Les jalons de coopération posés par le fondateur d'ENI, Enrico Mattei, avant l'indépendance même de l'Algérie, résistent bien à l'usure des suspicions de corruption qui planent sur l'activité de sa filiale de génie civil Saipem. Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Paolo Scaroni, actuel patron du groupe italien, a été reçu jeudi, à Alger par Youcef Yousfi. Dans un communiqué publié par le géant énergétique européen sur son site Internet, les deux responsables ont discuté «des activités en cours, de leur évolution et, également, des projets futurs du groupe dans le pays». Yousfi et Scaroni qui «partagent l'importance stratégique de la présence d'ENI en Algérie» ont ainsi annoncé de prochaines activités de prospection qui seront lancées dans l'Atlas Tellien en partenariat avec Sonatrach. «Le PDG a souligné l'intérêt de la compagnie à développer de nouvelles activités d'exploration offshore (en mer profonde et ultra profonde) – pour lesquelles ENI a de l'expérience et est un leader en Méditerranée – ainsi que des recherches on shore, dans l'Atlas notamment à 100 km au sud d'Alger où elle a déjà mené des études durant les dernières années. A cet égard, des techniciens de Sonatrach ont bénéficié d'une formation», lit-on dans le même communiqué. Ce faisant, l'option d'exploiter le gaz de schiste algérien est évoquée. «Paolo Scaroni et Youcef Yousfi ont également abordé la coopération entre ENI et Sonatrach dans de futurs projets d'exploration et d'exploitation de gaz de schiste. Les deux compagnies ont finalisé un mémorandum d'entente dans ce domaine et vont associer leurs efforts pour la production d'hydrocarbures non conventionnels.», annonce-t-on. Il convient de souligner qu'ENI est le premier groupe étranger en Algérie avec une production quotidienne de 80 000 barils d'équivalent pétrole. Il a des intérêts dans 24 licences d'exploration et de développement qui sont actuellement en production ainsi que 8 autres permis d'exploration qui sont au stade de développement. Il faut néanmoins rappeler que sa filiale Saipem est au cœur d'un scandale de corruption impliquant ses plus hauts responsables. Il fait l'objet d'une enquête internationale menée par des juges italiens et algériens. La filiale qui réalise le gros de son chiffre d'affaires en Algérie est soupçonnée de décrocher des marchés importants par des moyens déloyaux. Elle aurait versé près d'un milliard de dollars pour obtenir des marchés de constructions d'infrastructures pétro-gazières au sud, le gazoduc Med-Gaz notamment. La visite de Scaroni à Alger aura en tout cas dissipé le doute des Italiens, après la tempête médiatique qui a terni son image des suites des agissements des responsables de Saipem. La relation d'ENI avec l'Etat algérien est si forte qu'un scandale de corruption ne saurait l'ébranler.