De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Dès l'entame des discussions, la Commission des relations extérieures du Parlement européen (PE) fixe le cap. Elle ne sortira pas des clous du rapport Tannock, l'auteur du rapport examiné par les eurodéputés en son temps et qui porte, désormais, son nom... Les «relex» de la prestigieuse Chambre de Bruxelles-Strasbourg ont donc réaffirmé le principe de l'autodétermination du peuple sahraoui, l'élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies sur place (Minurso) à la défense des droits de l'Homme et, ont ajouté les europarlementaires, la mise sur pied d'enquêtes sur les disparus sahraouis. Tous les amendements favorables aux thèses marocaines ont été balayés parce qu'ils ne s'inscrivaient pas dans la démarche du parloir de l'UE. Le calvaire de Rabat ne s'arrêtera pas pourtant là. Une délégation conjointe sahraouie-espagnole a passé la journée d'hier, à nouer des contacts, rencontrer des personnalités européennes, se faire recevoir à des niveaux de représentation importants tant à la Commission qu'en Parlement que chez des représentations de la société civile. Composée d'experts espagnols, Carlos Beristain et Francisco Gabilondo, de rescapés de la mort sahraouis, Ali Smid, Gabula Selma et Mahmoud Def ainsi que de Abdeslem Lehcen Omar, la délégation a eu un programme marathon. Rencontres avec des parlementaires européens et belges, des collaborateurs de haut niveau au sein des institutions européennes, tels M. Mingarelli, directeur adjoint dans le cabinet de Mme Ashton, relex et sécurité commune de l'UE, Mme Harmonie Koutsivitis (Desk Magreb au PE) ou Véronique Foosten (AE du royaume de Belgique). En plus, des débats et des échanges avec l'inter-groupes «Paix pour le peuple sahraoui», des ONG comme le Forum Nord-Sud, et une rencontre avec des journalistes accrédités à Bruxelles. Mohamed Sidati, ministre du Front Polisario, chargé des relations avec l'Europe, a déclaré à l'issue de l'adoption par la Commission des Affaires étrangères du Parlement européen du rapport sur la situation des droits de l'Homme au Sahel et au Sahara occidental : «Le Front Polisario ne peut qu'exprimer sa satisfaction pour l'adoption par le Parlement européen de ce rapport, particulièrement sa partie consacrée au Sahara occidental.» Mohamed Sidati espère que «ces recommandations trouveront l'écho requis auprès des autres institutions européennes, et que cela puisse aider à amener le Maroc à mettre un terme à sa politique d'oppression et de répression tragiquement illustrée par la mort du jeune Rachid Chine et des dizaines de blessés ce 21 septembre à Assa, dans le sud du Maroc». Le rapport sera soumis à approbation et passera par le vote du Parlement européen en session plénière, en octobre prochain. Vu le rapport de force, largement favorable aux thèses du Polisario au sein de la prestigieuse Chambre européenne, nul doute que les eurodéputés mettront leurs pas dans ceux du droit européen et international. La question sahraouie est plus que jamais à l'ordre du jour.