Depuis plus d'un mois les circuits de distribution du lait en sachet sont touchés par des perturbations qui se répercutent immanquablement sur le comportement du consommateur et créent une certaine insécurité dans l'approvisionnement, insécurité qui se traduit par un accroissement des achats, au-delà des besoins quotidiens. Les consommateurs craignant de manquer de lait se sont contraints à multiplier par 2 voire 3 les quantités habituellement achetées. Il a été souvent constaté aussi que passé la première heure de la matinée, même les points de vente les mieux lotis présentaient des casiers vides devant leurs magasins, les clients s'empressant de tout rafler et très vite. En effet, de nombreux points de vente ont été approvisionnés de manière irrégulière et aléatoire. Certains distributeurs ont été accusés de verser dans le clientélisme et le favoritisme. Il s'agit là de perturbations que le père de famille n'arrive pas à expliquer, ce qui laisse place à la circulation de rumeurs qui ne s'embarrassent pas de désigner des coupables ici ou là. Pourtant, au niveau du complexe laitier de Arib, les responsables indiquent, chiffres à l'appui, que le niveau de production n'a pas baissé bien au contraire. L'usine produit entre 220 000 à 230 000 sachets par jour. On indique que durant le mois de Ramadhan, l'unité a tourné au mieux de ses capacités, ce qui a induit les responsables à consommer non seulement le quota de lait en poudre acquis auprès de l'Onil (Office national de l'industrie laitière) mais à entamer le quota du mois de septembre. Il faut dire aussi que l'unité de Arib approvisionne pour une part les wilayas d'Alger, Médéa, Tipasa, Chlef, Tissemsilt, Relizane et Blida. Blida ou 615 400 sachets de lait ont été écoulés durant le mois d'août dernier. A Alger, l'unité a ouvert un point de vente à Hussein Dey qui a commercialisé quelque 40 000 sachets durant le mois d'août. L'unité de Arib a eu souvent à faire face à des besoins exceptionnels qui sont apparus dans certaines wilayas où les usines de transformation ont été touchées par des grèves ou des pannes, justement pour permettre aux citoyens de ne pas pâtir de certaines pénuries. Le complexe laitier de Arib, nous dit-on vient de lancer sur le marché un nouveau produit, du lait demi écrémé, un lancement qui a débuté avec une production de 15 à 20 000 litres par jour. De plus, sur la base de conventions entre l'unité et certains éleveurs, le complexe achète quotidiennement quelque 50 000 litres de lait cru par jour, lait qui entre dans la fabrication de nombreux dérivés tels que le lait caillé, le petit lait, la crème fraîche, la pâte fraîche, et le lait cru pasteurisé. Pour ce qui est des perturbations proprement dites, les responsables du complexe affirment avoir destiné pour Khemis Miliana, seulement du 10 au 14 septembre dernier 143 420 sachets, soit une moyenne de 28 à 30 000 litres par jour. Pour Miliana ce sont pas moins de 6 à 8 000 litres par jour, des quantités en fonction des besoins exprimés. Cependant, le complexe ne dispose que d'une flotte de transport très limitée qui ne lui permet pas d'assurer la distribution par ses propres moyens, une flotte composée de quatre camions frigorifiques de 5 tonnes et 4 de 3 tonnes chacun. Pour compenser ce manque de moyens matériels, le complexe a agréé 45 distributeurs qui sillonnent le territoire intra-muros et extra-muros. Cependant on évoque aussi la possibilité dans un avenir très proche, l'extension de cette flotte et atténuer le diktat des distributeurs. Si de telles quantités de sachets de lait sont produites, si le nombre de distributeurs est estimé suffisant, on est en droit de se demander où se situent les causes de ces perturbations. Les commerçants pointent du doigt les distributeurs. Ces derniers se défendent et assurent que nombre de revendeurs sont de mauvais payeurs, et du coup ne sont pas approvisionnés «Nous, nous payons au comptant le lait à la sortie de l'usine, il n'y a pas de raison que nous vendions le lait acquis contre des espèces sonnantes et trébuchantes avec des paiements à terme ou aléatoires», nous ont dit certains distributeurs. Une question alors s'impose «Où va alors tout ce lait ?» Par ailleurs, les responsables du service commercial du complexe sont catégoriques «à ce jour, aucune doléance ne nous a été présentée par aucun commerçant... nous sommes prêts à intervenir pour compenser les déficits de livraison à condition qu'on nous avise... nous n'admettons pas que des populations puissent manquer de ce produit stratégique». D'autres milieux pointent du doigt la DCP qui, dit-on, n'intervient pas au moment où il faut, au point où il faut, pour que la distribution se fasse de manière régulée.