Nous vous emmènerons cette semaine dans la région du Sud pour y découvrir un plat traditionnel, préparé par les plus anciens lors de fêtes religieuses, accompagné de viande en sauce. C'est la saison la plus rude dans la région du sud de l'Algérie, et les nuits sont longues et froides dans la modeste demeure de Si Mouloud. Ce vieil homme de quatre-vingts ans est le chef d'une grande famille où frères et sœurs cohabitent dans une harmonie parfaite. Durant toutes ces années, il a su si bien maintenir l'ordre et le respect des relations familiales. A la tête d'une trentaine de personnes de tout âge, il a semé en chacun l'amour de l'autre et l'entre-aide qui a fait la force de son patriarche. C'est ainsi que chez Si Mouloud, on se donne toutes les raisons de se réunir autour d'un repas convivial ou d'un verre de thé à la menthe. A tour de rôle, les femmes de la maison invitent les autres membres de la famille à partager le repas d'un soir, aussi modeste soit-il, rassemblant ainsi grands et petits dans une ambiance chaleureuse autour du kanoun brûlant. Si Mouloud ne cache pas sa joie, et pour montrer sa bonne foi, il offre à chaque enfant de la maison bonbons et sucreries qu'il aura ramenés du marché de la ville. Il n'oubliera pas les femmes à qui il voue un grand respect et à qui il rend un grand hommage quant à leur force et leur sagesse. Alors, avec un savoir-faire inégalable, il sort de la capuche de son burnous foulards et savonnettes qu'il distribue à chacune d'elles. Telles des petites filles, Nafissa, Aïcha et les autres prennent leur paquet aux couleurs chatoyantes et se faufilent en courant dans la cuisine pour montrer ce qu'elles ont reçu ce jour-là. Très fières d'avoir gagné les mérites de leur père, grand-père et beau-père, elles s'empressent de le remercier à leur manière et se donnent toutes les peines en s'attelant à préparer le repas familial: boumerdoukh. La recette Ingrédients - 1 livre de semoule moyenne - 1⁄2 verre d'huile - 1 c. à café de sel - De l'eau (pour pétrir la pâte) - 4 piments verts - 3 tomates fraîches - 5 ou 6 gousses d'ail - 1 botte de persil - 1⁄2 verre d'huile d'olive Préparation Mettre la semoule tamisée dans un vaste récipient, ajouter le sel et l'huile sans goût puis frotter la semoule imbibée d'huile entre les mains. Arroser ensuite avec de l'eau pour ramasser la semoule en pâte, la pétrir afin de l'assouplir puis la diviser en deux boules égales. Huiler les mains puis façonner deux galettes d'un demi-centimètre d'épaisseur. Faire cuire les galettes sur un tadjine bien chaud sans les huiler. Pendant la cuisson, faire un trou assez grand au milieu de chaque galette. Réserver. Dans un pilon en bois, piler les piments égrenés en premier avec l'ail, le sel, le persil et en dernier lieu les tomates pelées et épépinées. Ajouter ensuite les galettes émiettées par petites poignées et piler le tout jusqu'à obtenir une panade lisse et onctueuse. Mettre le tout dans un plat de service en terre ou en bois puis arroser d'un filet d'huile d'olive. Servir pour accompagner des plats en sauce.