Tout porte à croire que la fameuse affaire de la mosquée d'Aghribs, dans la wilaya de Tizi-ouzou, qui a défrayé la chronique des semaines durant il y a deux ans de cela, est loin de se terminer avec ses soubresauts qui se manifestent parfois de manière violente ces derniers temps. M. Kebci - Alger (Le Soir) Et pour cause, le village, via son comité, vient d'alerter l'opinion publique en faisant part d'un climat de tension et d'insécurité provoqué et entretenu par un groupe salafiste réduit, ceci devant une impunité totale assurée par les institutions censées pourtant assurer la sécurité et le bien-être du citoyen. Dans un communiqué rendu public, le comité parle d'une demi-douzaine d'individus, connus de la justice et des services de sécurité, qui continuent à se livrer à des comportements provocateurs, des menaces et même des voies de fait. Et ce qui exacerbe les citoyens ainsi perturbés dans leur quiétude quotidienne, c'est le silence radio de la gendarmerie auprès de laquelle «plusieurs dizaines de plaintes ont été déposées par des citoyens contre ces perturbateurs». Des plaintes toutes restées, à ce jour, sans suite», regrette le comité de village pour lequel cette démission des pouvoirs publics qui ne dit pas son nom n'a fait qu'encourager ces éléments qui persistent dans leurs agissements et commettent désormais des exactions gravissimes sur des villageois excédés par la passivité de la force publique. Et de relater les attaques ayant provoqué de sérieuses blessures, des menaces de mort contre les élus de la commune, un faux barrage à I'entrée du village pour intercepter un citoyen qui a réagi aux insultes de l'un des salafistes sans que les services de l'Etat alertés à maintes reprises aient daigné réagir. Affirmant que les villageois ne peuvent tolérer plus longtemps des actes indignes de nos traditions, violant la loi et attentant à la sécurité des citoyens, le comité de village d'Aghribs qualifie l'absence prolongée des autorités devant ces délinquants d'inadmissible et l'assimile, si elle venait à se prolonger, à une complicité avec des agents qui ont la prétention et probablement la mission de soumettre la Kabylie. Et d'avertir sous le sceau de la solennité que «ce n'est pas par Aghribs que passera ce funeste dessein», rappelant, si besoin est, que le village d'Aghribs a eu à prouver dans un passé récent qu'il pouvait défendre ses enfants et son honneur. Le comité de village d'Aghribs parle dans son communiqué d'une réunion de groupes salafistes venus des wilayas de Béjaïa, Boumerdès, Alger et Bouira, organisée à Fréha et initiée par un certain Laouisset, militant radical connu des services de sécurité, avec la bénédiction du maire RND, sous couvert d'une association symbolique Tagmatt-Atjennad qui n'avait connu aucune activité notable jusque-là. Depuis ce conclave tenu dans une école, avec l'accord de l'éducation de la wilaya probablement obtenu au préalable, «des mouvements de véhicules inhabituels sont régulièrement constatés chez ce trio et ces va-et-vient coïncident avec le rebond des perturbations, agressions et autres provocations au village d'Aghribs». Un trio que ledit comité n'a pas manqué de porter à la connaissance de la gendarmerie locale, parlant d'actes de violence dont ont été victimes plusieurs citoyens du village et qui sont le fait de trois individus mis au ban de la société, trois marginaux connus pour leur appartenance à la mouvance salafiste et, surtout, connus par les services de police et de justice. Et de les citer nommément : Ali Sadi et Mhenna Sadi, deux frères sans profession formelle versés dans un islamo-affairisme débridé, Mohand Aït Amara, médecin, très tôt formaté par son cousin djihadiste établi à Londres, et missionné pour répandre la doctrine salafiste. Un trio qui s'est quelque peu élargi en recrutant essentiellement dans les milieux de la délinquance, avant que ne lui soit assignée sa première mission : «Eriger une grande mosquée-dortoir a un jet de pierre de celle, ancestrale, qu'il vouait à la destruction. Ce projet n'a pas rencontré l'adhésion de la communauté villageoise qui l'a stoppé net», note encore le comité de village d'Aghribs. Une réaction salutaire des citoyens qui a ramené à la raison la majeure partie du groupe, mais pas les trois activistes qui ont carrément versé dans l'invective, les menaces, voire les agressions physiques dont ont été victimes, notamment Saïd Sadi, membre du comité de village agressé par deux fois en même temps que ses enfants dont l'un s'est retrouvé à l'hôpital avec treize points de suture au moment où d'autres citoyens ont été soit insultés, soit menacés d'écrasement par des véhicules qui leur fonçaient dessus, soit bousculés. Et le trio ne s'est pas arrêté à ces besognes en tendant, dimanche dernier, un faux barrage à deux citoyens, Améziane Sadi et Ahmed Djebrani en l'occurrence, qui n'ont dû leur salut qu'à l'intervention d'un citoyen.