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Benflis : “Le message de l’armée est clair�
Il évoque la campagne électorale, les soutiens de ses adversaires et la position de l’ANP
Publié dans Liberté le 14 - 03 - 2004

Ali Benflis s’exprime sur la position de l’ANP, le monopole des médias publics, le Conseil constitutionnel et met en garde contre une éventuelle fraude électorale dont les prémices sont visibles à l’œil nu.
Liberté : Le général de corps d’armée, Mohamed Lamari, vient de s’exprimer sur l’élection présidentielle du 8 avril prochain. Comment appréciez-vous la neutralité de l’institution militaire ?
Ali Benflis : La dernière interview accordée par le chef d’état-major de l’ANP à la revue El-Djeïch a permis d’apporter une clarification importante au concept de neutralité de l’institution militaire.
En effet, le général de corps d’armée, Mohamed Lamari, a non seulement déclaré que la neutralité de l’armée n’aurait aucun sens si l’administration et la justice n’adoptaient pas la même position mais il a également incité les agents et les cadres de l’administration et de la justice à se conformer à leur devoir de neutralité.
Il a aussi réitéré le fait que l’ANP ne peut rester indifférente face à une échéance aussi décisive pour le devenir de notre pays que la prochaine élection présidentielle.
Par cette prise de position, l’ANP répond aux appréhensions suscitées au sein de la société par les prémices de la fraude et de la manipulation qui apparaissent au grand jour et qui font planer de sérieux doutes sur la régularité et la transparence du prochain scrutin.
Les déclarations du chef d’état-major de l’ANP montrent que l’institution militaire a fait le choix de défendre la démocratie, la République et le choix souverain du peuple algérien. Toutes celles et tous ceux qui partagent ces préoccupations ne peuvent que s’en féliciter.
Est-ce que cette neutralité est, selon vous, suffisante pour garantir la crédibilité et la propreté de l’opération électorale ?
C’est l’administration et la justice qui organisent les élections et c’est de leur neutralité que dépend la crédibilité de la prochaine élection. Ceci dit, en optant pour la neutralité constructive, l’ANP rappelle le devoir qui s’attache au service de l’État et qui doit s’imposer à tous.
Comment concevez-vous le rôle de l’Armée dans ce que la plupart des candidats revendiquent aujourd’hui, à savoir la neutralité “positive� ?
En premier lieu, je me dois de relever qu’à travers la dernière déclaration de son chef d’état-major, l’ANP a rassuré les agents et les cadres de l’administration publique et de la justice pour qu’ils n’obéissent qu’à leur sens du devoir et à leur conscience.
Cette position responsable tranche nettement avec les intimidations et les pressions que leur font subir le candidat-président et son entourage pour les amener à se départir de ce qui fait l’essence même de leur mission au service de l’État et du peuple algériens, ce qui constitue une donne fondamentale dans cette période préélectorale.
De surcroît, l’ANP a dit, je le répète, qu’elle ne pouvait se désintéresser du devenir de notre pays ; le message me semble clair pour ceux qui jouent avec l’avenir de l’Algérie, de sa stabilité et de sa sécurité.
Le Conseil d’État vient de rendre un verdict contraire à celui qu’il avait rendu le 18 octobre, et il annule de ce fait les résultats du VIIIe congrès du FLN. Quel effet cela vous fait de vous voir empêché de vous présenter à l’élection présidentielle en tant que secrétaire général du FLN ?
Je me dois de préciser, d’abord, que le code électoral algérien ne reconnaît que des candidatures libres en dehors de toute étiquette partisane, ce qui d’ailleurs met à nu la grossière manipulation de l’ENTV qui m’a présenté comme un candidat libre comme si j’étais le seul à avoir cette qualité. Par ailleurs, tout le monde sait que le parti du Front de libération nationale m’a choisi démocratiquement lors de son congrès extraordinaire du 3 octobre 2003 comme le candidat du parti et que je bénéficie du soutien des instances légitimes du parti et de l’écrasante majorité de ses militants et à cela l’arrêt du Conseil d’État, aussi inique soit-il, ne pourra rien changer car le candidat-président n’a fort heureusement pas encore le monopole des consciences.
L’arrêt du Conseil d’État est une tache noire dans l’histoire de la justice algérienne et une preuve éclatante du mépris dans lequel le candidat-président tient les institutions de la République.
Pour moi qui ai longtemps servi le corps de la magistrature, il me peine de voir la plus haute instance de l’ordre judiciaire administratif du pays instrumentalisée à des fins politiciennes et électoralistes.
J’ai de la peine pour ces centaines de femmes et d’hommes qui servent la loi et la justice avec honneur, compétence et dignité et qui souffrent de voir à quel état de déliquescence le candidat-président a réduit la justice algérienne.
Mais à toutes ces femmes et à tous ces hommes et aux citoyens algériens d’une façon générale, je dis que le destin de notre pays est entre leurs mains et que le 8 avril prochain, ils doivent faire le choix de l’indépendance de la justice, le choix du respect de la loi et de l’égalité des citoyens devant la loi.
Le candidat-président qui a entamé sa campagne électorale depuis des mois déjà vous devance sur le plan de l’occupation de l’espace médiatique et il a même fait comprendre à l’opinion publique algérienne que les jeux sont déjà faits. Comment comptez-vous combler ce retard ? Pensez-vous que la période de la campagne électorale est suffisante pour mobiliser les électeurs en votre faveur ?
Dire que le candidat-président me devance sur le plan médiatique est un euphémisme car la réalité est qu’il monopolise les médias publics et qu’il a accaparé particulièrement la télévision d’État qui est devenue une chaîne spécialisée dans le one man show présidentiel et dans le sponsoring de sa candidature.
Néanmoins, à l’ère du satellite, ces manœuvres révèlent leurs limites. De plus, le peuple algérien n’est pas dupe. Comment peut-il croire aux professions de foi et à la comédie auxquelles se livre le candidat-président alors qu’il a cultivé durant cinq années l’indifférence pour ne pas dire le mépris à l’égard du peuple ?
Pour ma part, comme à l’accoutumée, je tiendrai au peuple algérien un langage de vérité et de sincérité et je lui proposerai un projet politique décliné en cent engagements précis afin de lui permettre d’opérer son choix sur des bases objectives et ne pas accorder un chèque à blanc à qui que ce soit.
Enfin, j’ai beaucoup trop de respect pour le peuple algérien pour penser qu’il puisse être trompé par les artifices et la manipulation. Je suis donc très confiant dans son jugement du 8 avril prochain.
Depuis quelques mois, des personnalités politiques, candidats ou non à la prochaine élection présidentielle, se réunissent pour contrecarrer la fraude électorale. Quels sont les indices qui permettent d’avancer que la fraude soit réellement à craindre ?
Ce ne sont pas les indices qui manquent ; aussi je me contenterai de citer l’instrumentalisation de l’administration avec un gouvernement qui s’est érigé en comité de soutien et des membres du gouvernement dont les départements ministériels se sont transformés en permanences électorales et pour certains en quartiers généraux de déstabilisation des partis politiques.
Je pourrai citer également le président du Conseil constitutionnel dont le rôle, dans l’opération de décompte des signatures collectées au profit de certains candidats est pour le moins ambigu, et qui s’est permis de violer une délibération du Conseil pour placer en tête des candidatures recevables celle du candidat-président alors que l’ordre alphabétique en langue nationale est le seul critère retenu par la délibération n°6 du Conseil constitutionnel.
Ce détail peut paraître anodin pour les non-initiés mais cette manœuvre a été faite pour tenter de placer, le jour du scrutin, le bulletin de vote du candidat-président en tête de table, ce qui peut représenter un avantage matériel et psychologique. Je pourrai également vous citer la monopolisation des médias publics, l’instrumentalisation de la justice, l’utilisation des deniers publics à des fins électoralistes, la vague de limogeages subie par les cadres qui ont refusé de prêter allégeance au candidat-président et qui ont respecté le devoir de neutralité en plus des tentatives de déstabilisation de partis politiques et d’associations qui ne se sont pas transformés en comités de soutien.
Je pourrai citer de nombreux autres exemples encore mais cela me semble inutile parce que l’opinion publique les connaît trop bien tant leur caractère manifeste et éhonté ne peut passer inaperçu.
Est-ce qu’un éventuel retrait de la compétition électorale est envisageable en signe de protestation contre les irrégularités dans l’opération électorale ?
Je m’engage dans cette compétition électorale pour gagner la confiance du peuple algérien et je suis serein et confiant dans le verdict du peuple.
Ceci dit, jamais je ne cautionnerai la domestication de la volonté populaire et j’assumerai, le cas échéant, mes responsabilités et je demanderai au peuple algérien d’assumer les siennes en cas de fraude, persuadé que le peuple algérien n’acceptera pas la logique du fait accompli et celle du coup de force électoral.
Je suis, par ailleurs, convaincu que les fraudeurs et les manipulateurs trouveront sur leur chemin le peuple algérien qui finira par imposer sa volonté : les exemples récents et nombreux de par le monde sont éloquents à ce sujet. Combien de fois, en effet, n’a-t-on pas vu le peuple poussé à des solutions ultimes et décisives pour marquer son refus de la fraude et pour faire entendre sa voix quand le bulletin qu’il a glissé dans l’urne n’a pas été respecté.
Quels mécanismes prévoyez-vous, individuellement ou dans le cadre des “dix�, pour empêcher la fraude le 8 avril ?
Ce que je peux vous dire sur cette question c’est que nous sommes déterminés à exercer une vigilance de tous les instants, nos militants et sympathisants se poseront en sentinelles dans l’ensemble des bureaux de vote pour faire barrage à la fraude et que des stratégies concertées sont mises en place pour atteindre cet objectif.
À ce propos, il me semble important de rappeler que notre pays se trouve à la croisée des chemins et devant un grave dilemme : ou il est mis un terme aux prémices de fraude qui apparaissent au grand jour depuis des mois, permettant ainsi à notre pays de franchir une étape décisive et de faire un saut qualitatif vers la démocratie et la stabilité ou, a contrario, nous assisterons à une parodie d’élection qui plongera notre pays encore davantage dans une crise aux conséquences incalculables dont le candidat-président assumera seul la responsabilité devant le peuple algérien et l’Histoire.
Plusieurs organisations sociales et professionnelles, dont l’UGTA, des associations et le patronat ont exprimé leur soutien au candidat Bouteflika.
Votre commentaire…
Vous n’ignorez pas les conditions de manipulation dans lesquelles le candidat-président a arraché au forceps le soutien de certaines de ces organisations par l’utilisation de la politique bien connue de la pression et de la tentation.
Par respect aux membres de ces organisations dont la majorité n’adhère pas au choix de leur direction, je m’abstiendrai de tout autre commentaire.
Je puis vous assurer qu’au quotidien, des responsables de ces organisations me témoignent leur désapprobation par rapport au suivisme qui leur a été imposé et m’assurent de leur soutien et leur adhésion à notre projet
Pensez-vous qu’elles peuvent réellement peser sur l’issue de la prochaine élection ?
Il me suffit de vous dire que la décision de soutenir le candidat-président a été prise par la direction de ces organisations, souvent en violation de leurs statuts et sans l’adhésion de la majorité des membres, ce qui rend ce soutien sans conviction tout à fait théorique et sans grand effet sur le terrain.
Si vous étiez élu, iriez-vous jusqu’à remettre en cause la dernière décision du Conseil d’État contre la direction du parti du Front de libération nationale issue du huitième congrès ? Et quelle serait votre attitude, en tant que chef de l’État, vis-à -vis du FLN en particulier et des partis politiques en général ?
Le parti du FLN, ce sont des femmes et des hommes animés par l’idéal du militantisme, c’est aussi un symbole et un projet pour l’Algérie.
Pour ces raisons, son destin ne peut être déterminé par une décision de justice inique et arbitraire qui ne pourra jamais entamer la volonté de ces militants qui ont résisté à toutes les vicissitudes du temps et des hommes, et leur engagement se trouve amplifié et renforcé par les agissements arbitraires, la haine et la soif de revanche que nourrit à l’égard du parti le candidat-président.
Pour ce qui est de la deuxième partie de votre question, je mettrai fin à la minoration du rôle des partis politiques qui seront considérés comme des partenaires à part entière et je veillerai au strict respect des règles du pluralisme politique y compris et surtout dans le champ médiatique.
Par ailleurs, toutes les dispositions seront prises pour mettre les partis politiques à l’abri de tout arbitraire et de toute velléité d’autoritarisme.
Il y a une tendance à faire croire, par le biais de rumeurs, que le président-candidat bénéficie du soutien des capitales occidentales. Des représentations diplomatiques lui ont fait déjà campagne à la télévision en soutenant que le bilan du Président est positif. Les Coréens ont même promis d’inonder l’Algérie d’investissements.
Votre commentaire ?
Les partenaires de l’Algérie ont des intérêts à préserver dans notre pays et ils ont pour cela besoin d’une clarté dans la vision et d’une stabilité qui sont loin d’être réunies à l’ère de la politique marquée du sceau de la versatilité, des sautes d’humeur et de l’incohérence.
Quand on est conscient de cela, les assertions de ceux qui veulent trouver à l’étranger une légitimité qu’ils ont perdue dans leur pays apparaissent d’autant plus surréalistes. Le fait de se prévaloir du soutien de certains pays procède de la même illusion que celle de se prévaloir du soutien de l’ANP qui vient de réitérer sa position de neutralité constructive.
Le recours à de tels subterfuges dénote le désarroi du candidat-président qui est allé jusqu’à verser dans l’indécence, violant les règles élémentaires qui régissent les relations entre les États souverains pour faire croire au peuple algérien qu’il dispose d’un prétendu soutien étranger.
En agissant de la sorte, le candidat-président veut imposer à notre pays une tutelle alors que nos partenaires cherchent à établir avec l’Algérie des relations stables et pérennes, une Algérie crédible, une Algérie forte de la légitimité de ses institutions, une Algérie qui privilégie l’action au verbiage, une Algérie qui constitue un facteur de stabilité et de modération sur la scène internationale, toute autre approche relève de la désinformation et des fausses assertions de celui qui ne semble pas encore avoir intégré le fait qu’on ne peut être respecté à l’étranger quand on ne jouit pas du respect de son propre peuple.
S. R.


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