De nos envoyés spéciaux à Chlef, Tarek Hafid et Samir Sid Le candidat Ali Benflis a décidé de traduire devant la justice toute personne ayant détourné des deniers publics. Un engagement pris, hier matin, face aux habitants de la ville de Chlef. Dans l'après-midi, à partir de Sétif, il a annoncé la création d'une institution indépendante chargée de la prospective et de l'analyse. Pas question d'amnistier les auteurs de détournement de deniers publics. C'est l'engagement pris, hier matin, par le candidat Ali Benflis lors d'un discours prononcé à Chlef. «L'argent public est sacré, il appartient au peuple algérien. Nous donnerons les noms de tous ceux qui ont détourné les deniers publics. Nous les dénoncerons au peuple. Ils seront traduits devant la justice et devront tout rembourser», a déclaré Benflis dans un meeting animé à la maison de la culture de Chlef. Un message politique adressé directement aux membres du camp de son adversaire, Abdelaziz Bouteflika. Outre une lutte active contre la corruption, le candidat Benflis s'est engagé à légiférer pour consacrer la neutralité de l'administration. «L'administration doit être au service de tous les citoyens algériens et non pas au service d'une minorité au pouvoir et à leurs amis. La continuité de l'Etat ne peut être assurée que par la neutralité de cette même administration. Mais pour cela, il est nécessaire de libérer ses cadres et ses agents afin qu'ils n'agissent qu'en se référant à la loi et à leur conscience. Afin de leur assurer une protection totale, je ferai voter une loi pour consacrer les statuts des walis, des chefs de daïra et des présidents d'APC». Il dénoncera à ce titre les «pressions» exercées sur les walis à l'approche de l'élection présidentielle. «Je sais que les walis sont sous pression afin de les impliquer dans les opérations de fraude. Leurs responsables sont des peureux car les directives ne sont pas transmises par circulaires. Ils donnent des ordres par téléphone pour ne pas laisser de traces écrites». Benflis estime néanmoins que «la stratégie de fraude» peut être contrée cette fois-ci grâce à l'implication des citoyens. «Pour le protecteur des droits de l'Homme que je suis, je considère qu'un bureau de vote est un lieu sacré, inviolable. Il est tels une maison, un foyer. Imaginez que vous soyez chez vous, avec votre famille et qu'une personne pénètre par effraction pour vous porter préjudice. La fraude est semblable à cela et je sais que les Algériens sont totalement contre. Ils vont protéger leurs voix». A Chlef, Ali Benflis a tenu à laver l'affront commis en 2005 par Abdelaziz Bouteflika lors de la campagne pour le référendum de la réconciliation nationale. Lors d'un meeting animé à Chlef, le président sortant avait émis des doutes sur la participation des habitants de cette région à la lutte contre le colonialisme. «Comment peut-on insulter une région qui a tant donné à l'Algérie. Comment oublier les enfumades du Dahra de 1845 et les milliers de chahids à l'instar de Hassiba Ben Bouali ou des deux sœurs Adidou. Demandez à celui qui vous a insulté de la sorte de dire combien de martyrs a donné sa famille à l'Algérie. Je n'oserai jamais tenir de tels propos car j'ai été élevé à l'école des Chouhada». Après Chlef, Ali Benflis s'est dirigé vers Sétif pour le second meeting de la journée. Il a été accueilli dans la salle omnisports du complexe du 8-Mai-1945 par des centaines de sympathisants. Là encore, le candidat a axé son discours sur la fraude. «Ils ont élevé la fraude, la corruption et la tricherie au rang de constante nationale. Le 17 avril, nous ferons en sorte de contrer leurs manœuvres. Et sachez qu'ils ont peur car ils nous savent déterminés. Il présentera également un projet de révision du statut de la Fonction publique pour «améliorer les conditions socioprofessionnelles des cadres de l'Etat et des fonctionnaires» ainsi que la création d'une «institution indépendante pour la prospective et l'analyse». «Cette structure ne sera placée sous aucune tutelle politique. Elle sera neutre et indépendante et mettra à la disposition du gouvernement, des partis politiques et de la société civile, des chiffres réels sur la situation socioéconomique de l'Algérie». Cette initiative vise à dissiper les doutes qui pèsent sur les données chiffrées mises en avant par les pouvoirs publics. Notons que le candidat a poursuivi sa tournée dans la wilaya de Sétif par une visite dans la ville d'El Eulma. Les prochains jours s'annoncent particulièrement chargés puisqu'il sera aujourd'hui à Sidi-Bel-Abbès et Tlemcen, vendredi à Ghardaïa et Laghouat puis samedi à Tizi-Ouzou et Bouira.