La police de Boumerdès, qui prend très au sérieux cette affaire puisqu'elle est suivie, heure par heure, par la direction de la Sûreté de la wilaya de Boumerdès, et les parents de Zine-Eddine Toubal âgé de 6 ans, porté disparu depuis le samedi 3 de ce mois à 19 heures 30 sont d'accord sur la probabilité que l'enfant soit entre les mains d'un membre de la famille du père, Mourad, un mécanicien de 45 ans. Un officier nous confiait à ce propos : «Nous écartons comme hypothèse de travail de cette affaire, l'acte de kidnapping. Nous sommes quasiment certains qu'il s'agit d'une fugue de l'enfant qui vit très mal les problèmes de sa famille. Par ailleurs, nous pensons pouvoir le récupérer en cours de journée». C'était mercredi matin. Mais l'optimisme des policiers et des parents est vite démenti par la réalité. Vendredi en début d'après-midi, second jour de l'Aid El Fitr, les parents de l'enfant vivent toujours dans l'angoisse. Dans cette pénible affaire, les soupçons des policiers qui, pour éviter tout dérapage grave, avancent prudemment, sont dirigés vers l'un des grands-parents de Zine-Eddine. C'est aussi la conviction du père et de la mère du disparu. C'est ce que nous avons relevé dans leurs dires. En effet, dans la même matinée du mercredi, nous nous rendîmes au quartier populaire de Tribou dans la commune de Thénia (centre de la wilaya de Boumerdès) pour nous entretenir avec les parents du petit Zine-Eddine. La famille habite le rez-de-chaussée d'une villa de la famille de Mourad, le père. Ce dernier exploite le garage de l'habitation pour exercer, seulement les week-ends, son métier de mécanicien. Il a été récemment embauché par une entreprise privée de la région de Réghaïa. Notre hôte nous relate les dernières informations concernant son fils. «Le samedi, comme j'étais occupé au garage, je lui ai remis 120 dinars et je l'ai confié à un voisin qui l'a accompagné, vers 16 heure 30 chez le coiffeur. Une fois entré dans la boutique du coiffeur, le voisin m'a appelé pour me dire que Zine-Eddine attend son tour», dira-t-il. Le coiffeur dont le salon est implanté près de la gare ferroviaire nous confirme : «Effectivement, l'enfant est venu vers 17 heures. Comme tous les enfants, je lui ai fait sa coupe qu'il a payée, à 100 dinars. Comme tous les enfants de son âge qui viennent chez moi, il est parti, tout seul, vers 17 heures 30.» Pour le père, l'enfant a été vu pour la dernière fois au centre-ville de Thénia, vers 19 heure 30, sortant accompagné de deux autres enfants du restaurant Errahma de la localité et portant quelque chose à la main. «D'ailleurs, un policier du barrage fixe du centre-ville l'a reconnu», assure le père. Au cours de cet entretien nous l'avions questionné sur ses relations avec son voisinage, sa famille et s'il n'avait pas de problèmes familiaux graves. Il n'a pas caché qu'il a des problèmes familiaux, «comme toutes les familles algériennes.» Conséquences de ces problèmes familiaux, il a été éloigné durant une année laissant sa femme et ses enfants se débrouiller seuls. S'agissant de la prise en charge de ses enfants, il assure devant son épouse qu'ils sont bien traités, particulièrement Zine-Eddine qui est très intelligent et communicatif. Mourad n'a pas caché son animosité envers sa mère qui n'a, dit-il, aucune compassion envers ses petits-enfants. Une source policière nous a, en effet, révélé que la mère de Mourad voulait absolument récupérer la villa. Justement, nous avons réitéré plusieurs fois notre question relative à l'éventualité de l'implication de l'un de ses proches au sujet de la disparition de son fils. Mourad finit par lâcher : «Je suis sûr à 70% que mon fils est entre les mains d'un membre de ma famille». Sa femme est un peu moins affirmative puisqu'elle estime cette probabilité à 50%. Mourad nous a, en outre, affirmé qu'un citoyen de Réghaïa l'a appelé au téléphone pour lui dire que l'enfant a été aperçu aux environs de cette ville. «Il m'a donné des indications qui ne figuraient pas sur l'affichette distribuée. C'est donc un témoignage crédible», rappelle-t-il. Cette information donne du crédit à l'hypothèse d'une fugue de Zine-Eddine. Par ailleurs, une question se pose : le père a-t-il utilisé la presse pour dramatiser la situation et par là même, faire pression sur la police et le ravisseur, qui serait un proche qu'il connaît parfaitement ? Rien ne l'exclut pour l'heure. En tout cas, hier en début d'après-midi, il n'y avait aucun signe de vie Zine-Eddine.