De notre envoyé spécial à Tlemcen, Kamel Amarni «L'Algérien d'aujourd'hui a beaucoup évolué. Il est instruit. Il faut que la gouvernance aussi évolue et suive ce cours. Il est temps que la génération de l'Indépendance prenne le relais. Il est temps qu'elle accède aux responsabilités» ! Détrompez-vous, ce n'est pas un candidat de l'opposition qui le dit mais bel et bien Abdelmalek Sellal, le directeur de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika qui entamait depuis début mars, sa 78e année ! A partir de Tlemcen, bastion du «candidat-Président-absent», où il était hier, Sellal qui remplace Bouteflika dans l'animation de sa campagne, précisera même que «ce passage du flambeau» constitue «le programme du Président au cours de son prochain mandat» ! Autrement dit, et comme c'était le cas le 8 mai 2012, lorsque Bouteflika prononçait son dernier discours en date à partir de Sétif et son fameux «tab J'nanna» (notre génération est finie ndlr), l'actuel patron d'El Mouradia parle des «autres», pas de lui-même ! Selon son homme de confiance, «cela se fera à travers une révision de la Constitution qui va prévoir des lignes rouges. Dans l'Algérie nouvelle que nous ambitionnons, il n'y aura plus jamais aucune atteinte aux droits de l'homme. En Algérie, avec le projet du président, il n'y aura plus jamais de hogra !». Il est clair, qu'en termes pratiques, qu'il faudrait s'attendre à quelques «décisions spectaculaires» après la présidentielle du 17 avril. Bouteflika fera quelques annonces «fracassantes», histoire de justifier son coup de force pour se maintenir au pouvoir. Sellal parlera également d'une nouvelle politique ambitieuse pour le pays. «Il (Bouteflika ndlr) a pris la décision de poursuivre son œuvre et nous avons engagé un pacte sur les cinq années à venir avec les partenaires. Nous sommes, aujourd'hui, à la croisée des chemins. Nous n'avons plus le choix que de réussir un nouveau saut sur le plan économique». En allusion claire à Ali Benflis principalement, Sellal dira : «Certains nous reprochent, aujourd'hui, de faire des promesses. Ils nous répondent : mais pourquoi vous n'avez pas fait tout cela auparavant ? Notre réponse est simple. Il ne faut jamais oublier dans quel état était l'Algérie avant Bouteflika. Cela n'a pas été facile de redresser le pays, de mettre fin à la fitna, de réussir le projet de la réconciliation nationale. Qui d'autre que le moudjahid Abdelaziz Bouteflika aurait réussi l'exploit qui consistait en ce que, quelqu'un auquel on a assassiné un fils, un frère etc., puisse pardonner ?» Et il enchaîne : «Lui ( Bouteflika ndlr) au moins il a fait ses preuves. Et vous, qu'avez-vous fait ?». Puis, sous la forme d'une accusation, il prépare déjà le terrain pour le lendemain du 17 avril : «Personne ne passera par la force ! C'est au peuple algérien de choisir» ! Autrement, le clan présidentiel anticipe déjà sur les accusations de fraude qui fuseront certainement dès la nuit du 17 avril prochain. «Il faut que tout le monde comprenne que l'Algérie nouvelle a commencé ! Il faut, désormais, construire l'Algérie sur la base de la confiance, pas celle du doute. C'est la confiance qui nous permettra d'en finir définitivement avec la bureaucratie. Avec les opportunistes qui nous ont bouffés» ! Le ton monte de plusieurs crans ces deux derniers jours de campagne...