Le plan de bataille du Président Bouteflika, dont la soldatesque a été désignée mercredi et passée en revue le lendemain, intègre assurément le dernier pan des réformes politiques annoncées au printemps 2011, en pleine tempête arabe. Le projet, mis en branle avant qu'il ne soit contrarié par la maladie qui surprit Bouteflika le 27 avril dernier et la longue convalescence qui s'en est suivie, a toutes les chances d'être mené à terme avant la prochaine présidentielle. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Les appels désespérés d'une Louisa anoune, la patronne du PT, à différer la révision de la loi fondamentale pour l'après-présidentielle d'avril 2014 risquent fort bien de ne pas être entendus cette fois-ci. Le président de la République, que d'aucuns donnaient pour politiquement fini, vient de faire comprendre qu'il entend livrer bataille jusqu'au bout. Le remaniement ministériel, opéré mercredi, laisse déceler chez Bouteflika une volonté entêtée à préserver le pouvoir, pour lui et pour son clan. Sa stratégie serait, donc, d'agir à un moment où tout le monde l'attend le moins, ses adversaires notamment. L'option est désormais déclinée : se maintenir. Un schéma à deux variantes non exclusives si ce n'est une quatrième ré-investiture de suite en avril 2014, à tout le moins une prolongation de mandat à travers un subterfuge constitutionnel, au demeurant évoqué à maintes reprises comme une forte probabilité, à savoir l'amendement de la durée du mandat présidentiel qui passerait du quinquennat au septennat. De la sorte, Bouteflika prolongerait son règne, déjà long de 15 ans, de 2 années supplémentaires. On ne sait pas de quoi est faite la copie mise en forme par la commission nationale installée à cet effet, mais si cette dernière a retenu le passage du septennat, la révision constitutionnelle interviendrait, donc, forcément avant l'arrivée de l'échéance de la présidentielle. A se fier à ce qui a été dit et écrit, pareil remodelage constitutionnel s'accompagnerait de la création du poste de vice-président. Par un tel réaménagement de la loi fondamentale, le Président Bouteflika escompte soustraire la question de sa succession à l'incertitude des conjonctions politiques. Et au cas où Bouteflika délaisserait l'option du septennat, la création du poste de vice-président, vecteur cardinal de la révision de la Constitution, inciterait Bouteflika à aller vite en besogne. Sa santé déclinante et son âge avancé le contraignent à jouer le contre-la-montre. Il ne dispose tout au plus que d'un petit semestre pour deux examens cardinaux. Car à la révision de la Constitution succédera immédiatement, s'il ne se résume pas à une prolongation de mandat, Bouteflika devra enchaîner par l'organisation de l'élection présidentielle, à laquelle tout semble indiqué qu'il participera comme candidat à sa propre succession. En tout cas, que ce soit pour l'une ou pour l'autre des deux étapes, le président de la République a désormais balisé le terrain, en nommant de proches fidèles aux ministères de souveraineté dans le deuxième gouvernement Sellal. Et avec un FLN domestiqué, Bouteflika a quasiment réuni le personnel devant assurer, sauf grande surprise, la réussite de ses entreprises.