L'Office algérien interprofessionnel des céréales se trouve, une nouvelle fois, au centre d'une affaire de malversation de grande envergure. Celle-ci porte sur le contrôle du poids des céréales importées dans les structures portuaires de l'OAIC. Le préjudice s'élèverait à plusieurs millions de dollars. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) C'est une enquête longue et technique qu'ont menée les éléments de la section de police judiciaire du port d'Alger, dans cette affaire de détournement de deniers publics. Les faits ont débuté en mars dernier par un constat de sous-effectifs au sein de la Commission de contrôle de la qualité des céréales installée au dock silo du port d'Alger. Initiée en 2005 par l'OAIC, la structure était gérée par deux membres au lieu de six, comme le stipule le texte portant création de cette commission. Une fois saisie, la direction de l'office décide de nommer les quatre membres manquants. Mais voilà, l'activation de cette commission a mis au jour une fraude de grande envergure. Celle-ci concerne l'inobservation des règles d'utilisation des appareils de pesage lors des opérations d'importation de céréales. Mais il y a pire, les officiers de la police judiciaire découvrent que les responsables de l'office ne prenaient pas le soin de calculer la réfraction sur le poids spécifique du grain. Cette procédure consiste à calculer le taux d'humidité dans le grain et de le comparer avec le poids initial constaté dans le port de départ. L'objectif étant que l'OAIC bénéficie d'une réduction de prix au prorata du taux d'humidité. La réfaction est calculée sur la base d'un barème international. Cette procédure n'était pas appliquée par les deux responsables de la Commission de contrôle de la qualité des céréales importées. Ils seront démasqués par les documents comptables. Ainsi, entre 2009 et 2012, le taux de recouvrement des réfactions auprès des fournisseurs étrangers s'est élevé à 153 005 dollars. Mais dès l'incorporation de nouveaux membres au sein de la Commission de contrôle, le taux de recouvrement a littéralement explosé : 560 867 dollars de réfaction pour trois situations constatées durant le premier semestre de l'année 2013. Selon une source chargée de l'enquête, les responsables de l'OAIC ont tenté d'expliquer que l'écart constaté entre les deux périodes serait dû «aux changements dans la qualité du produit récolté d'une année à une autre». Mais les enquêteurs ne se sont pas arrêtés au port d'Alger. Les investigations menées dans d'autres structures portuaires du pays ont révélé l'existence de malversations du même type. En fait, la fraude menée dans les autres ports concerne également des opérateurs privés qui sous-traitent pour le compte de l'OAIC. Depuis quelques années, ces sociétés ont réussi à avoir le monopole sur l'activité du pesage et du contrôle de la qualité des céréales importées. Le préjudice financier pour l'OAIC s'élèverait à plusieurs millions de dollars. L'enquête, qui se poursuit encore, devrait permettre d'établir d'autres types d'infractions, notamment en matière de fraude fiscale, de non-rapatriement de recettes en devises et de transfert illégal de capitaux.