Malgré les risques de non-conformité aux normes et des dysfonctionnements du système de distribution, le marché national des eaux embouteillées (eaux minérales naturelles et eaux de source) poursuit une bonne progression et affiche un bon potentiel de croissance à moyen terme. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Plus de 10 000 bouteilles d'eau minérale Youkos ont été saisies mercredi dernier à El Tarf. Ce retrait, qui intervient après la détection d'un streptocoque dans un lot embouteillé le 13 juin dernier à Tébessa, a été opéré certes à titre préventif, dans la mesure où aucun flacon du lot incriminé n'a été mis en vente dans la wilaya d'El Tarf. Des échantillons seront toutefois soumis à des analyses bactériologiques. Une affaire, qui soulève la problématique du contrôle de qualité des produits, malgré les efforts des services du ministère du Commerce. Plus de 11 000 interventions de contrôle en 2011 En ce sens, l'étude de la filière boissons en 2012, réalisée sous l'égide de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB), indique que les services de contrôle ont en 2011 effectué 11 025 interventions, soit 4,4% du nombre total (251 403), dans le secteur des boissons et eaux embouteillées. 75% des ces interventions ont eu lieu au niveau du commerce de détail, 14% au niveau de la production, 9% au niveau du commerce de gros et 3% au niveau des services. Certes, l'on constate que les cas de non-conformité pour cette filière ont diminué durant les dernières années, 85% en moyenne des contrôles révélant des situations conformes aux normes. Les cas de non-conformité persistent Cependant, des cas de non-conformité persistent et constituent une préoccupation pour la santé publique. Des infractions sont constatées, portant sur le défaut d'hygiène et la mise en vente de produits impropres à la consommation. Ainsi, 89% des infractions constatées font l'objet de procès-verbaux, le reste débouchant sur des avertissements. Selon des producteurs, les produits sont, le plus souvent, très mal conservés au niveau des commerces de détail, en particulier durant la période des grandes chaleurs (boissons en PET exposées en plein soleil par exemple). L'on note également que le dysfonctionnement du système de distribution des produits entraîne des dérives au niveau de la distribution de détail, sans respect des conditions d'hygiène, et favorise aussi les pratiques de contrefaçon sur les marques. Un marché en progression Pour autant, la consommation des eaux minérales et de source poursuit encore sa progression, déjà remarquée depuis les années 1990 et favorisée, depuis 2005, par l'augmentation des niveaux de revenus des ménages. L'offre d'eaux embouteillées s'est, en effet, fortement diversifiée avec la présence, actuellement, de pas moins d'une quarantaine de marques sur le marché. Notons que l'entreprise Ibrahim&Fils, Ifri, maintient son leadership, occupant 30% des ventes. Cette société bénéficie sur le marché domestique de sa forte publicité et de l'utilisation régulière de promotions sur les prix. La filière s'illustre aussi par la présence de marques réputées à l'image de Saïda, Guedila, Lala Khedidja, Nestlé. Ce qui s'explique par le fait que ce produit est recherché pour la qualité de l'eau avec des attributs thérapeutiques. Egalement, la faible qualité de l'eau potable dans certaines régions incite les ménages à acheter l'eau embouteillée pour les membres vulnérables (malades, personnes âgées, bébés...). En outre, le petit conditionnement (33 cl) connaît un grand succès et se développe grâce à la restauration hors foyer et son réseau particulièrement dense en milieu urbain. 5% de croissance à moyen terme Ainsi, la croissance de la demande d'eau embouteillée, évaluée à 5%, continuera à être entraînée par une large disponibilité de l'eau embouteillée et par le développement des pratiques de santé liées à la consommation d'eaux saines et riches en minéraux. Selon cette étude, la consommation, qui a atteint les 23,7 litres par tête par an en 2012, devrait progresser à 24 litres en 2013, 24,6 litres en 2014 et 25,3 litres en 2015. Avec un prix moyen de 14,40 DA le litre, la consommation des eaux était de 23,4 litres par tête par an en 2011 (22,5 en 2008), pour un volume de 8 407 000 hl et des ventes de 12,131 milliards de dinars (un volume de 8 310 918 hl et des ventes d'une valeur de 11,710 milliards de dinars en 2010). D'autre part, l'on indique que si les importations d'eaux embouteillées sont insignifiantes, les exportations par contre sont en très forte hausse puisqu'elles passent de 1,5 million de dinars en 2009 à 3 millions de dinars en 2010. Selon le constat de l'APAB, les entreprises des eaux embouteillées dominent la filière, à 79% pour le chiffre d'affaires, à 77% pour la valeur ajoutée, à 76% pour le résultat net et à 76% en termes d'investissements bruts. Les atouts et risques du marché Ainsi, la branche des eaux embouteillées possède des forces (taille du marché, bonne rentabilité, qualité) et présente des opportunités (taille et croissance du marché, possibilité d'exportation et gisement important en matière de sources), indique-t-on. Toutefois, l'on observe que cette catégorie de boissons raffraichissantes montre des faiblesses (coût de l'emballage, faible niveau de développement du circuit de distribution), voire s'expose à des menaces et risques (pollution de l'environnement de la source, fluctuation du prix de la matière première PET, taxes). Des forces, des opprtunités, des faiblesses et des risques que la branche partage, à des degrés divers, avec les autres boissons gazeuses, jus et boissons alcoolisées.