Vingt années d'exercice permettent à Nadia Chaïd, psychologue scolaire, de donner un aperçu sur l'attitude à adopter par les parents et l'écoleface à un échec. Sans langue de bois, elle répond à nos questions. Soirmagazine : quelles sont les causes de l'échec scolaire ? Nadia Chaïd : L'échec scolaire se manifeste d'ordinaire assez clairement sous l'angle des performances relatives aux matières d'enseignement. L'échec peut être électif, ce se sont les plus légers comme les troubles de l'acquisition de la lecture, en orthographe, en mathématiques, qui apparaissent au moment des apprentissages fondamentaux. Ou bien l'échec global, et les causes peuvent être nombreuses. On y trouve le climat culturel de la famille, les méthodes pédagogiques, les programmes, la mémorisation déficiente, les classes surchargées, la situation familiale et affective de l'enfant, les insuffisances de la relation pédagogique... Les troubles scolaires de l'enfant peuvent être le signe d'un profond malaise lié à la qualité de ses relations avec ses parents. Car les mauvais résultats scolaires représentent l'indicateur d'une perturbation parfois ancienne. L'inadaptation scolaire de certains élèves est l'aboutissement des attitudes défectueuses au sein de la famille. Des états réactionnels peuvent démontrer que cela témoigne d'une insatisfaction générale. Ces troubles sont l'issue d'un cercle vicieux, ce qui signifie que l'échec sort de la sphère de la maladie. Cela dépend de l'âge où ces troubles apparaissent. Les causes peuvent être liées aussi à une déficience auditive, intellectuelle, mais également à des troubles du caractère et du comportement, comme la colère, l'agressivité, la turbulence, l'indiscipline, ou au contraire une réaction passive, renfermée qui se manifeste parfois par une bouderie, une paresse, ou de la négligence. Souvent l'inadaptation scolaire peut conduire à des attitudes hostiles. L'enfant se révolte envers son entourage. Dans certains cas cela se manifeste par des fugues, un vagabondage, ou même le vol. Quelle attitude l'école pourrait adopter pour s'adapter à l'enfant en échec ? L'échec scolaire n'a pas la même nature, ni la même origine, il ne relève pas du même traitement. Il est donc capital d'évaluer d'abord le trouble scolaire auquel on est confronté, de le mesurer sous différents rapports, c'est cette analyse qui va permettre de décider de la nature des moyens à mettre en œuvre pour régler le problème. Le régime punition-récompense est-il une bonne solution ? Beaucoup de parents, face à l'échec scolaire, vont vers la perspective de la punition mettant ainsi l'enfant dans l'obligation d'assumer seul son échec, et de faire en sorte d'y remédier pour améliorer ses performances scolaires. Cependant, cette attitude peut avoir une réaction autre que celle que les parents prévoient. Et leur attitude est faussée dans la mesure où la punition peut avoir d'autres méthodes de défense car le problème est ailleurs. La récompense par contre peut être un moyen d'encouragement à partir du moment où ce n'est pas une mesure systématique exagérée, car l'enfant est déjà récompensé par le système scolaire et que même la réussite peut être paradoxale. Comment sortir d'un rapport de force et trouver une attitude adaptée pour chaque enfant ? Les troubles de l'enfant même mineurs et les caractéristiques psychologiques constituent une urgence en raison des apprentissages et des acquisitions scolaires qui n'attendent pas. Le sentiment d'échec est renforcé par l'école et la famille. Certaines attitudes de dévalorisation sont dévastatrices pour l'enfant. Pour cela, il faut lui donner confiance. Il n'est pas rare aussi de trouver des enfants ou des parents qui ont besoin d'une prise en charge psychologique. La rigidité de notre système éducatif, la charge des programmes et la surcharge des classes sont des causes directes ou indirectes de la réduction des performances de l'enfant. Quel conseil donner aux parents qui se sentent dépassés par l'échec de leur enfant ? La première mesure de bon sens à mettre en place est le fait d'amener les adultes à une prise de conscience de ce problème et la première action que l'on peut avoir consiste à calmer leur attente et leur impatience que les choses s'arrangent au plus tôt. Il ne faut pas que les parents décident de faire appel à un spécialiste qu'après avoir épuisé leurs propres ressources et essayé diverses techniques,La déception risque d'en décourager un certain nombre d'entreprendre quoi que ce soit d'autre par la suite. Le métier de parents est le seul qui ne s'apprend pas. Néanmoins, beaucoup d'entre eux l'assument entièrement. Lorsque le bon équilibre n'est pas atteint, malgré leurs efforts et constatent une difficulté relationnelle qu'ils ne parviennent pas à maîtriser, ils ne devraient pas hésiter à s'entretenir de leur problème avec un spécialiste qui va pouvoir apporter un point de vue neutre et compétent.Ils peuvent aussi faire appel aux enseignants, leur action peut être déterminante et leur collaboration d'autant plus nécessaire.