Plus d'un milliard de produits de santé illicites ont été interceptés en seulement dix jours, par les douaniers dans 23 ports africains, dont le port d'Alger. D'une ampleur jamais égalée, cette opération, initiée par l'Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments, IRACM, et l'Organisation mondiale des douanes, OMD, vient de publier les résultats de cette opération qui font froid dans le dos et devraient interpeller les autorités de tous les pays. Ce sont 23 ports africains qui ont été le théâtre de cette opération dénommée Beyela, dont le port d'Alger, Durban en Afrique du Sud, Dakar au Sénégal, Casablanca au Maroc, Abidjan en Côte-d'Ivoire... Après dix jours d'action sur le terrain, les douaniers ont intercepté plus d'un milliard de produits illicites dont 550 millions de médicaments : des antipaludéens (alors que l'Afrique, selon l'OMS, a recensé 21 millions de cas de paludisme en Afrique de l'Ouest en 2010), des antibiotiques, des anti-inflammatoires, des antidiabétiques, des compléments alimentaires... Cette liste non exhaustive est soit entrée illégalement dans les ports, soit amenée par des contrebandiers, soit encore sans autorisation de mise sur le marché ou munie de fausses autorisations. Il faut relever que certains de ces médicaments interceptés contenaient des substances potentiellement mortelles ! Le tout a été découvert à l'intérieur de 145 conteneurs. Les ports de la République démocratique du Congo et du Togo sont ceux où les volumes les plus importants ont été saisis. L'Organisation mondiale des douanes signale que la plus grande quantité de médicaments non autorisés ou contrefaits provient de l'Asie de l'Est et du Sud ainsi que du Moyen-Orient. Outre ces médicaments, l'opération a permis d'intercepter d'autres produits pouvant entraîner un risque sur la santé des consommateurs, tels que l'alimentaire ou encore les pièces détachées, à l'origine de très nombreux accidents mortels sur les routes africaines. C'est dire l'ampleur et la dangerosité de trafics en tous genres qui arrivent dans les ports africains et qui attentent à la vie des citoyens les plus démunis. Avant de lancer cette opération d'envergure, les fonctionnaires des douanes ont été formés à la reconnaissance des différents produits susceptibles d'être contrefaits et aux techniques d'analyses des risques. D'autant que l'action Beyela ne se limitait pas à une opération coup-de-poing mais visait, selon ses organisateurs, plusieurs objectifs : détecter les nouveaux vecteurs de fraude afin de mettre en place des moyens de lutte adaptés ; former des experts douaniers aux nouvelles techniques d'analyse ; identifier les types de produits contrefaits et évaluer leurs risques potentiels et mobiliser, enfin, les acteurs de la lutte. Notons que les résultats publiés ne sont pas complets et que le bilan final de cette opération est attendu. On y trouvera probablement des informations précises sur les résultats concernant le port d'Alger.