De notre envoyé spécial à Djelfa, Kamel Amarni De Djelfa, où il était en visite officielle jeudi dernier, Abdelmalek Sellal tenait à «expliquer» le sens de ses sorties sur le terrain : «Nos visites dans les quarante-huit wilayas ont pour objectif de suivre le programme du gouvernement sur le terrain. Les programmes complémentaires que nous décidons pour chaque wilaya, à l'occasion, ne sont pas des programmes spéciaux.» Pour Djelfa, l'enveloppe complémentaire sera de 36 milliards de dinars ! Ce montant astronomique représente d'ailleurs la moyenne de ce que le gouvernement attribue à chaque wilaya visitée par Sellal qui expliquait encore, lors de sa rencontre avec les représentants de «la société civile» de Djelfa, que, pour autant, «le programme spécial est à venir. En début d'année, le gouvernement présentera son bilan devant le Parlement comme il s'y était engagé. Il y aura aussi un autre programme pour l'année prochaine et un autre plan quinquennal 2014-2019, si Dieu nous prête vie et si nous sommes toujours là». A moins de quatre mois de l'élection présidentielle, il ne s'agit même plus d'une précampagne mais d'une campagne électorale en bonne et due forme que conduit le Premier ministre. Mieux, et depuis des semaines, les rencontres avec «la société civile» ne sont plus que des meetings en faveur du «quatrième mandat». A Djelfa, comme ailleurs, c'est encore le président de l'APW qui sera chargé d'en planter le décor en invitant, «au nom des élus et des citoyens de Djelfa, à proclamer leur soutien à son excellence le Président Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat». Après une autre intervention tout aussi électoraliste du wali, c'est Sellal qui enchaîne : «Vous savez tous ce que le gouvernement et l'Etat algérien ont réalisé au profit des wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux (...) Tout cela grâce à un homme qui a pu ramener la paix et la stabilité, Monsieur le Président Bouteflika.» Le Premier ministre s'attardera comme d'habitude sur ce thème de la stabilité. Il faut dire que c'est l'argument-clé chez tous les partisans de Abdelaziz Bouteflika. «L'Algérie n'a pas été déstabilisée et ne le sera jamais», répétera plusieurs fois Sellal qui en attribue tout le mérite à Bouteflika et qui, fait rarissime chez lui, ne citera à aucun moment l'armée ! Il ne s'agit assurément pas d'une simple omission, mais l'expression d'une rivalité certes pas trop médiatisée mais bien réelle entre le Premier ministre et le patron de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Pour sa virée à Djelfa, Sellal a, par contre, préféré parler moins d'économie pour privilégier le volet social dans son discours. «Je suis fier de tout ce que fait l'Etat au plan social et ce, depuis l'indépendance (...) Pour tout ceux qui nous reprochent de gaspiller de l'argent ou qui nous demandent où va l'argent du pétrole et du gaz, je leur réponds que l'Algérie est le seul pays dans le monde qui consacre 30% de son produit intérieur brut pour subvenir aux besoins sociaux de ses citoyens.» Il citera la gratuité dans l'enseignement, la santé, le soutien aux produits de large consommation, entre autres exemples. «Cette politique sociale de l'Etat est une réalité et elle est irréversible. Il s'agit d'un héritage de notre glorieuse Révolution», proclamera le Premier ministre. Un Premier ministre qui, encore une fois, se dit être engagé dans une véritable guerre contre la bureaucratie. «La bureaucratie est une menace, un fléau qui risque de détruire le pays », constatera-t-il amer avant d'annoncer : «Pas plus loin qu'hier matin (réunion du gouvernement de mercredi dernier, ndlr), nous avons pris la décision au gouvernement de prolonger la validité du passeport qui passe de 5 à 10 ans. Idem pour des documents comme l'extrait de naissance.» Les comportements bureaucratiques céderont-ils pour autant ?