Invité-surprise du Séminaire national sur la communication institutionnelle, qui se tient depuis hier à la résidence El Mithak, à l'initiative du ministère de la Communication, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a déploré que la santé du Président Bouteflika focalise autant. Dans un discours, prononcé à l'ouverture du séminaire, Sellal s'est dit désolé que même l'information officielle soit démentie. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - On n'est pas mieux renseigné sur la santé du président de la République, hospitalisé depuis plus de quarante jours en France, après avoir écouté le Premier ministre donner de la solennité au séminaire sur la communication institutionnelle. Abdelmalek Sellal, que ce qui se dit ou s'écrit sur la santé de Bouteflika semble agacer, a paradoxalement choisi de ne rien commettre qui éclaire une opinion nationale ballottée entre les rumeurs les plus folles et les petites confidences distillées au compte-gouttes par, notamment, des sources diplomatiques françaises. L'intervention du Premier ministre devant le séminaire a manqué donc de constituer l'acte inaugural d'une communication institutionnelle revue et corrigée. Comme dans un reproche fait à ceux qui s'interrogent sur l'état de santé du président de la République, Abdelmalek Sellal a appelé à cesser d'en faire une fixation, de focaliser sur la question. «Certains présidents se soignent en France des semaines et des semaines sans que personne en parle», a-t-il souligné, avant d'appeler à «mettre un terme à cela». Même s'il a affirmé que «nous n'avons rien à cacher», Abdelmalek Sellal s'est bien retenu de dire comment va le Président, tout comme il s'est abstenu d'indiquer la date éventuelle de son retour au pays. «Il est impératif pour nous d'annoncer ce qui est de notre devoir d'annoncer. Nous n'avons rien à cacher», a-t-il affirmé, tout en se disant désolé que le pays soit arrivé à un stade où «même l'information officielle est démentie». Et, en termes d'annonces, le Premier ministre n'en fera pas ce jour. Une fois son discours prononcé, il a quitté le séminaire, assurément pour s'éviter les sollicitations des journalistes qui n'auraient pas manqué. En effet, devant la multiplication des assertions, souvent contradictoires, autour de la santé du président de la République, qui mieux indiqué que le Premier ministre pour dire la vérité ? Le silence que les autorités se sont imposé autour de l'évolution de l'état de santé de Bouteflika ajoute de l'épaisseur et de la densité au flou ambiant. Les assertions les plus fraîches font état d'une rentrée de Bouteflika au pays où il poursuivrait sa convalescence. Officiellement, rien n'est venu confirmer ou infirmer ces assertions. Une communication institutionnelle défaillante Ce n'est pas forcer le trait que dire que la communication institutionnelle est défaillante, à tout le moins mal organisée. Le constat est partagé par le Premier ministre lui-même. Abdelmalek Sellal a considéré, en effet, que le manque de communication était aujourd'hui la plus grande problématique à laquelle sont confrontées les institutions de l'Etat. Il a, ce disant, mis l'accent sur la nécessité de permettre aux journalistes d'accéder à la «bonne information» et «au bon moment». «La vérité doit prévaloir à tous les niveaux», a affirmé Sellal, ajoutant qu'il appartient par la suite au journaliste d'analyser l'information recueillie avant de la livrer au citoyen à qui revient le dernier mot. Le Premier ministre a, en outre, estimé que, dans le contexte de perturbations enregistrés à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, la presse a à jouer un rôle de premier ordre. Il a considéré la rumeur dangereuse, pouvant même détruire une société aussi puissante soit-elle. «Il faut mettre un terme à la confidentialité inutile», a-t-il insisté, plaidant, par ailleurs, la consécration de la communication par les institutions, à l'exception de celle relevant de la défense nationale qui, elle, est tenue par le secret défense. «Les institutions doivent travailler dans la transparence la plus totale, car c'est la meilleure manière pour elles d'assurer la crédibilité auprès du citoyen.» Comment combler le déficit en communication ? Le séminaire national sur la communication institutionnelle devrait, une fois l'état des lieux établi, dégager des perspectives pour remédier au déficit patent en matière de communication institutionnelle. La palette d'experts, invités à débattre de la question, devrait en formuler des propositions. Le ministre de la Communication, Mohamed Oussaïd Belaïd en a situé les attendus. Le ministre a reconnu que la communication institutionnelle trébuche et a besoin d'être organisée et relancée. «Malgré les grands pas réalisés en matière de communication institutionnelle par des institutions et départements ministériels, certains ne se sont toujours pas adaptés à cette arme efficace pour communiquer avec le public.» Le ministre de la Communication espère voir le séminaire dégager une stratégie nationale de communication institutionnelle.