours après son lancement, l'armée israélienne diffusait des photos de la base aérienne d'Oum-El-Bouaghi prise le jour du lancement, par le satellite espion israélien EROS B. On y voit en détail les infrastructures de cette base aérienne ainsi que plusieurs avions de combat SU 30MKA, ce qui a été perçu comme étant un avertissement et une menace claire à l'endroit de l'Algérie. Quid des réponses du côté algérien pour ce message à peine crypté ? En attendant le lancement d'Alsat2B, nous espérons que les responsables prendront réellement conscience de l'importance stratégique de ce type d'outil pour l'indépendance et la sécurité nationales, en rappelant qu'il existe plusieurs firmes en Europe et ailleurs aptes à fournir des solutions appropriées dans ce domaine et à moindre coût.

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