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Tendances
Kabylie et nature de l'Etat
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 08 - 2013


Par Youcef Merahi
Décidemment, la Kabylie s'amuse à être le volcan de l'Algérie : un volcan assoupi, à l'image de ces monstres qui font bouger les plaques sur lesquelles dérive la planète, qui — en se réveillant — fait valser tout le pays. Elle se distingue des autres régions. Ce que pensent tout bas, dans un chuchotement à peine audible, ces dernières, la Kabylie ose le faire, au grand jour, devant Dieu et ses hommes. Cela fait sourire certains et fait grincer des dents certains autres quand il m'arrive de dire que la Kabylie est la locomotive du pays pour plusieurs raisons. Il n'y a qu'à interroger l'histoire, à telle enseigne qu'un des nôtres propose son autonomie. Lors de sa visite, le Premier ministre avait déclaré que la richesse kabyle reposait sur les hommes ; ce n'est pas nouveau, je le savais déjà. Et alors, dirai-je ?
Au temps tragique du terrorisme, un journaliste — friand de formules chocs — avait désigné la Kabylie comme une «petite Suisse». Rien que ça ! Parce que les «terros » n'avaient pas entamé, ici, leur œuvre de destruction. Puis les choses ont changé. Le journaliste ne donne plus signe de vie ; est-il encore chez nous ou a-t-il trouvé une autre Suisse ailleurs. Ah, l'ailleurs ! Et les «terros», bon teint, Kabyles comme moi, ont posé sur nos villes et villages le nuage de la terreur. Mizrana, Takhoukht, Bou-Mhani, Azeffoun, Tizi-Ouzou, Ath Douala... ont vécu l'enfer de la mahchoucha. Le relief s'y prête et le Kabyle est un jusqu'au-boutiste. Casser mais ne jamais se plier ! Ah Si Mohand, ta formule était peut-être valable de ton temps ; l'est-elle maintenant ! On est censé être entre nous depuis 1962. Non ? Voilà que depuis la ritournelle du journaliste, naïf jusqu'à la moelle, le terrorisme s'est implanté en Kabylie, fait ses affaires maffieuses, hante nos forêts et promet que la «belle » se jouera, ici, dans nos montagnes qui, pour le moment, font le dos rond. Igoudjdal, c'était hier !
Je ne parlerai pas d'Avril 1980 ni de Guermah (Repose en paix, Massi !) ni des printemps qui se teintent de noir et de rouge, ici, en Kabylie. Cela réveille en moi cette impuissance qui appelle au suicide. Je l'ai souvent ressentie ainsi. Ne pouvoir rien faire. Je sais que le pouvoir est hermaphrodite et se reproduit de lui-même ; il n'a pas besoin de sang neuf. La Kabylie dérange, il faut le dire. Le système le sait et réagit à sa manière. Par l'indifférence et le pourrissement ! Par la récupération-apaisement. Mais la Kabylie n'en a cure ! La voilà l'équation algérienne ! Y a-t-il un génie des maths pour la résoudre ? Je ne le vois pas, personnellement. Pour le moment, du moins. Peut-être que cette génération qui monte fera-t-elle le change ?
Jeûner ou pas relève de la conscience du citoyen, de sa seule conscience. On peut être choqué, scandalisé, révolté et appeler les foudres du Seigneur ! Et alors, la terre ne s'arrêtera pas de tourner pour autant. Ils sont combien les Algériens capables d'avouer «casser» le Ramadhan ? Ils le font en cachette, des hommes seulement. Car, depuis quelques années, des hommes (des croyants ?) s'arrogent le droit de condamner leurs semblables, se substituant à Dieu lui-même. Plus que de la contrainte, cela se métamorphose en coercition. Laissons au Seigneur la faculté de la récompense ou de la sanction ! La Kabylie, encore, se démarque du reste de l'Algérie. Le volcan a toussoté dans son coin. Et les orgues de Barbarie se sont mises à résonner de partout. Sacrilège. Damnation. Outrage. Les Kabyles ont «bouffé» le carême, en plein jour, publiquement. La violence résulte toujours d'une autre violence. Les Kabyles, encore eux ! Mais que veulent-ils donc ? Quels autres Algériens oseraient-ils faire «ça» ailleurs ? A la place des Martyrs, à Alger, par exemple ? Ou à la place centrale de Blida ? Ou à Médéa ? Ou à Guelma ? Que les citoyens de ces villes ne m'en veulent pas, je les cite pour l'exemple. C'est tout ! Mais voilà, les Kabyles l'ont fait, ils ont osé. Même si j'ai considéré cette action comme un non-événement.
Maintenant, l'action de contestation a été faite, suivie d'une contre-action pour laquelle l'appel a été fait à la mosquée. Désavouer. Stigmatiser. Ou rappeler au reste de l'Algérie que la Kabylie n'est pas mécréante ? Voilà, c'est fait ! Je considère aussi cette dernière action comme un non-événement. A chacun sa conscience et l'Algérie se porterait à merveille. D'aucuns ont fait leur lecture politique et religieuse ; l'essentiel, c'est le respect mutuel et la différence dans la complémentarité.
Tous ces événements dénotent d'un malaise constant en Algérie. Chacun de nous a quelque chose à redire sur l'état du pays. Il y a ceux qui déblatèrent sur la maladie du Président, ceux qui pleurent l'état des pays arabo-musulmans, ceux qui fustigent la corruption ambiante, ceux qui se désolent du niveau de notre université et de nos écoles, ceux qui critiquent le choix du sélectionneur national, ceux qui manifestent contre le chômage et... ceux qui prennent la liberté de ne pas respecter la prescription du jeûne. N'est-ce pas que quelque chose ne va pas en Algérie ? Tout le monde ronchonne, ici et là. La Kabylie devance les événements, c'est ce qui fait sa force et sa faiblesse. Force parce qu'elle brille par ses projections, faiblesse parce qu'elle ne cesse pas de recevoir des coups de toutes parts. Et si par le biais d'un miracle humain, le pouvoir voulait réfléchir sur la nature de l'Etat, tel qu'il est en ce moment ! Et si tous les problèmes étaient générés par l'architecture institutionnelle actuelle ? Le corps du tissu social algérien ne cesse de faire de l'urticaire à cause de cet édifice étatique ; il n'y a que la Kabylie (Désolé pour ceux qui feront descendre la foudre sur ma tête !) qui ose le dire, le dénoncer, le rejeter et proposer un autre projet de société. Elle en a marre de se gratter, alors elle réagit pour réclamer une médication politique. Pour le moment, en plus des ordures ménagères qui enlaidissent la beauté naturelle de la Kabylie, elle a sur le dos le poids mortel du terrorisme. Et le regard méfiant du système.


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