En mai dernier, les dirigeants camerounais ont choisi de confier les rênes de la sélection à Volker Finke. Le technicien allemand vit actuellement sa première expérience sur le continent africain. Sous sa houlette, les Lions Indomptables joueront leur qualification pour la Coupe du Monde 2014 à l'occasion d'un duel face à la Tunisie. Finke s'est fait un nom en Allemagne en misant sur des footballeurs africains, bien avant la plupart de ses collègues. En 16 saisons passées à la tête de Fribourg, il a régulièrement lancé dans le grand bain des joueurs aussi méconnus que talentueux. «Je n'ai pas manqué une seule édition de la Coupe d'Afrique depuis 1992, même lorsque j'avais des obligations en club», explique au micro de FIFA.com, l'entraîneur qui a réalisé toute sa carrière en Allemagne, à l'exception de deux saisons à Urawa Red Diamonds. «Ce qui compte, ce n'est pas de savoir où j'ai exercé mais combien de temps j'ai passé en Afrique. Pour réussir, il faut connaître la mentalité des joueurs africains.» Finke n'a pas hésité à dépasser très largement les frontières du métier d'entraîneur. Il lui est ainsi arrivé de parcourir le continent en compagnie de ses nouvelles recrues, pour en apprendre davantage sur leur culture. «Je viens souvent en Afrique», confirme-t-il. «J'ai rencontré des dirigeants et des footballeurs, j'ai visité des centres de formation et j'ai aidé mes anciens protégés Wilfried Sanou et Jonathan Pitroipa à ouvrir leur propre structure, l'école Kada, à Ouagadougou. Je me suis rendu dans de nombreux pays. Dans le nord de l'Afrique, la mentalité n'a rien à voir avec ce que l'on trouve à l'Ouest ou dans le Centre. Grâce à toutes ces expériences, je pense être en mesure d'affirmer que je connais l'Afrique.» C'est donc en terrain connu que se présente le nouveau sélectionneur, qui a décidé de passer la plus grande partie de son temps au Cameroun. «Bien entendu, je dois également avoir un point de chute en Europe, car la plupart de mes internationaux évoluent là-bas», admet-il. «Mais je m'intéresse de près à ce qui se passe ici. Mon objectif est de passer plus de la moitié de mon temps au Cameroun.» Un tournant décisif En prenant la tête des Lions Indomptables, Finke a hérité d'une équipe au passé prestigieux mais à l'avenir incertain. Champion d'Afrique en 2000 et 2002, le Cameroun n'a pas manqué une édition de l'épreuve suprême entre 1990 et 2002. Depuis, l'équipe nationale est à la peine. Dernière de son groupe lors de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud, elle n'a pas réussi à se qualifier pour les Coupes d'Afrique 2012 et 2013. Suite à ce dernier échec, les dirigeants ont choisi de mettre un terme à l'intérim de Jean-Paul Akono. Après des débuts difficiles, les Camerounais ont peut-être franchi un cap décisif en juin, après un nul vierge en déplacement. «Il était important pour nous de rester maîtres de notre destin», estime Finke. «Pour cela, nous devions impérativement ramener un point de Kinshasa. Nous avons tenu en échec la RD Congo et notre avenir s'est dégagé. En partant pour Kinshasa, la situation était claire : la défaite était interdite. J'ai été très satisfait de la façon dont mon équipe a géré la pression.» Les Lions Indomptables se sont ensuite définitivement adjugés la première place de leur groupe, grâce à une courte victoire (1:0) sur la Libye à Yaoundé. Après avoir dûment célébré le but d'Aurélien Chedjou, les Camerounais se sont tournés vers leur prochain défi, à savoir une double confrontation (les 13 octobre et 17 novembre avec la Tunisie. L'enjeu est de taille, puisque le vainqueur validera son billet pour le Brésil. Face à un adversaire lui aussi en plein doute mais avec un passé glorieux, Finke s'attend à un match difficile. «La Tunisie compte toujours d'excellents joueurs dans ses rangs», annonce-t-il. «Cette équipe est vulnérable dans certaines circonstances, notamment lorsqu'elle ne contrôle pas les événements. Mais si on la laisse jouer, elle peut vite poser d'énormes problèmes à n'importe quel adversaire.» Et Finke s'y connaît quand il s'agit de juger les joueurs africains...