La manifestation de rue à laquelle a appelé le mouvement Barakat contre le quatrième mandat de Bouteflika et pour exiger le départ du système politique en place a connu un franc succès, hier, à Béjaïa. Appuyé également par le mouvement pour le changement, le rassemblement observé devant le siège de la wilaya vers les coups de onze heures sous les mots d'ordre appelant au rejet des élections présidentielles du 17 avril et en faveur d'une période de transition démocratique, a drainé une foule nombreuse de manifestants. Plusieurs centaines de personnes se sont amassées devant le siège de l'administration de la wilaya brandissant des banderoles et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «système 62-2014 : dégage !», «FLN au musée !», «Barakat à la mascarade électorale !», «Peuple , source de pouvoir !», «Liberté d'expression !», «Barakat au système, ses hommes et ses méthodes !»… Durant ce regroupement de presque trois quarts d'heure, les manifestants n'ont pas cessé de reprendre à gorges déployées des slogans réclamant la chute du régime. «Système dégage, la jeunesse s'engage», «DRS, berra», «Ya Saïd, ya Sellal, Système à la poubelle !» , «Ulac l'vote ulac !», «Y en a marre de ce système !», «Ouyahia ouala, Dzaïr Thekhla ! (Ouyahia de retour, l'Algérie en ruine)», ont été autant de mots d'ordre scandés à tue-tête par les manifestants. Intervenant lors d'une prise de parole, certains animateurs du mouvement Barakat et du mouvement pour le changement, des militants des droits de l'Homme et des syndicalistes ont exhorté la population à «disqualifier le scrutin du 17 avril, qui constitue un grave danger pour la stabilité du pays», a-t-on martelé. Au terme du meeting, une marche a été improvisée vers la maison de la culture. Tout au long du parcours de la marche, les manifestants ont éructé leur colère contre le régime en place. «La Oudjda, la DRS, djazaïr hiya El Assas !», «Pouvoir assassin !», «Saraqine El malayir !», «Saraqine, debbahine, iqoulou wataniyine !», «Tab djnanek yasisteme !», «Djazaïr hourra, dimocratia», «Ulac smah ulac» n'ont pas cessé de crier les centaines de marcheurs avant de se disperser dans le calme au niveau de la maison de la culture. «Les tenants du système qui ont tout le temps berné le peuple, se sont attelés à décomposer systématiquement toutes les émergences des forces démocratiques organisées, afin d'assurer la pérennité du système érigé en dogme derrière une démocratie de façade», note dans son communiqué n°1 distribué lors de la manifestation de rue, le mouvement pour le changement. Et d'ajouter : «Les différents mouvements de protestation à l'échelle nationale ne sont que l'expression d'une résistance face à une hégémonie d'un système qui n'apporte aucune réponse concrète aux aspirations du peuple. La stabilité mise en avant par les tenants du système dans un contexte régional et mondial n'est qu'un prétexte pour la continuité du pouvoir en place, qui, en réalité, ne peut se concrétiser que par la véritable démocratie qui met au centre le peuple, comme source de légitimité et garant de la stabilité», lit-on encore dans le même document. Plus loin, ses rédacteurs estiment que «dans ce contexte qui dénie toute forme d'expression démocratique, et la confiscation de la souveraineté populaire, les élections présidentielles ne pourront être qu'une étape d'un processus de dislocation de la nation».