Youcef Merahi [email protected] J'ai beau chercher dans les moindres recoins de ma volonté pour approcher un sujet possible pour ma chronique, peine perdue. Pourtant les thèmes sont légion ; mais allez braquer mon esprit sur une réflexion quelconque. Voyons voir : le centenaire d'Albert Camus ? Arezki Metref en a fait sa chronique, avec brio, alors qu'à Aix, Benjamin Stora et Michel Onfray, tous deux potentiels commissaires de l'expo, ont dû réfréner leurs ardeurs et déclarer forfait face à toutes les récupérations possibles du nom et de l'action camusiens. Autant ne pas m'en mêler car, même en Algérie, Camus draine des passions inextinguibles et inconciliables. Le Premier ministre qui dit ne pas être intéressé par les urnes ? Comme je le comprends ! C'est miracle divin s'il arrive à admettre la construction d'une cité HLM suivant des normes de vie décentes ; c'est miracle divin s'il arrive à faire distinguer à certains walis de la couleur vert pistache du grenat. Le Président, assis ou debout, comme s'il s'agissait d'un dilemme cornélien ? Et alors ? Protocole ? Et puis, n'est-il pas fait pour être pris à contre-pied. Quand je suis malade, je me soigne et je m'alite. Cela relève de la nature humaine et de rien d'autre. Autant ne pas m'en mêler. Je suis moi-même nul en couleur, même si elle est repoussante, comme c'est le cas de nos bâtiments. L'équipe nationale de foot ? D'accord, maâk ya el Khadra, c'est affiché partout. Il y a un entraîneur pour cela, il s'y connaît. Non ? Puis le Burkina Faso n'est pas le Brésil, que je sache. Je serais fier de voir le drapeau national se lever là-bas, sur cette terre qui a vu Garrincha et Pelé écrire des poèmes avec le ballon. Mais, sincèrement, je ne suis pas du tout tenté d'aller m'agripper aux gradins et crier ma passion footballistique, même si c'est l'équipe algérienne, car depuis Gijon, le ghoraf d'Assad, la maestria de Belloumi, la hargne de Madjer et le talent à l'état pur de Dahleb et de Fergani, je ne retrouve plus le foot national. L'autoroute Est-Ouest ? Plus il se construit de routes, plus ça bouchonne. C'est comme je vous le dis. Moi qui suis adepte de la migration pendulaire, j'en connais un bout. Il n'y a aucune logique dans nos routes, ni heure de pointe, ni accident. Il y a l'anarchie des uns et des autres : celle de la vitesse folle, des dépassements incontrôlés, des phares xénon qui massacrent la rétine, du klaxon intempestif, des injures et autres crachats. Et puis ces nids-de-poule (ou d'éléphants), ces dos-d'ânes (ou ralentisseurs), ces lignes blanches éteintes, ces barrages sur autoroute, ces travaux sans signalement... J'espère que tout ira mieux aux transports. Des élections prochaines qui s'annoncent sombres ? Ouais, les candidats - je vous promets qu'il y en aura, ça va se bousculer au portillon d'El-Mouradia - sont sur le starter, n'attendant que le sifflet (ou le coup de pistolet) de l'arbitre pour développer leurs biscotos. C'est à qui endormira le peuple pour disposer de ses suffrages, si les élections sont honnêtes et transparentes. Pour les programmes, il faut repasser, il n'y en a pas. Et dire que nous sommes à quelques mois de l'échéance. Un programme ? Diantre, pour quoi faire ? Un programme inapplicable, ce n'est que du papier. Sincèrement, j'en ai soupé des élections qui ne prennent pas en compte mes préoccupations immédiates, lointaines, voire. Je ne suis pas disposé à voter. Quoique d'ici là ! Il ne faut jamais dire «jamais». Autant ne pas m'en mêler ! Je ne suis ni candidat ni votant (je suis électeur), à moins qu'un Algérien, un Algérien authentique, ayant son corps chevillé à son pays, à l'envergure d'un Boudiaf et à la foi inébranlable d'un Abane, se présente ce jour-là. Tel que je vois les choses évoluer, on ne nous présente que du réchauffé. Des Premiers ministres, par-là. Des chefs de parti invisibles, par-ci. Et probablement, l'actuel Président. La lettre de Saïdani, patron du FLN, à l'historique Aït-Ahmed ? La poste est fonctionnelle en Algérie. Tout Algérien a le droit d'écrire à qui il veut. Dans la langue qu'il veut. Avec le style qu'il maîtrise. En alexandrin, s'il faut. Puis, Le parfait secrétaire se vend encore. Il peut être utilisé. Saïdani aurait pu faire l'économie d'un timbre et de tout le toutim postal. Un sms aurait été possible. Un mail, aussi. Pourquoi pas, une rencontre autour d'un thé-menthe et des fruits secs, avec un air saharien ou kabyle. Le face-à-face. Du direct. Du live. Nichane, ya kho ! Autant ne pas m'en mêler. Saïdani est chef d'un parti au pouvoir (ok, il y a une alliance, enfin il faut le dire vite) depuis toujours et qui sera encore au pouvoir, tant que l'Algérie n'aura pas trouvé l'Algérien dont je parlais plus haut ; celui qui aura l'envergure du pays, dans son ensemble. Pas l'envergure clanique, tribale, régionale, familiale, «légitimale». Aït-Ahmed dirige le plus vieux parti d'opposition. Le Sila, huitième du nombre, je crois ? Ai-je bien compté, je ne sais pas. Il s'annonce pour la fin octobre à la foire, cette fois-ci encore. Exit les tentes des hauteurs d'Alger. A chacun ses préférences, la mienne, c'est le livre. L'an passé, il fallait une sacrée dose de courage pour résister à l'ambiance d'étuve qui y régnait ; on coulait de partout. Je me rappelle du visage cramoisi d'Azouz Begag qui n'a pas tenu une demi-heure dans ce hammam. Il n'était pas le seul à avoir subi l'outrage de la chaleur, de l'air fétide et de l'humidité du bord de mer. Je m'arrête là dans la description. J'espère que cette année, les décideurs ont réfléchi et trouvé la solution au problème de température ; il n'est pas dit que cette fin de mois sera clémente, du moins pour cet aspect organisationnel. En terme éditorial, quelles seront les nouveautés ? En France, lors de cette rentrée, il y a eu pas moins de cinq cents titres nouveaux. Je n'en demande pas autant, mais tout de même. Ne pas m'en mêler ? Si je le veux. J'ai la passion du livre. De la lecture. Je souhaite connaître les nouveautés pour mes choix personnels. Le temps qui nous mène la vie dure, selon l'heureuse expression de Prévert ? Pourquoi pas ? J'ai tartiné sur ce sujet la fois dernière. Mais cela ne s'arrange pas. Les pores dégoulinent. Le cerveau se liquéfie. La démarche hésitante. Le sommeil sous hypnose. Là, je n'ai rien à dire, sinon aller vers une feuille blanche et noter mes humeurs au jour le jour et en faire un journal intime. Comme à l'adolescence. Pour quoi faire, dans quel but ? Le publier ? Feraoun l'a fait. Mais les circonstances sont autrement plus aléatoires et tragiques que cet état splénique qui farfouille mon esprit. Sénac l'a fait dans un style intimiste incroyable. Comme Nacer-Khodja dernièrement (20I3). Et si j'abordais le dossier de tamazight ? Chut, ce n'est pas le moment. Si tu veux en parler, il faut consulter par voie référendaire le peuple. Ainsi ont décidé certains. Qui ? Récemment, un candidat probable en a parlé et a même conclu que s'il se devait se faire aujourd'hui, ce référendum, tamazight ne passera pas. Pardon Monsieur Benbitour, le fait de penser au référendum est déjà en soi une erreur politique grave et un mépris pour tous les amazighen de ce pays. Vous vous destinez à gérer l'Algérie, en être le président de tous les présidents, et vous pensez à soumettre mon Etre à un vote. Vous voulez mettre tamazight dans une urne. J'ai beau réfléchir, je n'arrive pas à comprendre, ni à admettre, votre logique. Votre idée du référendum me rappelle le sketch de Fernand Raynaud, «Le boulanger».