Ce jeudi, le théâtre régional d'Oran était submergé d'une nostalgie particulière, un mélange de souvenirs et de profonde tristesse. Cet édifice culturel est le témoin d'un vécu, et d'une empreinte laissée par un homme que tout Oran surnomme même 20 ans après son assassinat un certain 10 mars 1994, par des terroristes, le Lion d'Oran, le regretté Abdelkader Alloula. Le hall du TRO, qui il y a vingt ans accueillait à bras ouvert ce grand dramaturge, au grand cœur et au talent singulier, qui s'y rendait pour monter ses plus belles œuvres théâtrales, accueillait ce jeudi une exposition de costumes de ces mêmes pièces et une autre série de portraits poignants, témoignage de la douleur qu'a ressenties tout Oran suite à l'assassinat de l'enfant du pays. Les scènes immortalisées il y a plus de vingt ans par l'artiste photographe Mustapha Abderrahmane, expriment une solidarité commune dans la révolte et la douleur. Une exposition qui n'a pas manqué d'ailleurs de provoquer l'émotion de beaucoup de visiteurs qui ont pris part à la première édition des rencontres Abdelkader Alloula. Après la prise de parole, de la veuve du regretté Abdelkader Alloula, Mme Raja, qui a tenu à souligner toute l'importance que revêt la transmission de l'histoire à la jeune génération pour reprendre le flambeau, le wali d'Oran a «surpris» avec son hommage d'admirateur rendu à cet homme qui, dit-il, «aimait son pays, le portait en son être profond, résistait et refusait de céder ou de fuir. Nous avons tant besoin qu'il y ait en chacun de nous un Abdelkader Alloula». Place après à un documentaire de 15 mn, qui évoquait Alloula et tous ceux que la haine terroriste a ravis à l'Algérie. Un moment poignant, qui a ému tous les présents. Avec un texte tout aussi fort de sens écrit par la regrettée Anissa Asselah, qui concluait son cri du cœur en ces termes «le pardon ne peut être accordé que par la victime». Le spectacle d'ouverture de ces journées a été assuré par «l'ultime Halka», animé par le groupe El Halka, Café littéraire de Sidi Bel-Abbès. A l'occasion de cette première édition - une plaque commémorative a été posée en hommage à Abdelkader Alloula à la rue Mohamed-Boudiaf (Ex-rue de Mostaganem). L'hommage s'est poursuivi avec un spectacle théâtral «Qissas Nesin», de la fondation Abdelkader Alloula (suivi d'un débat). La deuxième journée des rencontres de Abdelkader Alloula devait débuter par un recueillement sur la tombe du défunt (cimetière de Aïn El Beïda), suivi d'un spectacle théâtral «Questionnements», de la troupe Khayal Art, départements des Arts-Université d'Oran. Un second spectacle théâtral a été donné «El Rebouhi», par la formation théâtrale El Taliaâ, Oran. La journée de clôture sera animée par une table ronde «Le théâtre de Alloula, entre théorie et pratique», département d'Arts Dramatiques, Université d'Oran Es-Sénia. Le dernier mot de ces journées reviendra au quatrième art avec un spectacle théâtral «Le Rebel», présenté par la troupe El Gouala, Si Mustapha-Boumerdès (suivi d'un débat). La soirée de clôture sera assurée par deux spectacles musicaux avec : «Moulaqate», formation musicale Goya, et «Semini Alloula», groupe Democratoz.