La faucheuse est impitoyable. Mais clémente à tout point de vue. Victime de sa maladie ainsi que de l'oubli de ceux qui se pavanaient de faire sa connaissance pour promouvoir leur image sur la scène sportive (et publique), l'ancien champion cycliste Ahmed Kebaïli nous a quittés hier à l'âge de 88 ans. Le natif d'El-Affroun (il est né le 21 février 1925) a connu ses heures de gloire durant la période coloniale (1948-1955) en devenant, en 1948, champion de France sur route et sur piste. Son dernier grand titre, le regretté Kebaïli l'a arraché lors du 4e tour du Maroc, en 1955 (Marrakech-Tensift- Al- Haouz). Ses 5 tours de France aux côtés des Kybler, Koblet, Copi mais aussi Abdelkader Zaâf ont orné sa riche carrière sur les pistes et routes d'Algérie et d'ailleurs. Connu pour être un maître formateur, après avoir été un grand champion, Ahmed Kebaïli a tenu, toutefois, à rester fidèle à sa légendaire modestie et son attachement au sport de vélo. Dans sa ville natale, à Blida et dans chaque école de cyclisme qu'il a dirigée, Kebaïli a transmis son savoir sans jamais se risquer à demander une contrepartie tellement la Petite Reine l'envoûtait. Son parcours sportif n'a pas d'égal (quatre titres en sept ans de parcours chez les professionnels) et son vécu politique, lui l'ancien moudjahid qui a séjourné à Serkadji (ex-Barberousse), Berrouaghia et Blida, aux côtés du poète de la révolution Moufdi Zakaria, l'est aussi. Condamné à mort par l'OAS pour ses accointances avec le FLN et les communistes, il se verra proposer par le président Ahmed Ben Bella le poste de président de la FAC, qu'il a délégué à Medjebri. Il occupera pour quelques mois la présidence de la fédération mais ne trouvera jamais le bon tempo pour imprégner sa dynamique. Il quittera la scène cycliste au début des années 80 pour s'occuper de sa famille. Hier, à la mi-journée, épuisé par la maladie (il a été amputé récemment d'un orteil dans une clinique privée) et par l'ingratitude de ceux censés défendre le cyclisme et ses symboles, il a rendu l'âme devant sa grande famille et ses amis. Ces derniers l'ont accompagné hier après la prière d'El Asr à sa dernière demeure, au cimetière communal d'El- Affroun où il reposera à jamais en paix. En ces douloureux moments, Le Soir d'Algérie, direction et rédaction, présente ses sincères condoléances à la famille du défunt. A Dieu nous appartenons, à Dieu nous retournons.