Invité, hier matin, de la Chaîne III, Me Miloud Brahimi a indiqué que l'Algérie doit encore faire des progrès en matière de promotion des droits de l'Homme et de démocratisation. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Me Miloud Brahimi estime que des avancées ont été enregistrées en matière de protection des droits de l'Homme. «Aujourd'hui, nous célébrons la Journée mondiale des droits de l'Homme et hier celle de la lutte contre la corruption. Comme ce sont des manifestations universelles, quelque part c'est l'hommage que rend le vice à la vertu. Le combat pour les droits de l'Homme est une réalité dans ce pays, il a commencé lors du Printemps berbère au début des années 1980. Cela a permis l'émergence de ligues et cela a surtout permis de comprendre que le combat pour les droits de l'Homme est lié à la démocratisation. Il est clair que nous avons fait des progrès et que nous avons beaucoup avancé, le multipartisme est une réalité bien que ce ne soit pas réellement le cas sur le plan syndical», a-t-il expliqué hier matin sur les ondes de la Chaîne III. Mais pour l'avocat algérois, des efforts doivent être déployés en matière de promotion de la démocratie. Interrogé sur la notion des droits de l'Homme dans le domaine judiciaire, il a indiqué que celle-ci pouvait être imposée à travers la stricte application de la loi. «Je ne suis pas un fanatique de l'indépendance de la justice car elle est très mal comprise. Cette indépendance a un sens précis, c'est celui de permettre au juge d'appliquer la loi, toute la loi, rien que la loi. L'indépendance n'a jamais signifié au juge d'en faire qu'à sa tête. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas dire que la justice soit au niveau que nous souhaitons. C'est un problème de formation, un problème culturel. Ce que je dis des juges, je le dis également des avocats.» Miloud Brahimi a dénoncé la systématisation de la détention préventive dans les juridictions algériennes. «En matière de crime économique, je suis contre la détention préventive car je ne comprends pas en quoi elle peut favoriser la manifestation de la vérité. En réalité, la détention préventive est devenue chez nous une condamnation préventive. Vous avez des gens qui restent des années en prison avant même que la justice n'ait statué sur leur cas et parfois ces personnes sont acquittées ou condamnées simplement pour couvrir la détention préventive. Il y a des abus. Je n'ai pas peur de parler de l'actualité, dans l'affaire Khalifa il y a des gens qui sont détenus arbitrairement. Dans les affaires Sonatrach I et Sonatrach II, je pense que des personnes sont détenues sans aucune raison pour justifier cette détention et avant que la justice n'ait statué sur leurs cas.» «Actuellement, il y a une initiative lancée par le ministre de la Justice en matière de présomption d'innocence et de détention préventive. C'est l'occasion de l'en féliciter en espérant que ce chantier aboutira à des décisions concrètes», a-t-il souligné. Par ailleurs, Miloud Brahimi a estimé que le phénomène de la corruption n'est pas plus étendu en Algérie que dans d'autres pays. Selon lui, c'est «la liberté» dont jouissent les journalistes de la presse écrite qui «amplifie» les affaires de corruption.