De notre envoyé spécial à Illizi, Kamel Amarni C'est par la voix du Premier ministre que le pouvoir répliquait, jeudi dernier, au discours de Mouloud Hamrouche. «Nous n'avons pas, comme le prétendent certains depuis quelques jours, de minorité en Algérie», lançait en effet Abdelmalek Sellal à partir de la wilaya d'Illizi où il était en visite officielle, en allusion à la déclaration précédente de l'ex-chef de gouvernement. «En Algérie, nous avons des Terguis, des Kabyles, des Mozabites, etc. Nous n'avons pas de minorités ici, en Algérie. Nous avons des Algériens et je ne connais personnellement pas un seul Algérien qui n'aime pas son pays», répétait plusieurs fois le Premier ministre devant les «représentants de la société civile» de la wilaya d'Illizi. Le lieu, Illizi, était d'ailleurs tout indiqué pour ce genre de message et bien d'autres encore. Tiguentourine, le Sahel bouillonnant, la contestation sociale qui secoue les wilayas du Sud depuis des mois, tout cela fait de cette wilaya l'une, sinon la région la plus sensible du pays. Sellal rappellera ainsi qu'il y a d'ailleurs une année de cela, il était ici à Illizi à la suite de la dramatique prise d'otages de In Amenas. «L'Algérie vit, aujourd'hui, dans un océan d'instabilité. Nous sommes devenus une île dans cet océan-là et le seul secret de tout cela, c'est la stabilité.» Le Premier ministre qui est, bien entendu, en pleine pré-campagne électorale, remettait systématiquement Bouteflika au cœur de tous les thèmes de son discours. «Ce sont les enfants du Sud qui aiment le plus ce pays. C'est ce que m'avait dit le Président Bouteflika.» Le fonds spécial du Grand Sud ? «Ce n'est tout de même pas Sidna Nouh qui l'a institué mais bien le Président Bouteflika.» Pour Sellal, tous les problèmes «peuvent se régler, pour peu que l'on préserve la stabilité». Il ne manquera pas de saisir l'occasion de son séjour à Illizi où, il y a une année, l'armée algérienne avait réalisé un exploit de retentissement mondial en mettant en échec la prise d'otages la plus spectaculaire de toute l'histoire, pour lancer un autre message : «Nous avons des institutions fortes, un gouvernement fort, une armée très solide et des services de sécurité très efficaces (...) Certes, nous avons eu à vivre une crise grave dans les années 1990. Mais plus jamais nous revivrons ce cauchemar.» Sur sa lancée, et comme pour clarifier sa déclaration ambiguë de la veille faite à partir de Boumerdès, Sellal parlera de «la réconciliation nationale». Il dira ainsi : «Encore une fois, je le répète, nous sommes des gens de paix. Notre main reste tendue», à l'égard des terroristes encore en activité, cela va de soi. Avant de préciser : «Je rappelle que nous avions déjà pardonné à ces gens qui avaient tué. On leur a même donné des primes, de l'argent ! Que cherchent-ils de plus ? Désormais, nous ne parlons plus dans le vide. Ceux qui veulent rejoindre la communauté nationale n'ont qu'à se rendre. Car, et je le jure devant vous, et vous me connaissez bien, je ne suis pas un menteur, aujourd'hui, on ne joue plus !» Son message s'adressait aussi bien aux terroristes «encore en activité», qu'à bien d'autres destinataires : «Nous avons passé la première, puis la deuxième, puis la troisième. Aujourd'hui, nous sommes en train de passer à la quatrième. Et celui qui la rate, eh bien, tant pis pour lui !» Ce propos est à mettre dans la bouche du Premier ministre en exercice et du directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika.